Le Synode sur la famille — La Révolution du pape François
5/5 Le Sel de la Terre n 96 printemps 2016 p 157 à 161
Le Synode sur la famille
Dans cet ouvrage, publié par Civitas en septembre 2015, intitulé : "Le Synode sur la famille — La Révolution du pape François", François-Xavier Peron nous offre une approche globale du synode sur la famille, convoqué par François, en le replaçant dans son contexte. Il convient de rappeler que ce synode s'est déroulé en deux étapes espacées d'une année : il y eut d'abord la troisième Assemblée Générale Extraordinaire du Synode des Évêques, sur le thème : « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation », qui s'est déroulée du 5 au 19 octobre 2014. Il y eut ensuite, du 4 au 25 octobre 2015, la quatorzième Assemblée Générale Ordinaire, sur le thème : « La vocation et la mission de la famille dans l'Église et le monde contemporain ».
Le livre a donc été publié avant la tenue de la deuxième étape, dans le souci d'alerter le public sur les menées subversives entreprises tout au long de cette année « synodale », et qui risquait de se concrétiser dans le synode d'octobre dernier par une attaque en règle contre la morale catholique du mariage, notamment en ce qui concerne l'accès à la communion pour les « divorcés remariés » et l'« accueil » des unions contre-nature. En fait, l'attaque était déjà réalisée et les brèches déjà largement perpétrées, quand ce deuxième synode s'est ouvert. C'est pourquoi cette deuxième étape a pu paraître « anodine » par rapport à la première profondément subversive. Mais le mal était fait. Les libéraux ont cru voir, dans cet « affaiblissement » du clan novateur, une « victoire » du parti conservateur. Mais c'est être bien naïf et montrer, une fois de plus, qu'on ne comprend pas la tactique de la Révolution.
Au reste, la publication de l'exhortation post-synodale Amoris lxtitia, survenue depuis, confirme le caractère destructeur de toute l'entreprise. Cet ouvrage présente de façon objective les principaux acteurs, les faits saillants et les textes essentiels, tout en rapportant d'une manière simple et accessible le magistère de l'Eglise sur le sujet. Le livre est assez court (148 pages) et de lecture agréable, mais le traitement du sujet s'arrête à vrai dire à la page 90, la dernière partie étant une annexe constituée par un recueil de textes de Pie XII sur le mariage catholique. Face au travail de désinformation permanente effectué par les médias et spécialement par les organes conciliaires, depuis le Vatican jusqu'aux diocèses et aux paroisses, qui auront passé l'année à tambouriner la nouvelle morale du mariage et sa praxis, au nom de la fausse miséricorde promue par François, ce livre fait une oeuvre salutaire de ré-information. II donne un aperçu clair de la situation et analyse précisément les enjeux du synode. Surtout, il dénonce la source du mal : l'humanisme et l'anthropocentrisme du concile Vatican II ; il montre que « les deux étapes du synode sur la famille de 2014 et de 2015 ne sont pas autre chose que l'esprit et la théologie du concile Vatican II appliqués aux moeurs » (p. 14).
Le synode de 2014
L'auteur explique que c'est lors du consistoire extraordinaire des cardinaux sur la famille, convoqué par François en février 2014, que les esprits ont été préparés « par une très habile praxis à la révolution que doit entériner le synode » (p. 20). Ce consistoire fut introduit par un long discours du cardinal Walter Kasper, ouvertement favorable au « droit » à une seconde union et à la réception de l'eucharistie par les « divorcés remariés ». C'est le pape François qui l'avait nommément désigné pour tenir ce rôle, après avoir fait son éloge public lors de l'Angélus du 21 février 2014, parlant de son sens de la « miséricorde », de sa « théologie sereine » et le remerciant de « faire de la théologie à genoux » (p. 24). F.-X. Peron montre aussi que durant le synode de 2014 les novateurs ont pris comme fondement théorique de leur projet le principe moderniste de la gradualité, transposition dans le domaine de la morale de la fausse ecclésiologie de Vatican II énoncée par le fameux "subsistit in" de la constitution "Lumen gentium". Cette nouvelle ecclésiologie enseigne que l'Église du Christ « subsiste » dans l'Église catholique sans s'identifier à elle, et qu'elle subsiste également dans les autres confessions et « communautés ecclésiales », quoique à des degrés divers, si bien que « des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent en dehors des structures de l'Église catholique » (Lumen gentium 8) et que la présence et l'action de l'Église du Christ se réalise par le moyen des communautés séparées dont « le Saint-Esprit ne dédaigne pas de se servir comme de moyens de salut » (Unitatis redintegratio 3).
Eh bien ! de même, les autres formes de l'amour humain [union libre, concubinage, « remariage » après divorce], dans la mesure où y est vécu tel ou tel élément constitutif du mariage chrétien, [sont] à regarder positivement comme une réalité sacrée [p. 36]. L'Église se doit de les respecter et d'« en prendre soin pour les faire progresser » (idem) vers la plénitude du mariage chrétien à laquelle ils sont de soi ordonnés.
Ce principe théologique trompeur, exposé dans la "Relatio post disceptationem" — le rapport de mi-parcours du synode publié à la demande expresse de François — était accompagné, entre autres faussetés, d'une vision « accueillante » des homosexuels, qui ont « des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne » (p. 33)...
La pseudo miséricorde
Toujours sur La Porte Latine, une excellente remarque de l'abbé Jean Michel Gleize :
La pseudo miséricorde renouvelée, que nous prêche le pape et dont il voudrait faire la matière du prochain Jubilé, n'est que l'expression du libéralisme qui s'est emparé des esprits, à l'intérieur de la sainte Église, libéralisme déjà condamné par Grégoire XVI, il y a bientôt deux cents ans.