Si Dieu est un "pur esprit", comme l'enseignait le vieux catéchisme, comment peut-il connaître le sensible précisément en tant que sensible ? Quel goût le monde a-t-il pour lui ? Et, réciproquement, qu'est-ce que le sensible, dans son irréductibilité au spirituel, nous annonce de lui ?
Telles sont les questions que l'auteur se propose, à défaut d'une réponse adéquate, cachée dans la "lumière inaccessible", de cerner d'un peu plus près en éliminant les pseudo-solutions. Recherche dont l'intérêt n'échappera à personne, car elle concerne la valeur du sensible en général et, en particulier, la valeur cognitive des métaphores et des symboles.
Après un chapitre d'introduction montrant comment, à travers la révélation judéo-chrétienne s'est précisée la notion de Dieu, "pur esprit" et signalant les problèmes qu'elle soulève, l'auteur considère successivement le rapport du sensible à Dieu selon ses cadres formels (espace et temps) et selon ses contenus concrets (qualités sensibles, affects, et, en particulier, souffrance). L'examen des opinions vient mettre en mouvement la pensée.
Dans la perspective de l'auteur, le sensible nous parle de Dieu non seulement à travers l'intelligibilité qui l'informe et nous informe, mais par ce qui, en lui, reste opaque à notre intellect : infra-intelligible, image inversée du supra-intelligible. Il renvoie ainsi à ces "attributs innomés" dont parle Maritain, notion qui permet peut-être de donner à la métaphore un statut épistémologique supérieur à celui qu'on lui reconnaît d'ordinaire. Beaucoup d'autres problèmes humains et spirituels sont touchés dans ce livre. Et se profile l'idée qu'au-delà des plus hautes réponses accessibles à notre raison, c'est dans les profondeurs du Pour-soi divin, ouvertes à la foi seule, que se lisent les ultimes raisons.
Le Père Joseph de Finance est né à La Canourgue (Lozère), le 30 janvier 1904. Entré dans la Compagnie de Jésus en 1921, il a été ordonné prêtre en 1934. Docteur ès-Lettres (1943) il a, depuis 1938, enseigné la philosophie, d'abord à la Maison d'études philosophiques de Vals près Le Puy et, de 1955 à 1980, à l'Université Grégorienne de Rome où il continue de résider. Il a enseigné à l'Institut Catholique de Lyon et a été professeur invité en Inde, au Canada, au Brésil et au Vietnam.
Oeuvres principales : Être et Agir dans la Philosophie de saint Thomas (thèse doctorale), Existence et Liberté, Essai sur l'Agir humain, L'affrontement de l'autre, Citoyen de deux mondes.