L'instabilité du sens des mots, la multiplicité des significations qui leur sont attribuées, les usages abusifs qui en sont faits préoccupent nombre de nos contemporains. Notre langage est altéré par le développement des moyens de communication, la prédominance de l'oral sur l'écrit, l'importance extrême accordée à la subjectivité. Il est influencé, à la fois, par les nouveaux savoirs et par l'évolution et les lacunes de la culture contemporaine .
Le grec et le latin sont de moins en moins connus, la philosophie a été délaissée, le vocabulaire chrétien est ignoré : il y a des mots qui ne passent plus, des mots oubliés, des mots incompris.
Certains termes, chargés de connotations péjoratives, sont devenus inutilisables, tandis que d'autres, porteurs de modèles sociaux actuels, ont fait fortune. Pour rendre acceptables des comportements discutés on use d'euphémismes.
Quand amour signifie plaisir sexuel, quand croire peut se traduire par s'imaginer, quand évident veut dire facile, quand liberté a pour équivalent ne faire que ce qui plaît, quand par vérité on entend opinion personnelle, quand grand-messe annonce une manifestation syndicale ou une fête du rock, quand œcuménisme est compris comme accord de convenance, il y a lieu de s'interroger sur la dévaluation de notre vocabulaire et l'appauvrissement de notre appareil conceptuel. Notre liberté de pensée ne se réduit-elle pas d'autant ?
Le présent ouvrage permet de réfléchir sur les causes de la dégradation de notrelangue et sur les moyens d'y porter remède.
Isabelle Mourral est agrégée de philosophie, inspecteur général honoraire de l'Éducation nationale. Elle a écrit de nombreux ouvrages de philosophie et d'éducation. Elle est vice-présidente de l'Académie d'éducation et d'études sociales.