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Le salut par les juifs

Référence : 88176
Date de parution : 8 septembre 2016
Auteur : BLOY (Léon)
EAN 13 : 9782706714207
Nb de pages : 172
18.00
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Description
"Je connais, de Léon Bloy, un livre contre l'antisémitisme : Le Salut par les Juifs. Un chrétien y défend les Juifs comme on défend des parents pauvres. C'est très intéressant. Et puis, Bloy sait manier l'invective. Ce n'est pas banal. Il possède une flamme qui rappelle l'ardeur des prophètes. Que dis-je, il invective beaucoup mieux. Cela s'explique facilement, car sa flamme est alimentée par tout le fumier de l'époque moderne..." En quelques lignes, un certain Franz Kafka salue ainsi avec enthousiasme l'un des plus grands textes de Léon Bloy.
Ce dernier réagissait avec violence, à la fin du XIXe siècle, au pamphlet antisémite d'Edouard Drumont La France juive. Encore marqué de fortes ambivalences, le propos de Léon Bloy fustige alors l'antisémitisme moderne qui s'annonce et invite à voir en Jésus la figure du Juif pauvre. Chercheur en littérature de la modernité et philosophe des religions, Michaël de Saint-Cheron, revenu au judaïsme maternel après une éducation catholique, invite à relire cet essai paradoxal à frais nouveaux, pour en mesurer toute la richesse. 
Léon Bloy (1846-1917), romancier et essayiste français, est l'une des grandes figures du renouveau catholique qui va marquer la littérature à l'aube du XXe siècle. Il est connu notamment pour son Journal, ses romans comme Le désespéré et La femme pauvre, son talent de polémiste. Michaël de Saint-Chéron est philosophe des religions et chercheur en littérature de la modernité, rattaché à l'UMR "Ecritures de la modernité", Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, et au Elie Wiesel Center for Judaic Studies (Boston University).
Auteur de près de 30 livres, il est aussi spécialiste notamment des philosophes Emmanuel Levinas, Paul Ricoeur, Franz Rosenzweig, il a beaucoup travaillé sur André Malraux. Il est par ailleurs Chargé d'études documentaires, Chargé de la valorisation du patrimoine, à la Conservation régionale des Monuments historiques d'Ile de France (DRAC).
TitreLe salut par les juifs
Auteur BLOY (Léon)
ÉditeurSALVATOR (EDITIONS)
Date de parution8 septembre 2016
Nb de pages172
EAN 139782706714207
PrésentationBroché
Épaisseur (en mm)10
Largeur (en mm)130
Hauteur (en mm)200
Poids (en Kg)0.20
Critique du libraire

Introduction de Michaël de Saint-Cheron.

Un ouvrage singulier à plus d’un titre, ne serait-ce que parce qu’il continue de décontenancer aussi bien les juifs que les antisémites. Nous avouerons toutefois n’avoir jamais été vraiment féru de cet écrivain flamboyant dont la prose exagérée finit trop souvent, hélas, par prendre des tournures quasi-psychédéliques rendant son œuvre inutilement compliquée et ses envolées lyriques relativement absconses. Ce texte, qui ne fait pas exception à la règle, n’est pourtant pas avare en formules savoureuses et en trouvailles stylistiques parfois géniales, servant pour l’occasion un sujet devenu hélas tabou mais que nous essayons néanmoins d’aborder loyalement et sérieusement. Il constitue en quelque sorte une réponse à Édouard Drumont dont le succès en son temps fut considérable. Or en étudiant cette époque nous pensons à Theodor Herzl qui affirmait dans ses écrits que les antisémites constitueraient ses meilleurs alliés pour réaliser son projet de fondation d’un État juif. On peut même oser un parallèle assez intéressant entre Drumont et Herzl puisque la vocation de ces deux hommes illustres que tout oppose en apparence est née à peu près au même moment. L’un voulait trouver une solution à la question juive, l’autre à la question antisémite.

Ceci étant dit, nous partageons l’avis assez sévère que Léon Bloy donne de l’auteur de la France Juive que l’on s’est souvent plu à représenter en train de fouler aux pieds le Patriarche Moïse, ce qui est inadmissible, voire carrément sacrilège pour un catholique. La verve pamphlétaire un peu trop facile de Drumont est pointée du doigt de même que son racisme rédhibitoire. En effet lorsqu’un catholique commence à parler du « combat de la race aryenne contre le sémitisme », nous estimons que ce combat il l’a déjà perdu, puisque ce n’est pas le bon… Léon Bloy, qui propose une réflexion bien plus profonde, n’est évidemment pas tombé dans ce travers regrettable. Sa compréhension de la question est toute théologique, emprunte d’accents mystiques parfois énigmatiques, ponctuée de remarques tantôt assassines, tantôt lumineuses. Les propos qu’il tient à l’encontre du peuple juif sont profonds et pleins d’une nuance certes assez abrupte. Il ne se prive pas d’ailleurs, lorsque l’occasion se fait sentir, de flétrir le peuple élu avec sa verve toute volcanique, mais c’est pour mieux mettre en avant le rôle fondamental que celui-ci jouera lors de la consommation des siècles et de sa conversion tant espérée. Les petites piques souvent adressées aux catholiques et aux « théologiens pédants » que l’auteur considère assez dédaigneusement, de même qu’à saint Augustin et à sa « pauvre exégèse » nous laissent toutefois assez perplexe quant à ses véritables intentions. On soulignera en effet que Léon Bloy semble développer une vision très personnelle du catholicisme qu’il exprime d’ailleurs avec une certaine outrecuidance. On en voudra pour preuve ce passage scandaleux :

« Jésus n’avait obtenu des Juifs que la haine, et quelle haine ! Les chrétiens feront largesse au Paraclet de ce qui est au-delà de la haine. Il est tellement l’Ennemi, tellement l’identique de ce Lucifer qui fut nommé Prince des Ténèbres, qu’il est à peu près impossible – fut-ce dans l’extase béatifique – de les séparer. Que celui qui peut comprendre comprenne. » (p. 163)

Mais n’étant pas spécialiste sur le sujet nous ne pousserons pas plus loin nos modestes réserves à l’encontre du talentueux écrivain. Insistons plutôt sur la force indéniable qui se dégage de ce texte qui mérite d’être lu avec attention.

Pour approfondir la question nous renvoyons le lecteur à l’étude de Christian Lagrave parue dans le no 164 de Lecture et Tradition (octobre 1990).

I. C., dans Lectures Françaises no 812 (décembre 2024)