Le nommé Jeudi

Rêve, conte, choses profondes, il dépayse !

5/5 Plaisir de Lire .

.----. Extrait d'un article présentant des conseils de lectures pour les adolescents . "A seize ans, il y a déjà des jeunes, surtout chez les garçons qui pensent que ..., qui pensent donc ..., qui pensent tout court et voudraient comprendre . Le livre le plus étrange, le plus fantastique, le plus déroutant, Le nommé Jeudi, sous-titré : "un cauchemar" , peut les séduire . C'est l'histoire d'un jeune homme que l'on contacte pour entrer dans une secte secrète . Il y a 6 membres dont le patron est Dimanche ; or il manque un nommé Jeudi . Lundi, Mardi et les autres en compagnie de Jeudi vont vivre une affaire loufoque à la recherche du sens des choses . Il en ressort des conversations avec les "policemen" des situations bizarres . Alors, il a quoi au juste ce livre de cauchemar ? Il est à la fois comme un conte, il dit des choses profondes et, à tous les coups, il dépayse . On y découvre l'opinion de Chesterton sur les mauvais philosophes modernes qui sont "les grands criminels" . [ " Plaisir de Lire " , numéro 75 , Pâques 1987 ] Pour lie l'introduction de cet article, voir : l'ancre de miséricorde de Mac Orlan, Pour découvrir les titres des livres conseilés voir ci-dessous : *l'Or de Blaise Cendrars, *Premier de Cordée de Frison-Roche, *Les âmes mortes de Nicolas Gogol, *le Roi se meurt d'Eugène Ionesco, *la sagesse du Père Brown de Chesterton .

Une allégorie !

5/5 Culture et Lecture des Jeunes.

.----. C'est ce que Chesterton veut montrer, le lecteur le comprendra facilement. Son ouvrage n'est qu'une allégorie : chaque personnage représente une idée et cette poursuite effrénée qui nous est racontée n'est rien d'autre que la vie... l'homme à la recherche du vrai et de la personne la plus importante à découvrir, celle que l'on aperçoit dans l'ombre... qui semble fuir... mais qui vous accueille magnifiquement quand vous vous êtes donné la peine de la chercher, le chef du F.B.I. qui " envoie parmi les méchants ", dont il est aussi le chef... C'est Dieu lui-même. Evidemment il faut faire attention de ne pas pousser l'allégorie trop loin et dans le mauvais sens. Il ne faut pas faire du " Nommé Jeudi " un livre de théologie... Ce n'est qu'un premier pas de Chesterton vers le christianisme, il ne fera le dernier qu'en 1927, mais déjà quand il écrit ce livre, en 1908, il avait rompu avec la bande d'amis libérale dont il faisait partie. Face au conformisme puritain de l'époque, il avait été séduit par toutes les idées anti-chrétiennes du moment, mais la raison, la sagesse ont eu le dessus... car la raison, la sagesse, l'ordre sont de vraies sources de poésie, et il y a une griserie extraordinaire à les découvrir. C'est le grand mérite de ce livre d'essayer de nous le montrer. POUR QUI CE LIVRE ? Pour garçons et filles à partir de 17 ans. Pour les idéalistes et les poètes... pour ceux qui aiment le mystère, le paradoxe et l'humour anglais. [ Numéro IX - Pâques 1969 ]

Anarchiste, révolutionnaire ...

5/5 Culture et Lecture des Jeunes .

.----. C'est la première fois de sa vie que Gregory se heurte à un adversaire de marque qui lui répond avec brio... et qui ne le prend pas du tout au sérieux. Blessé dans son amour propre, et voulant impressionner Syme, il lui fait jurer de ne jamais dire ce qu'il va voir et l'emmène au sein de la secte anarchiste, dont le conseil est formé de 7 membres qui ont chacun un nom de jours, et où le soir même doit avoir lieu l'élection d'un nouveau Jeudi. C'est un endroit sinistre... un repaire souterrain dont les portes sont blindées, où des bombes sont stockées... les murs recouverts d'armes, etc. Mais Syme reste calme et le plus étonné est bien Gregory quand il entend son adversaire lui dire ; " Il y a quelque temps que nous en sommes informés à Scotland Yard ". Oui, Syme est un détective et il savait que Gregory était un véritable révolutionnaire... Mais il ne s'en tient pas là, et après un brillant exposé dans le plus pur style anarchiste, il se fait élire " Jeudi " à la place de Gregory. Les évènements qui suivent conduiront le lecteur de surprise en surprise. Il verra défiler des personnages énigmatiques à la fausse identité, il y aura des poursuites endiablées, des duels, des chevauchées. Il aura l'impression d'être emporté dans un tourbillon effréné ; il aura l'impression d'un rêve à la fois burlesque et dramatique. En effet, c'est un rêve, " un cauchemar ", Chesterton prend bien soin de l'indiquer en sous-titre. Aussi, que les esprits trop cartésiens ne s'offusquent pas des passages fantasmagoriques... mais qu'au contraire, ils essaient de percer plus loin le mystère, le vrai mystère, celui qui reste entier quand tous les masques sont tombés, quand la véritable identité des hommes a été dévoilée... quand les problèmes humains ont reçu des solutions humaines... et qui est le mystère de la vie elle-même. ( suite ... )

Louange annoncée !

5/5 Culture et Lecture des Jeunes .

.----. C'est un roman policier... mais un roman policier assez spécial. Les adeptes d'Exbrayat, d'Agatha Christie, de Bob Morane... ou du Saint risquent d'être un peu déroutés... et de ne pas deviner tout de suite qui est le chef de gang. Les poètes et les rêveurs trouveront en tout cas la solution aussi vite que les joueurs d'échecs... Car le nommé Jeudi est quelque chose d'unique en son genre : un roman policier métaphysique. A Saffron Park, faubourg de Londres, deux poètes s'affrontent sur la nature de la poésie : Gregorie, l'anarchiste et Syme le réaliste ( qui s'était révolté en faveur du bon sens ). - Le désordre... la révolte... voilà l'atmosphère nécessaire au poète, soutient le premier. - Qu'y a-t-il de poétique dans la révolte ? lui répond le second avec ardeur, autant dire que le mal de mer est poétique... Oui, la chose la plus poétique, plus poétique que les fleurs, plus poétique que les étoile, c'est de n'être point malade ! ( suite ... )

Extraordinaire ! ( extrait )

5/5 Culture et Lectures des Jeunes .

.----. Ces quelques lignes sont extraites d'un livre extraordinaire : " LE NOMME JEUDI ".... Cette petite merveille vaut d'être louée ! Mais le temps nous presse .... : " Nous prétendons que le plus dangereux des criminels, aujourd'hui, c'est le philosophe moderne, affranchi de toutes les lois. Comparés à lui, le voleur et le bigame sont des gens d'une parfaite moralité. Combien mon cœur les lui préfère ! Ils ne nient pas l'essentiel idéal de l'homme. Tout leur tort est de ne pas savoir le chercher où il est. Le voleur respecte la propriété en soi : c'est pour la respecter mieux encore qu'il désire devenir propriétaire. Le philosophe déteste la propriété en soi ; il veut détruire l'idée même de la propriété individuelle. Le bigame respecte le mariage, et c'est pourquoi il se soumet aux formalités, cérémonies et rites de la bigamie. Le philosophe méprise le mariage en soi. L'assassin même respecte la vie humaine c'est pour se procurer une vie plus intense qu'il supprime son semblable. Le philosophe hait la vie, la vie en soi ; il la hait en lui-même comme en autrui. - Comme cela est vrai ! s'écria Syme en battant des mains. C'est ce que j'ai pensé dès mon enfance ; mais je n'étais pas parvenu à formuler l'antithèse verbale. Oui, tout méchant qu'il soit, le criminel ordinaire est du moins, pour ainsi dire, conditionnellement un brave homme. Il suffirait qu'un certain obstacle - disons un oncle riche - fût écarté pour qu'il acceptât l 'univers tel qu'il est et louât Dieu. C'est un réformateur ; ce n'est pas un anarchiste. Il veut réparer l'édifice, il ne veut pas le démolir. Mais le mauvais philosophe ne se propose pas de modifier : il veut anéantir ". [ Numéro VIII - Noël 1968 de " Culture et Lectures des Jeunes ]