Le talent d’un remarquable styliste.
5/5 https://leslivresdantoine.com/
.----. « C’est une vieille histoire, une fascination originelle, ancrée, indestructible. Elle est liée à l’enfance, aux premières émotions de lecture, à ce sanctuaire absolu, vital, incontesté qu’est l’école. » Ainsi commence cette petite biographie plus littéraire qu’historique, ce qui en rend la lecture très douce.
Tant d’enfants en effet ont été fascinés par les illustrations des anciens livres scolaires représentant le glorieux cardinal, cape rouge au vent et doigt impérieux tendu vers la protestante rebelle lors du siège de La Rochelle. C’est d’ailleurs par la peinture que l’auteur commence sa description de l’homme d’Etat, s’attardant sur l’admirable tableau de Philippe de Champaigne qui contribua aussi à sa gloire.
L’émotion artistique passée, il faut se pencher sur la psychologie et le destin d’un homme peu attachant mais né pour la grandeur de la France catholique et royale. Un moyen pour cet idéal : un Etat fort. Tous les obstacles seront écartés sans état d’âme, qu’il s’agisse de nobles insolents, de militaires peu sûrs ou de ministres insuffisamment zélés. Montmorency et la Reine mère elle-même en sauront quelque chose.
Malgré un corps débile et des souffrances permanentes, la volonté de fer de cet homme, génial organisateur, permettra au règne de Louis XIII d’être grand, ce qui n’était pas écrit, et d’annoncer celui de Louis XIV. On rêve un peu : Richelieu premier ministre en 1789, et la France eût sans doute évité l’indicible catastrophe.
Philippe Le Guillou est un des rares écrivains contemporains qui vaille le détour. Nous avons déjà rendu compte du Dieu noir, étonnant roman d’anticipation, et cette biographie inattendue confirme le talent d’un remarquable styliste.
[ Publié le 15 mars 2022 par adelacoste ]
P.S. : Ce blog a une seule ambition : faire partager les lectures qui, depuis plusieurs décennies, m'ont ému, enthousiasmé, impressionné par leurs qualités historiques ou, surtout, littéraires. Il fera référence à des auteurs classiques ou contemporains, célèbres ou oubliés. Seule compte la qualité de l’œuvre avec tout ce que cela peut comporter de subjectif.