L'ère chrétienne comprend dix-neuf siècles. Sur ces dix-neuf siècles, le Moyen Âge féodal et monarchique en comprend dix, plus de la moitié. Qu'a été et qu'a produit cette période de tout un millénaire ? La question est controversée parce que l'Église, instituée par Jésus-Christ pour évangéliser le monde, y a joué un grand rôle; et, par le temps de laïcisation qui court, la justice distributive n'existe guère pour elle. Les uns la bénissent, beaucoup la méconnaissent, quelques-uns même l'insultent. Qu'en faut-il penser ? A-t-elle, oui ou non, converti les barbares, adouci leurs moeurs, sauvé et fait revivre les lettres, les sciences et les arts, fondé le droit des gens, affranchi l'homme, relevé la femme ? Tout cela fut-il l'oeuvre du Moyen Âge ? Nous convions tout lecteur sincère à déposer un instant ses préventions, pour examiner froidement avec nous ces questions.
Qu'était le monde quand, après trois siècles de persécutions, l'Église, sortie des arènes et des catacombes, a pris la direction de la société ? Qu'était-il devenu, mille ans après, au siècle de saint Louis ? Où en étaient les lumières, les moeurs et les libertés ? Voilà, en y ajoutant des réflexions comparatives sur l'oeuvre de la Renaissance, de l'ancien régime et de la Révolution, le sujet de ces Études. Elles concluent à la grandeur du Moyen Âge par le triomphe de l'ordre social chrétien sur l'ordre social païen, du droit public chrétien sur le droit public barbare et romain, favorables au despotisme, à l'esclavage, à l'immoralité.