Le Marchand d'oiseaux, le troisième roman de Robert Brasillach, parut en 1936. On y retrouve ses thèmes de prédilection : jeunesse, Paris du début des années 30, petites gens de la capitale, personnages étranges, tel ce marchand d'oiseaux, mystérieux représentant du Destin. Mais, depuis L'Enfant de la nuit, son deuxième roman, de nouveaux éléments s'insèrent ou s'accentuent : crime, violence, assassinat. La nature cruelle de certains enfants et jeunes gens apparaît de façon plus insistante, l'effet des familles dysfonc tionnelles au sein de la société urbaine se fait nettement sentir. Tandis que la maternité, l'amour, l'amitié, les difficultés des sentiments en général, sont traités avec délicatesse et subtilité.
Possédant le charme caractéristique du Brasil lach romancier, Le Marchand d'oiseaux ne cède ni au réalisme social ni au populisme. C'est une synthèse d'influences : les films de René Clair, les pièces de Jean Giraudoux, la notion de grâce dérivée de conversations avec son ami Roger Vailland, le maurrassisme, le proudhonisme et, bien sûr, le réalisme du jeune journaliste.
Le personnage principal est pittoresque, avec ses perruches et serins dans des cages jumelles, portées en balancier sur son épaule de vieux sage oriental. Peut-être, à cause de ce nimbe un peu "bouddhique", serait-il intéressant de noter qu'un sondage, lancé en 1950 par le quotidien saïgonnais Le Journal d'Extrême-Orient, a sacré Le Marchand d'oiseaux comme "un des douze meilleurs romans du demi-siècle".
Aujourd'hui, nous pouvons comparer la vision de Paris présentée ici avec celle, par exemple, du film Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (2001). On y trouve la même attention accordée aux êtres ordinaires, dont le destin se révèle être tout, sauf "ordinaire". Et puis, il y a le fatalisme, comme dans L'Enfant de la nuit, exprimé comme une morale irréfutable par Laurent - un jeune étudiant, convaincu qu'il mourra dès la trentaine passée - : "[...] il ne faut pas aller contre sa destinée."