« Les lettres classiques ont perdu de leur prestige, de leur noblesse, et sont chaque année davantage galvaudées par les "programmes de l'Éducation nationale". Le grec est sans doute mort depuis quelques décennies, mais le latin a été plus tenace. Ce ne fut qu'une affaire d'années... La raréfaction des messes aidant, en l'espace de deux générations, le latin ne fut plus qu'un lointain souvenir. « Même les milieux qui se targuent de ne pas suivre les programmes nationaux et la dérive des gouvernements et ministères ont perdu le goût, le sens et la maîtrise du latin. De fait, diplômes et débouchés obligent, les langues mortes ne sont prises que comme un piètre moyen d'avoir une meilleure moyenne et de "gagner" - comme on dit - des points au baccalauréat : la maîtrise réelle du latin, ou la capacité à l'aimer, n'est plus à l'ordre du jour, loin s'en faut. « Et nous sommes tous coupables. Nous avons collaboré avec l'enseignement républicain aride des "classiques". À vrai dire, les Jésuites eux- mêmes proposaient à leurs élèves du xviie siècle des textes de Virgile, cependant expurgés de tous leurs éléments lascifs et immoraux. En ne sachant donner aux élèves des récits humoristiques douteux ou des plaidoiries d'avocat, il n'est pas étonnant que les jeunes ne soient plus enthousiasmés par la langue de l'Église. Si des écrits de saint Cyprien, de saint Jérôme ou de saint Augustin agrémentent de temps à autres le concours de l'École des Chartes, il est rare de les rencontrer ailleurs... Les Pères de l'Église n'ont pas bonne presse, et ne parlons même pas de la Vulgate. « Sur ce champ de ruines, Le Latin par l'exemple de l'abbé Günst Horn viendra relever quelques beaux monuments. Il offre aux jeunes - et aux moins jeunes ! - une approche vivante et édifiante d'une langue incroyablement riche et poétique. La rigueur grammaticale, syntaxique et lexicologique du latin n'est pas en reste, mais elle n'est plus rebutante, grâce à des exemples empruntés aux livres sacrés, à des prières traditionnelles ou à des hymnes ayant traversé les siècles. Apprendre ses déclinaisons en chantant la gloire de Dieu est toujours plus intéressant que de faire les litanies d'une rosa avec laquelle on se sent peu d'affinité. « Il n'y a cependant aucun secret : il faut travailler, et accepter d'apprendre des listes de vocabulaire. Mais l'effort passe bien mieux avec le miel des saintes Écritures. » Les cadeaux de Tante Anne, dans Lecture et Tradition (nouvelle série) n° 49 (mai 2015)