Les Twin Towers de New York ont implosé. C 'est un symbole. Le 11 septembre 2001, elles ont été comme aspirées par leur propre vide, que les boeings kamikaze ont fait exploser à la face du monde. En un quart d'heure, en une image, I'occident s'est découvert fragile.
Le terrorisme islamiste lui a révélé son propre néant. Notre société, aux réalisations matérielles si spectaculaires, dont elle tire un tel sentiment de supériorité, s'était vidée peu à peu de sa substance spirituelle ces dernières décennies. Ainsi privée de son épine dorsale, elle n'a pu opposer au nihilisme conquérant des barbus qu'un nihilisrne décadent. Les paroles martiales et le déluge des bombes n'y changeront rien. Le journal d'Oussama Ben L. montre comment et par qui, quelles forces,quelles idéologies, quels moyens. Par petite touches quotidiennes. Avec I'ironie que suscitent, aux yeux d'un étranger au système, les contradictions de I'occident.
La coalition antiterroriste fonde son action sur les reproches souvent justes qu'elle adresse à son ennemi : dans un jeu de miroirs implacable, celui-ci examine chaque grief qui lui est fait pour le renvoyer à I'envoyeur. Nous nous découvrons guère plus fréquentables que celui qui est devenu le grand Satan de notre monde. Telle est l'éternelle surprise de se regarder à travers I'incompréhension de I'autre. Voici de modernes lettres persanes, en quelque sorte ou plutôt afghanes.
Pourquoi ce livre ? C'est à la fois une explication des attentats du 11 septembre et un examen de conscience de I'occident à travers le regard de son adversaire.
Pourquoi suscitons nous I'agacement des uns, I'envie des autres, le mépris et même la haine aveugle de certains ? Nous les appelons fous de Dieu : peut-être voient-ils en nous des fous sans Dieu. Une pesante volonté de domination politique, économique et morale d'une part, de I'autre le néant de nos vies, nos programmes télé, I'idolâtrie du sport ou de la bouffe, le massacre de l'amour, de la famille et de la femme, etc, peuvent engendrer une peur irrépressible. Et si les barbus n'étaient que les reflets grimaçants de nous-mêmes ?
A Qui s'adresse t-il ? - A tous ceux qui ne sont pas toujours sûrs d'être dans le vrai. Et à ceux qui sont trop sûrs d'avoir raison.
Pourquoi un journal ? - C'est un genre souple qui juxtapose des textes brefs faciles à lire, et qui permet de mélanger anecdotes, réflexions, portraits, morceaux de lettres, etc., avec humour ou gravité. Avec aussi un clin d'oeil au journal de Bridget Jones, satire d'une certaines vacuité.
Avec son titre provocateur, le livre veut-il nourrir la polémique entre I'Islam et l'occident ? - Au contraire. S'il est vif et caustique, c'est pour nous réveiller. Et déboucher sur I'espoir : la compréhension chasse la haine.