Proche, mine de rien, du Camp des Saints
5/5 La Nouvelle Revue d'Histoire.
.----. Paru en 1969, parfois pris, bien que Diesbach s'en soit toujours défendu, pour un pamphlet antigaulliste, Le Grand Mourzouk, roman inclassable, cocasse et irrévérencieux, avait tout ce qu'il fallait pour déplaire aux gens sérieux, soit qu'ils n'aient rien compris aux propos de l'auteur, soit qu'au contraire, ils l'aient trop bien saisi… Le livre disparut des librairies, mais survécut dans le souvenir amusé de ses vrais lecteurs qui, parfois, preuve ultime de confiance, vous autorisaient à le lire dans leur salon, cela afin de ne pas le perdre de vue. Cette réédition longtemps espérée permettra à ceux qui n'avaient jamais eu ce texte entre les mains d'en saisir la portée, que le ton badin de l'histoire ne saurait altérer.
Nous sommes au milieu des années 1970. La VIe république, instaurée au moment de la mort de De Gaulle, a été emportée par les cataclysmes sociaux qu'elle avait provoqués, engloutie sous les vagues d'une immigration musulmane incontrôlable. Alors que tout semblait perdu, la France sur le point de disparaître, a surgi l'homme providentiel, un sous-officier de la Légion d'origine maghrébine. Doté d'un physique avantageux, sensible aux charmes de la France d'autrefois, et à celui des jolies femmes de l'aristocratie, Mourzouk s'est emparé du pouvoir, autoproclamé Prince Régent et, gouvernant avec quelques idées simples, - certains diraient simplistes…- a restauré de manière drastique un ordre des choses librement inspiré d'un ancien régime fantasmé.
C'est dans cette France rénovée où tout homme porte l'uniforme, où les classes sociales n'ont plus le droit de se mélanger, où l'on a, après la sanglante victoire de la plaine Saint-Denis, réexpédié les étrangers chez eux, supprimé les usines, les musées et les automobiles, que débarque, ahuri, le jeune Friedrich Von Schmerlau.
La presse bien pensante, tous bords confondus, il y a quarante-cinq ans, cria au scandale. Mais l'on ne peut s'empêcher, hilare, de mesurer, sous le pastiche désabusé d'un romancier qui, décidément, ne respectait rien ni personne, la clairvoyance de l'ensemble, proche, mine de rien, du Camp des Saints. Aujourd'hui, nous sommes dans la France d'avant le grand Mourzouk, près d'imploser. Manque le Grand Mourzouk.
Reste à savoir s'il faut le déplorer ou pas… [ Anne Bernet dans : La Nouvelle Revue d'Histoire, n°84, mai-juin 2016 ]
Le grand Mourzouk
5/5 Politique Magazine n 152 juin 2016 p 48
Sous ce titre bizarre se dissimule un petit chef-d'oeuvre de finesse et de drôlerie.
Paru en 1969, ce roman, depuis des décennies introuvable, possédait ses inconditionnels qui vous en entretenaient avec des mines de conspirateurs, vous le prêtaient parfois, à condition de ne pas vous perdre de vue tandis que vous lisiez...
De Gaulle mort, la Ve République, victime de sa politique sociale et de l'immigration galopante, a sombré dans le chaos, et failli entraîner la France à sa perte.
L'homme providentiel a surgi à temps : Mourzouk, dit «Le grand Mourzouk » en raison de sa belle prestance, sous-officier de la Légion, né en Algérie des amours d'un soldat de passage et d'une prostituée maghrébine, s'est emparé du pouvoir après avoir écrasé la menace musulmane lors de la glorieuse bataille de la Plaine Saint-Denis...
Puis, proclamé Prince Régent, il a instauré un régime digne du grand-duché de Gerolstein, délirant pastiche du Second Empire. Revenue cent cinquante ans en arrière, la France, où l'on a supprimé les usines, facteurs de désordres sociaux, et les automobiles, afin de laisser la cavalerie parader, se porte très bien, si l'on ne s'attarde pas aux revendications des divers syndicats de la noblesse...
Diesbach, possédant un talent particulier pour se mettre tout le monde à dos, n'épargnait personne, de sorte que chacun se sentit atteint dans ses convictions et lui en voulut. Le Grand Mourzouk disparut des librairies...
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