L’âge d’or du cinéma américain
5/5 Présent .
.----. Archiviste-paléographe, ancien membre de l’École française, docteur en Histoire,
spécialiste reconnue du Premier Empire (on lui doit notamment un superbe Noblesse
d’Empire), Nicole Gotteri nous avait déjà étonnés, il y a quelques années, avec un très
érudit essai : Le Western et ses mythes (Giovangeli Éditeur, 2005).
Elle récidive – et une formation d’archiviste-paléographe, ça aide – avec une étude
passionnante : Le Film noir américain 1940-1955.
Il y a eu certes de nombreux essais, et souvent très pointus, sur le sujet. Mais,
aujourd’hui, je n’en connais pas qui soit allés si loin dans l’analyse.
Pour vous donner une idée de la qualité de ce travail, qu’il me soit permis de vous
indiquer les titres de chapitres : « Découvertes et ré-inventions » ; « Définitions » ;
« Éléments de formation et d’influence » ; « Un monde dilaté » ; « L’emprise du Mal » ;
« Une vision pessimiste du monde » ; « Les personnages emblématiques » ; « Un style
élaboré » ; « Valorisation de la narration. Art et technique » ; « Violence et sensualité » ;
« Autour du casting ».
Dans son avant-propos, Nicole Gotteri s’interroge sur le sens du mot noir. Elle écrit :
« Souvent explicité par une opposition, moyen commode d’esquiver les difficultés d’une
définition, le Noir s’inscrit alors dans une sorte de symétrie par rapport au Rouge,
comme dans le célèbre roman de Stendhal, ou par rapport au Blanc, comme dans
l’œuvre romanesque mais surtout poétique de Victor Hugo. Dans le premier cas, on
peut y voir une évolution destructrice de la passion ; dans le second, un contraste entre
la clarté, la pureté ou l’innocence et l’inconnu, la corruption ou le Mal. »
Après avoir lu le livre de Nicole Gotteri, je me suis pris – et c’est un conseil que je vous
donne – à revoir mes films noirs américains préférés, M. le Maudit, Scarface, Le Caïd, Le
Fil du rasoir, Le Rideau de fer (si intelligemment anticommuniste), Le Port de la drogue, Le
Grand Sommeil, Né pour tuer, Les Passagers de la nuit, etc., en me servant de la grille de
lecture proposée par l’auteur. Bonheur, bien sûr, de retrouver Peter Lorre, Humphrey
Bogart, Gene Tierney, Dana Andrews, Richard Kiley. Mais bonheur, aussi, de revoir
d’un œil neuf ces films de l’âge d’or du cinéma américain qui sont entrés dans la légende.
Comme le rappelle Nicole Gotteri, « ces quinze années, simple micro-période historique,
représentent un véritable moment privilégié d’une création à la fois originale et ancrée
dans le temps. » Et elle ajoute : « Comment ne pas y déceler l’interprétation des données
événementielles et des jeux permanents de la Destinée humaine qui donne à l’œuvre une
intemporalité défiant la fugacité des modes ? »
On trouvera en annexe de cet essai qui devrait ravir les cinéphiles en général et les
amateurs de films noirs en particuliers, la filmographie des œuvres sur lesquelles l’auteur
a appuyé sa réflexion. [ Signé : Alain Sanders dans " Présent ", n° 7147 du samedi 31 juillet 2010 ]
Le raffinement de ce style !
4/5 Le Maréchal .
.----. Plusieurs lecteurs du Maréchal nous ont fait amicalement savoir l’intérêt qu’ils avaient
porté à l’article de Nicole Gotteri, « Le Cinéma américain ainsi-Vichy », paru dans notre
numéro du 2e
trimestre 2012.
Au cours de notre rassemblement à l’île d’Yeu, le 23 juillet,
il avait été perceptible que le sujet nourrissait bien des échanges entre cinéphiles.
Il convenait donc de signaler, aujourd’hui, un ouvrage du même auteur, Le Film noir
américain, 1940-1955, sorti il y a déjà deux ans à notre insu mais toujours disponible.
Forme d’art particulier, essentiellement défini par un style, le film noir des années 1940-
1955 déborde de l’univers du polar ou du film de gangster. Il est construit à partir
d’éléments réels poétisés par l’imagination des réalisateurs et des peintres-photographes
de la lumière.
« J’ai essayé, écrit Nicole Gotteri, de montrer le raffinement de ce style qui rend
inoubliables les grandes œuvres de cette époque, (…) d’une intensité directement liée à
la vision pessimiste d’une humanité blessée. »
En annexes de cet essai, une filmographie de 30 pages fournit la liste renseignée des
œuvres analysées dans l’ouvrage et, sur autant de pages, celle des réalisateurs cités,
accompagnée d’informations plus ou moins développées. [ Le Maréchal, Bulletin d’association ADMP, 4e trimestre 2012 ]