Cet ouvrage salutaire du talentueux Louis Veuillot, écrivain catholique par excellence, constitue une réfutation détaillée, inspirée et imparable des importantes et infâmes calomnies utilisées par les ennemis de l’Église (protestants, libéraux, républicains, voltairiens…) pour salir son histoire ainsi que la mémoire de ses plus fidèles serviteurs, en l’occurrence les prêtres mais également les seigneurs médiévaux et le petit peuple de France. Les textes datent de la fin du XIXe siècle mais la thématique principale est, on s’en doutera, plus que d’actualité puisqu’il s’agit du mensonge, ni plus ni moins. Mensonge historique, mensonge philosophique, mensonge juridique, mensonge psychologique, tous les moyens sont bons pour déformer la réalité et tordre les esprits en véhiculant par la propagande de publicistes plus ou moins habiles une vision complètement tronquée des événements passés, afin de réussir un tour de force aussi mesquin qu’ignoble : faire en sorte que les Français se moquent de leurs glorieux et courageux ancêtres pour mieux renier leurs valeureuses racines et en faire ainsi de véritables veaux stupides, indignes et arrogants sans passé ni identité. On appréciera la combativité de Louis Veuillot qui est allé jusqu’à vérifier toutes les sources utilisées par les « historiens » officiels à chaque fois que cela était possible, pour finalement remarquer qu’elles ont été pour la plupart, volontairement ou non, mal traduites, remaniées, trafiquées voire falsifiées par des auteurs peu scrupuleux dont la malhonnêteté intellectuelle est magistralement pointée du doigt. Ce livre, que l’on peut lire comme une véritable plaidoirie en faveur de la vérité, commence fort justement en rappelant le rôle fondamental joué par le christianisme en Occident, véritable force civilisatrice, adoucissant les mœurs, élevant les esprits vers Dieu (le Vrai), instituant une législation infiniment plus juste et plus humaine dans un monde brutal et violent où ne régnait que la loi du plus fort :« Otez le Christianisme de ces flots barbares dans lesquels fermentaient les débris corrompus de la civilisation romaine, que pouvait-il advenir ? Ce qui est advenu de toutes les sociétés que le Christianisme intégral n’a pas pu atteindre ou qui l’ont submergé : l’esclavage se généralisant au lieu de la liberté, la civilisation plus tardive, la décadence plus prompte et irréparable. Nous serions Turcs ou Chinois ou pire encore. » (p. 41). C’est en fait tout le contraire de ce que la propagande combattue par l’auteur a réussi à faire croire à un peuple abruti et manipulé. L’auteur a principalement étudié et mis à mal, preuves et textes à l’appui, le fameux mythe du « droit de cuissage » en rappelant quelles étaient les mœurs de l’époque et l’importance capitale qu’y jouait la morale chrétienne, à mille lieues de ce mythe scandaleux et ridicule devenu vérité officielle. On se permettra d’insister sur l’aspect particulièrement odieux de la calomnie que beaucoup qualifieront, à juste titre, de voltairienne ou de maçonnique, et qu’en ce qui nous concerne nous qualifierons tout simplement de satanique. L’histoire est donc remise à l’endroit par un excellent écrivain s’étant livré à une étude documentée et consciencieuse, et ce plus de cent ans avant les ouvrages de Jacques Heers ou de Jean Sévillia sur le sujet.I. C., dans Lectures Françaises n° 799 (novembre 2023)