"Le démon de l'acédie, qui est appelé aussi "démon de midi", est le plus pesant de tous", écrit Evagre au IVe siècle. Nos contemporains ignorent tout de l'acédie. Peu d'entre eux savent que c'est elle que la tradition spirituelle a identifiée avec le fameux "démon de midi" redouté par ceux qui traversent la "crise de la quarantaine". Pourtant, si le mot a été oublié, le phénomène qu'il recouvre, lui, n'a pas disparu.
Qu'il suffise de lire les textes savoureux des premiers moines du désert ! L'expression même de "démon de midi" devrait éveiller notre vigilance. Habituellement, le démon est associé à la nuit et non au jour ! Ne serait-ce pas justement ce caractère inattendu d'un démon venant attaquer en plein jour qui ferait de l'acédie un mal si redoutable ? Quand le soleil de midi irradie sa lumière éclatante, l'acédie, elle, comme un mal obscur, plonge le coeur de celui qu'elle attaque dans la grisaille de la lassitude et la nuit du désespoir, Ce livre, au style simple et direct, se présente comme la mise à disposition, pour un large public, d'une longue recherche sur l'acédie.
L'auteur a eu l'intuition que celle-ci ne concernait pas seulement les moines, mais qu'elle menaçait tous les états de vie et qu'elle touchait directement la relation de l'homme avec Dieu. Au fil des pages, le lecteur se sent interpellé et engagé à considérer de nouveau ce qui fait l'essentiel de son existence.
Dom Jean-Charles Nault est abbé de l'Abbaye bénédictine de Saint-Wandrille depuis 2099. Entré au monastère en 1988, docteur en théologie de l'Institut Pontifical Jean-Paul II, à Rome (Université du Latran), il a reçu, des mains du Cardinal Joseph Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le premier Prix Henri de Lubac pour sa thèse de doctorat sur l'acédie, La Saveur de Dieu (Cerf 2006).