Il y a juste cent ans, sur simple dénonciation, l'abbé Joseph Auriol, curé de Nohèdes, âgé d'environ 26 ans, était appréhendé à Prades, mis en état d'arrestation et poursuivi pour outrage aux moeurs.
Ayant tenté de s'évader, il fut repris et inculpé cette fois du double empoisonnement de deux soeurs, ses paroissiennes, dont la survivante l'avait institué son légataire universel peu de jours avant sa mort.
On reprochait par dessus tout au jeune prêtre, d'avoir entretenu à Nohèdes, avec une jeune institutrice, des relations d'amitié qui semblent s'être vite transformées en un amour profond. Toutefois, du fond de son cachot et sans faiblir, l'abbé Auriol a pensé surtout à tenir son amie hors de toute suspicion.
Une instruction mouvementée, accompagnée d'une détention particulièrement sévère et d'une violente campagne de presse, aboutit, l'année suivante, au renvoi
de l'inculpé devant le jury des Pyrénées-Orientales.
Le Procureur Général de Montpellier, protestant connu pour son sectarisme, se déplaça spécialement pour soutenir l'accusation, dans une atmosphère houleuse, soutenue par une intense propagande anti-religieuse bien caractéristique de cette époque-là.
Malgré l'absence de trace de poison dans le corps des deux femmes, malgré les témoins à décharge, parmi lesquels le Maire et le nouvel Instituteur, l'abbé Auriol est condamné aux travaux forcés où il mourra à l'âge de trente ans.
Pierre Bécat a repris les pièces et documents de cette affaire, s'est entretenu avec des survivants de l'époque ou des membres de leurs familles. Son expérience
professionnelle au cours de sa carrière au Barreau de Paris a pu lui faciliter la tâche. Mais il laisse au lecteur le soin de conclure.
Ce n'est qu'en épilogue, après l'examen objectif du procès, qu'il laisse percer son opinion.