Défaire la société des rentiers
On a échoué dans le traitement de l'immigration, de l'exclusion et de la précarité qu'on a fini par institutionnaliser par un accompagnement minimum. On est en train d'échouer dans la politique de la ville. On va échouer dans la cohésion sociale et le projet de l'égalité des chances. Il ne peut pas y avoir de politique d'égalité des chances sur fond de clonage institutionnel.
Notre société souffre de clonage institutionnel.
La France est un pays fondamentalement structuraliste, non pas seulement par sa capacité à concevoir des systèmes, des organisations et à inventer des modèles conçus comme une fin en soi mais, dans son ensemble. Toutes les structures obéissent aux mêmes lois, à la même logique, au même registre des corrélations fonctionnelles. Un registre comparable à l'application des lois grammaticales où les parties jouables reproduisent la même partition qui serait l'équivalent d'un code génétique.
C'est cela le clonage institutionnel dont souffre notre société.
Le clonage institutionnel est partout : il est dans les procédures, il est dans les structures, il est dans les hommes, il est dans les institutions.
Au fil du propos, on verra que le clonage institutionnel est un système qui maintient le statu quo. On verra surtout que le clonage institutionnel est un système à la fois rentier et discriminatoire. L'espace public est donc dévoyé et détourné par une caste de nouveaux rentiers qui accaparent le Bien public. Le préalable à l'égalité des chances consiste à assainir le contexte social d'une offre publique viciée par une gestion rentière et patrimoniale. Cela inclut l'Ecole Républicaine. Cela concerne le fonctionnement de l'Etat et de nos institutions. Cela concerne notre projet démocratique qui, pour être bien installé, n'est pas un processus achevé. Loin s'en faut !
Cela implique surtout de défaire la société des rentiers, pour sortir de ce système d'exception aussi puissamment accumulatif que ségrégatif.
Nous assistons à l'avènement d'une nouvelle classe : les nouveaux rentiers. Aujourd'hui, la rente a très peu à voir avec l'héritage d'hier. L'héritage précédait les héritiers qui le dilapidait ou le faisait fructifier. La rente ne préexiste pas aux rentiers : elle leur est consubstantielle. Ils'agit de la transformation d'un statut en outil de conquête des privilèges, en machine de revendication de toujours plus d'avantages, de facilités, d'argent et de confort matériel indus et arbitraire, puisque essentiellement fondés sur des rapports de force. L'espace public est donc devenu un vaste marché de la Bourse à ciel ouvert où chaque corporation vient vendre ses actions, en acheter, en définir le cours, en retirer symboliquement les plus values et des dividendes, des bénéfices et des gains tous immérités, puisque obtenus sur la base d'une spéculation chantage éhontés. Voilà comment, les réflexes, les schémas que l'on critique dans le milieu financier coincident avec la démarche transactionnelle des corporations. L'opposition aux réformes est une défense des privilèges et des rentes associées.
Comment et pourquoi les politiques publiques nationales et internationales, quand elles ne les créent pas, confortent-elles toujours plus les situations de rentes, au profit de ceux qui sont déjà avantagés ?
Ce livre est une réflexion sur la genèse d'un ordre social et international dédoublé et démentiel, c'est-à-dire cloné.
L'auteur : Elise MBOCK -46 ans- est Docteur en Information et Communication de L'université Lumiére Lyon 2, depuis mai 1995. L'auteur est née au Cameroun et vit en France depuis Septembre 1985. Elle a fondé l'association La Voie Lactée dont elle est la Présidente en 2002. La voie Lactée est une association qui œuvre pour une citoyenneté agissante dans le développement local et dans la coopération intemalionale. http://vlactee.free.fr
Elise MBOCK exerce des services d'Ecrivain Public pour un public fragilisé.