Le capitalisme est-il en train de se détruire ? Lors de la première édition de ce livre, cette question semblait saugrenue, puisque la croissance était forte dans tous les pays, les profits des entreprises en hausse rapide. Le modèle du capitalisme anglo-saxon, fondé sur la satisfaction des objectifs des seuls actionnaires, s'étendait dans le monde entier. Mais déjà, comme le montrent ici les auteurs, les premiers signes de la catastrophe à venir étaient présents : déformation du partage des revenus en faveur des actionnaires, multiplication des délocalisations, aggravation des inégalités, exigence de rendements exorbitants. D'où la crise de 2007-2008 : la faiblesse des salaires a été compensée par le crédit, conduisant à l'excès d'endettement des ménages ; la recherche de rendements élevés a abouti à la construction d'actifs complexes utilisant massivement le levier d'endettement.
Les causes de cette crise sont donc intimement liées aux désordres d'un capitalisme sans projet, qui n'investit pas assez, qui ne prépare pas l'avenir. Et face au malaise social, les gouvernements ne traitent le plus souvent que les symptômes, faute de prendre en compte le fond du problème. Voilà pourquoi il est important, expliquent les auteurs, de réformer profondément la gestion de l'épargne, d'imposer de nouvelles règles de gouvernance aux gérants comme aux régulateurs. Si cela n'est pas fait, la crise présente pourrait déboucher sur une autre, plus violente encore. "Imaginez un monde sans croissance, donc sans emplois. Ce sont deux fins connaisseurs de l'économie qui le décrivent, tel qu'il sera, si la folie financière continue de sévir en toute impunité...