Une citation :
5/5 Lectures Françaises.
.----. Je comprends qu’un être isolé,n’ayant qu’un cerveau et qu’un cœur, qui s’épuisent avec une misérable vitesse, se décourage et, tôt ou tard, désespère du lendemain.
Mais une race, une nation sont des substances sensiblement immortelles! Elles disposent d’une réserve inépuisable de pensées, de cœurs et de corps. Une espérance collective ne peut donc pas être domptée. Chaque touffe tranchée reverdit plus forte et plus belle. Tout désespoir en politique est une sottise absolue. »
( Charles Maurras, L’Avenir de l’intelligence.)
P.S. : Cité par Mickaël Savigny dans son éditorial de Lectures Françaises, n°789, janvier 2023 - Tous les numéros de notre revue sont présentés sur ce site et le plus souvent sont encore disponibles. La revue a été créée par Henry Coston en 1957, puis dirigée par Jean Auguy de 1977 à 2011 ]
A paraître : une nouvelle édition ?
5/5 https://www.jesuisfrancais.blog/
.----. Le 16 novembre 1952, il y a près de soixante-dix ans, disparaissait notre Maître, dans la ville de Saint-Symphorien-lès-Tours, en Indre-et-Loire. Belle-de-Mai Editions rééditera à cette occasion, durant cette année, un certain nombre de ses ouvrages majeurs.
A commencer par L’Avenir de l’intelligence, publié en 1905, avec en couverture un portrait d’une qualité remarquable réalisé par l’artiste marseillais Laurent Pellecuer, ami de la cause royaliste depuis de nombreuses années.
Ce livre est un signal d’alarme lancé aux hommes de plume, un avertissement sur ce qui les guette, à savoir la corruption par les forces financières. Seul le Sang peut préserver la liberté de l’Esprit de sa vampirisation par l’Or : telle est la thèse du livre.
[ JE SUIS FRANÇAIS Le quotidien royaliste sur la toile le 2 février 2022 ]
Maurras or not Maurras ?
5/5 L'homme nouveau .
.----. Il semble à peine nécessaire de revenir sur ce qui aura agité le monde politico-médiatique ces derniers mois et qui a finalement remis devant les yeux du public la personnalité de Charles Maurras.
Né le 20 avril 1868, mort en novembre 1952, le maître de l’Action française avait été inscrit au registre des commémorations nationales. Il était évident que la République française, combattue par Maurras toute sa vie, n’allait pas encenser l’auteur de L’Enquête sur la monarchie ou de Mes idées politiques. Il était peu probable également que le ministre Blanquer ait voulu inscrire au programme des écoles les poèmes maurrassiens ou sa remise en cause du romantisme et de ses conséquences. Encore moins imaginable que sa théorie des « quatre États confédérés » et son « antisémitisme d’État » deviennent, par l’onction d’une célébration, la ligne de conduite de la présidence macronienne.
Le prisme de l’idéologie rendant aveugle, les réseaux sociaux se sont emparés du sujet, poussant le ministre de la Culture à retirer Maurras de la liste des commémorations nationales et entraînant une série de conséquences alors difficilement prévisibles. Le grand vainqueur de cette agitation est bien évidemment Maurras lui-même dont on n’a peut-être jamais autant parlé depuis quelques années.
Désormais, on peut également le lire. Maurras est à nouveau disponible en librairie. Pas encore en livre de poche comme son grand concurrent Karl Marx, mais à travers un volume de la célèbre collection « Bouquins », édité par les éditions Robert Laffont.
Selon les exigences de cette collection, le volume est constitué de textes choisis (œuvres complètes ou extraits importants) ainsi que d’introductions historiques qui permettent, non seulement de resituer les œuvres dans leur contexte, mais aussi d’en souligner la portée. Sous la direction éditoriale de Christophe Parry, qui a eu le courage de mener un tel projet, la réalisation du volume Maurras a été confiée et réalisé par Martin Motte, directeur d’études à l’École pratique des hautes études-PSL. Intitulé, L’Avenir de l’intelligence et autres textes, le livre bénéficie d’une belle et instructive préface de Jean-Christophe Buisson, directeur-adjoint du Figaro Magazine et présentateur de l’émission « Historiquement show » sur la chaîne Histoire.
L’ensemble du volume restitue bien Maurras et sa pensée, dans son époque et sa complexité. Certes, plusieurs aspects n’ont pas été abordés. Ainsi Martin Motte explique pourquoi l’on ne trouve pas dans ce recueil un livre comme La démocratie religieuse, en raison de sa réédition récente aux Nouvelles Éditions Latines. Il n’en reste pas moins que l’essentiel de la démarche maurrassienne apparaît, jusqu’aux minutes de l’ultime procès Maurras à la fin de la Seconde Guerre mondiale ou la publication de poésies érotiques inédites qui, dans le sens de ce qu’avait révélé dans sa biographie de Maurras Stéphane Giocanti, casse l’image d’un homme de marbre, tout entier donné à la seule politique.
Les textes politiques restent évidemment les plus importants, depuis les déclarations anti-jacobines et en faveur de la décentralisation jusqu’à la lettre proclamant la nécessité de « l’arche nouvelle, catholique, classique, hiérarchique, humaine » envoyée à Pierre Boutang, en passant par La Politique naturelle ou L’Avenir de l’intelligence. Les spécialistes de Maurras discuteront, bien sûr, le choix et, plus encore, ce qui a été laissé de côté. Il n’en reste pas moins que cette œuvre et cette pensée, qui a tant marqué l’histoire et dont la référence ne cesse de réapparaître dans les débats contemporains, pourront être désormais découvertes et lue pour ce qu’elles sont.
Et, pour nous catholiques ? L’influence de Maurras a été énorme sur le catholicisme du début du XXe siècle et, pour ou contre, une grande partie du catholicisme français contemporain s’est bâtie en référence à Maurras. La discussion n’est pas d’abord politique, mais religieuse et philosophique. Au moment de la condamnation de 1926 (par Pie XI) et avant la réhabilitation de 1939 (par Pie XII), elle avait été menée, notamment par Jacques Maritain, le Père Doncœur, le Père Lallement et d’autres. Après la Seconde Guerre mondiale, Marcel Clément, dans L’Enquête sur le nationalisme (NEL), s’attela à cette tâche, dans un esprit de piété et de vérité. Lui-même avait été marqué par Maurras, mais il avait décidé d’appréhender cette pensée, non seulement à travers une enquête, mais à la lumière de saint Thomas d’Aquin et des enseignements alors récents de Pie XII.
« Si vous êtes catholiques, ne le soyez pas à moitié » aurait déclaré un jour Charles Maurras. C’est certainement cette invite qu’il faut retenir avant tout et d’abord.
[ Rédigé par Philippe Maxence le 20 avril 2018 pour " L'homme nouveau " ]
Maurras revisiter le symbole (4)
5/5 Minute 2870 - 2 mai 2018
Voilà fondé le nationalisme maurrassien, non pas un nationalisme agressif (il appellera celui-ci le " nationalitarisme "), Pour lui, ce qui compte, c'est ce qui protège l'homme, ce qui lui permet de vivre bien et d'atteindre au royaume de l'esprit, tel est " le principe du rempart ", tel est " le théorème du cyprès ".
Si vous voulez toucher du doigt l'énergie intellectuelle du vieux maître de Martigues, si vous cherchez à aller vite au plus important, plongez-vous dans Mes idées politiques, pas dans la préface un peu longue mais dans le corps du texte qui contient un véritable feu d'artifice de formes brèves qui jaillissent et suspendent le doute. Poursuivez cet exercice, vous en trouverez forcément une qui vous étonnera : elle sera pour vous. Celle-là par exemple: " Une société peut tendre à l'égalité, niais en biologie, l'égalité n'est qu'au cimetière "... Ou encore cette autre, que pourrait méditer Habermas avec son obsession procédurale : " Il n'y a pas de religion de la discussion ni de morale de la discussion, car dès qu'on agit moralement ou religieusement, on ne discute pas. On risque. " On risque!
Maurras se retrouve dans ces mots si simples. Pour se guérir du relativisme de sa jeunesse, il a risqué, il a voulu risquer au moins sa réputation pour la patrie. Sa vie tout entière est un engagement. Vous pourrez le prendre en défaut à tel ou tel moment, sur tel ou tel point, son antijudaïsme, sa fascination pour le maréchal Pétain qui lui vaudra le terrible procès dont ce livre reprend les plaidoiries. Mais vous ne pourrez jamais le trouver ni lâche ni indifférent.
C'est sans doute sa grande qualité, présente jusque dans son style: Maurras s'est engagé tout entier dans une pensée du relèvement national. II a tout misé sur la patrie. Ce genre de pari n'est jamais vain. II porte en lui-même son exaucement.
<p align="right">Joel Prieur <a href= http://www.minute-hebdo.fr/tout-minute/ target=_blank>www.minute-hebdo.fr</a>
Maurras revisiter le symbole (3)
5/5 Minute 2870 - 2 mai 2018
Pour qui ne connaît pas Maurras, cette énumération peut laisser une impression d'éclectisme. II y a eu de cela parfois chez le jeune homme, fasciné par toutes les formes de l'intelligence. II gardera de sa jeunesse libre une profonde bienveillance pour toute idée, quelle qu'elle soit, du moment qu'elle est parvenue à se formuler clairement. II cultivera ce qu'il appelle " la bienveillance du seuil " : tout accueillir, mais ensuite classer, ordonner. L'ordre est la forme même de la vie, et non son contraire comme le prétendent les esprits futiles, ceux justement qui s'obstinent à pécher par éclectisme.
Quant à Maurras, après avoir éprouvé cette tentation de tout connaître et de s'enfoncer avec délice dans les nuits capiteuses de la confusion des sens et de l'intelligence, c'est une urgence qui le réveille. Tout semble le lasser pourtant. II n'a plus confiance dans la théologie des pères du collège d'Aix où il avait fait ses études. II a mesuré la vanité des métaphysiques de son époque - celle de Schopenhauer entête -, qui se servent de grands mots pour distiller le nihilisme européen. A 20 ans, il ne croit que dans la poésie. Mais voilà que le réveille - angor patriae - l'ardent souci de la patrie. Quand on a douté de tout, quand on a joué avec les idées, il reste une certitude de base : le " nous " est plus important que le "je". II faut défendre ce qui nous rend capable de dire " nous ".
(Suite...)
Maurras revisiter le symbole (2)
5/5 Minute 2870 - 2 mai 2018
Il faut d'abord féliciter Martin Motte, directeur d'études à l'école pratique, des hautes études, du travail accompli : sa sélection, ses annotations éclairantes et ses introductions aux différentes parties de l'œuvre de Charles Maurras font de cet ouvrage une approche pédagogique du grand théoricien de la monarchie française. II aurait fallu plusieurs volumes. TI n'y en a qu'un... pour l'instant.
Dans sa préface, Jean-Christophe Buisson, présentateur de l'émission " Historiquement show " sur la chaîne Histoire, montre bien la difficulté qui attend le maître d'œuvre d'un tel travail par une énumération des différents théâtres où s'est jouée la puissance de Charles Maurras: " Maurras fut à différentes périodes de sa vie réactionnaire, révolutionnaire, conservateur, moderne, passéiste, visionnaire, journaliste, écrivain, poète, pamphlétaire, romancier, païen, agnostique, chrétien, platonicien, thomiste, pascalien, comtien, socialisant, anticommuniste, pétainiste, anti-étatiste, sectaire, tolérant, nationaliste, universaliste. "
(Suite...)
Maurras revisiter le symbole (1)
5/5 Minute 2870 - 2 mai 2018
Pour qui ne connaît pas Maurras, cette énumération peut laisser une impression d'éclectisme. II y a eu de cela parfois chez le jeune homme, fasciné par toutes les formes de l'intelligence. II gardera de sa jeunesse libre une profonde bienveillance pour toute idée, quelle qu'elle soit, du moment qu'elle est parvenue à se formuler clairement. II cultivera ce qu'il appelle " la bienveillance du seuil " : tout accueillir, mais ensuite classer, ordonner. L'ordre est la forme même de la vie, et non son contraire comme le prétendent les esprits futiles, ceux justement qui s'obstinent à pécher par éclectisme.
Quant à Maurras, après avoir éprouvé cette tentation de tout connaître et de s'enfoncer avec délice dans les nuits capiteuses de la confusion des sens et de l'intelligence, c'est une urgence qui le réveille. Tout semble le lasser pourtant. II n'a plus confiance dans la théologie des pères du collège d'Aix où il avait fait ses études. II a mesuré la vanité des métaphysiques de son époque - celle de Schopenhauer entête -, qui se servent de grands mots pour distiller le nihilisme européen. A 20 ans, il ne croit que dans la poésie. Mais voilà que le réveille - angor patriae - l'ardent souci de la patrie. Quand on a douté de tout, quand on a joué avec les idées, il reste une certitude de base : le " nous " est plus important que le "je". II faut défendre ce qui nous rend capable de dire " nous ".
(Suite...)