Un polémiste d’avenir !
5/5 Présent .
.----. 1957, l’Algérie s’inquiète à propos de son avenir. L’auteur publie : L’Algérie d’hier et
d’aujourd’hui. « Sur le plan politique (qui ne m’intéresse pas), d’aucuns l’applaudiront,
d’autres le blâmeront. Mais, littéralement, tous, s’ils sont sincères, reconnaîtront que
c’est une œuvre bellement écrite par un polémiste d’avenir. Je suis sûr que Louis Pozzo
di Borgo a mieux à faire que d’écrire des vers : sa voie est toute tracée : il doit écrire et
discourir pour les idées auxquelles il a consacré sa vie, notamment la grande idée
monarchique. Et, comme ce fut le cas pour Charles Maurras, c’est en luttant pour ses
idées qu’il écrira ses plus purs chefs-d’œuvre. » (Jean Pomier dans la revue Afrique)
2014, la France est à son tour inquiète. Que lui réserve l’avenir ? L’auteur publie L’Arche
nouvelle. Même mise en garde, même espérance, ou l’Histoire au secours de la France de
Clovis et de saint Louis, hélas en cours de perdition.
Louis Pozzo di Borgo, né en 1928, a connu trois Républiques, qui n’ont pas stoppé le déclin
du pays, le débarquement des Américains à Oran le 8 novembre 1942, les glorieuses
campagnes de Tunisie, d’Italie, de France de l’armée d’Afrique, la décolonisation, le
rapatriement. Il révèle les vérités que le régime, peu fier de ses résultats, cache aux électeurs
qu’il préfère endoctriner. [ Présent, n° 8179 du mercredi 3 septembre 2014 ]
Une lecture aisée !
4/5 Altaïr .
.----. Ce livre exceptionnel est préfacé par… Mgr le Comte de Paris rien de moins ! Voici son
propos : « Comme vous le dîtes (NDLR : admirez ce passé simple, vraiment princier !) si
bien dans votre livre, la véritable politique ne peut retrouver sa propre dignité que dans le
service du bien commun, le service de la terre de nos pères, la Patrie. » : et non en oubliant
les pauvres, les « sans dents » si méprisés par certain président élu. NDLR encore) « Car
un pays, une patrie, (...) ce ne peut jamais être la table rase comme la destruction
systématique de notre civilisation chrétienne, celle de nos repères, de nos valeurs pérennes. On
ne peut en effet construire sur le néant La France, vous le constatez au fil des pages, est
plongée dans des nuées opaques. L’Europe et le monde retournent à la barbarie, l’innocence en
moins. »
Bon, ça, c’était la préface qui vaut déjà de l’or. Le livre maintenant. L’auteur se
revoit avant 1957, en Algérie, car il est Pied-noir. Il philosophe sur les ruines de la
brillante civilisation chrétienne qui a existé avant l’invasion des tribus arabes, et se
demande si tel sort pourrait arriver à sa terre : « Si l’impossible auquel nous refusons de
croire se réalise un jour, comme certains intellectuels de métropole, à l’écoute du vent dit de
l’histoire le préconisent et le souhaitent, que serons-nous appelés nous aussi à abandonner ?
Des terres cultivées avec amour et science, des routes, des barrages, des voies ferrées, des
hôpitaux, des écoles, des musées, des théâtres, des ports, des aérodromes, le pétrole découvert
par la France. » La chose semble inévitable tant l’idée de patrie est faussée dans les
esprits : « Ce n’est plus la réunion des racines terriennes, charnelles, religiieuses, culturelles,
géographiques, qui fonde les nations, mais la politique internationale par le procédé pseudo--
démocratique, que les caciques fous de l’idéologie nomment l’autodétermination. Elle n’a rien
d’auto et rien de naturel mais porte visiblement la marque du coup d’Etat que légalisera
bientôt un scrutin dont les circonstances annoncent /’inéluctable résultat » Toute
ressemblance avec l’Ukraine actuelle n’est sans doute pas vraiment une simple
coïncidence.
Et encore une réflexion d’une grande profondeur : « Si nous en sommes
chassés (de notre terre d’Algérie) à notre tour bien malgré nous, ne serait-ce pas pour subir
en tant que citoyen d’une France athée la juste sentence que méritent nos institutions, sourdes
à la prière du Père Charles de Foucauld ? » On pourrait se mettre à philosopher à notre
tour et à transposer la situation de l’Algérie en 1957 à celle de l’Europe d’aujourd’hui.
Qu’arrivera-t-il à nos pays lorsque les islamistes installés chez nous prendront le
pouvoir ? Passons.
Réfléchissant ensuite à propos du meilleur régime politique à donner à la France,
l’auteur constate que « La France n’est pas née par « génération spontanée » avec la
révolution, mais grâce aux quarante rois qui, huit siècles durant, lui ont donné sa langue, son
unité, ses frontières naturelles, ses libertés, sa vocation civilisatrice. Cette France-là, souvenez vous, suscitait l’admiration du monde entier, grâce à sa réputation de mère des arts, des armes
et des lois. » Ce dont le pays a besoin, c’est d’un roi qui, étant au-dessus de la mêlée,
« n’éprouve pas le besoin de partis, d’électeurs, de discours attractifs fondés sur une idéologie
partisane, mais d’enfants (mot que je préfère à « sujets ») qu’il lui incombe de garder, de
protéger. Il ne rédige pas davantage de programmes plus ou moins raisonnables, plus ou moins
réalisables ; il poursuit, il incarne un destin multiséculaire (...) qui ne l’engage pas lui seul,
mais toute la lignée de ses successeurs. La France a été ainsi construite, et non détruite, comme
hélas aujourd’hui, » « Sans arbitre, sans père, pas d’amour, pas de paix civile. En revanche,
la démagogie et l’oligarchie, le désordre et la turpitude, le manque d’activité et la perte de
l’indépendance nationale conduisent le pays à sa perte. Si les sujets de nos rois revenaient de
nos jours sur la terre, ils seraient consternés par la transformation des valeurs qu’ils
vénéraient, par exemple le remplacement de la foi en Jésus et en son Église par l’athéisme laïc
militant, de la famille par la philosophie du gender, de l’homme par un ignoble numéro
matricule, du Français, fier de sa nationalité, par un gogo apatride, des racines tout ce qu’il y
a de plus terriennes par une idéologie exposée à tous les vents de l’internationalisme, du
paisible contestataire par des manifestants grévistes ou casseurs, de la concorde par la lutte des
classes, des libertés par le prêt-à-porter du régime, de la stabilité économique, institutionnelle
par le chômage et les amendements à la constitution, de la souveraineté et de l’indépendance
nationales par les directives d’un super État, émanation de Babel, de l’arbitrage par le
matraquage et le gazage des foules d’opposants qui manifestent. »
L’auteur aborde alors le problème de la décentralisation : la seule vraie ayant été, bien
sûr, celle de l’Ancien Régime où chaque province avait ses propres lois. On reste sidéré
de voir de quelles libertés, de quels privilèges jouissaient nos aïeux, entre autres par
rapport à l’impôt. La vieille fable du serf « taillable et corvéable à merci » est rondement
réfutée. Le chapitre suivant traite du travail : la République, par la loi Le Chapelier de
1791, a mis le travailleur à la merci du grand capital, générant une misère atroce chez les
ouvriers. Quant aux syndicats, ils se sont condamnés à l’impuissance en se mettant sous
la coupe des partis politiques. L’auteur rappelle l’action de nombreuses personnalités du
XIXe siècle, royalistes et chrétiennes, en faveur de l’amélioration des conditions de vie
des travailleurs, avant de citer ces phrases définitives du Comte de Paris : « Ne relevant ni
des élections ni de la presse, la monarchie est le seul régime indépendant par nature des
puissances financières. Elle est également le seul régime capable, parce qu’assuré de sa
légitimité et de sa durée, de courber sous la loi les puissants intérêts particuliers. Enfin,
identifiant au sien propre l’intérêt national, le Roi ne peut avoir d’autre souci essentiel que de
briser les coalitions économiques anonymes ou internationales qui visent à réduire le pays à
leur merci »
Inutile de dire que nous sommes totalement en phase avec ce livre dense
mais simple, d’une lecture aisée mais bourré d’idées justes et non-conformistes. La seule
phrase choquante se trouve en quatrième de couverture : un certain Jean Pomier écrit :
« Je suis sûr que Louis Pozzo di Borgo a mieux à faire que d’écrire des vers. » Ce Pomier
aurait mieux fait de s’occuper de ses pommes, car les poèmes de notre auteur sont d’une
aussi grande valeur que sa prose. Les merveilleux « Le temps qui dure n’est pas froidure »
et « Outre-mer outre-tombe », vous en convaincront. Les mêmes thèmes que dans « L’arche nouvelle » sont
traités en vers : les Rois de France, Charles de Foucauld, l’Algérie française, le Sacré-Cœur... [ Signé : Jean-Pierre Hamblenne dans " Altaïr ", octobre 2014 ]