La pensée fondamentale de l'Apocalypse, c'est le retour glorieux de Jésus. Elle se montre dès le prologue (1, 7), et après avoir pénétré tout le livre (II, 16 ; III, 11 ; VI, 2 ; XIX, 11), elle retentit comme un dernier écho dans l'épilogue (XXII, 7, 12, 20), où trois fois la voix de Jésus répète : "Voici que je viens bientôt", à quoi l'Esprit et l'Épouse répondent : "Oui, venez, Seigneur". Que les fidèles fixent leur regard sur ce glorieux avènement qui mettra fin aux épreuves des justes et couronnera l'oeuvre encore imparfaite du Messie. En attendant ce triomphe suprême, il leur reste bien des combats à livrer, bien des persécutions à souffrir. À chacun d'eux, le Christ dit, comme à l'ange de Smyrne : "sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie" (II, 10). Soutenir le courage des chrétiens de tous les âges, en soutenant leur foi et leur espérance, tel est donc le but de l'Apocalypse.
Les obscurités qu'elle renferme ne l'empêchent pas d'atteindre sa fin. Elles ne regardent que l'interprétation d'ensemble : tous les détails sont d'une clarté saisissante. Nous y voyons à chaque page que l'Église de la terre souffre et combat sous les yeux de Jésus-Christ ; que rien ne lui arrive qui ne soit prévu et permis par son divin Chef; que le triomphe final, non seulement après cette vie, mais sur la terre même, est réservé aux élus, tandis que d'effroyables châtiments frappent toujours leurs persécuteurs. Quoi de plus propre à nous faire assister sans trouble et sans faiblesse aux combats de jour en jour plus perfides ou plus violents livrés aux enfants de Dieu ?
(Introduction)