Et voici, disponible sur le marché, cette thèse sans précédent et qui ne sera jamais refaite. On pourra faire autre chose, mais on ne la refera pas.
Elle présente une qualité rare : son auteur a tout lu, minutieusement, d'une littérature abondante, répétitive, souvent fastidieuse, avec une étonnante patience : c'était la condition nécessaire pour entrer dans l'intelligence de cette antimaçonnerie, généralement connue à travers les clichés qui se transmettent et les survols qui n'apprennent rien.
Il a fallu tout le délié de Michel Jarrige et son infinie patience pour débrouiller cet écheveau. A quoi bon ? diront certains : cet âge est révolu et nous avons tourné la page. Oui, certes, mais probablement moins qu'on ne le pense. Ce qu'on peut observer n'est-il que la queue d'une comète disparue ou bien un feu qui couve toujours sous la cendre ? En toute hypothèse, il ne faut pas pleurer sur un monde qui a "perdu ses repères" et ne pas voir que ce furent les repères du monde dont nous venons. Sous des formes nouvelles, ce sont les mêmes divisions qui perdurent, le même inconscient et le même impensé, les mêmes peurs de l'autre et les mêmes pulsions au fond de soi. Émile Poulat Directeur d'Études à l'E.H.E.S.S.
Les historiens ne disposaient pas, à ce jour, d'étude approfondie sur l'antimaçonnisme ou l'antimaçonnerie à la Belle Epoque. Cette lacune est aujourd'hui comblée par la publication de la thèse brillamment soutenue par Michel Jarrige. Rédigée d'une plume alerte, de lecture aisée, riche par son contenu, ses annexes et ses nombreuses annotations, elle est le fruit de recherches exhaustives dans des fonds auparavant négligés ou survolés. Elle sera lue avec profit par tous ceux qui s'intéressent à la maçonnerie mais aussi au catholicisme, au nationalisme, à l'antisémitisme, et plus généralement au fait politique et au mouvement des idées sous la Troisième République.
Michel Jarrige présente un tableau inédit de ces revues et associations, mettant en évidence leurs spécificités, leurs divergences et leurs rivalités, et nous permettant d'en mieux connaître les fondements, les ressorts et les objectifs. André Combes Directeur de l'IDERM (Institut d'Études et de Recherches Maçonniques)
Jusqu'à ce livre, on distinguait mal ce qui relève de l'antimaçonnisme et de l'antimaçonnerie, deux mots qui tendaient à se confondre et restaient flous. Michel Jarrige dissocie clairement les deux domaines ; tout en jetant des bases solides pour l'étude de l'antimaçonnisme, qui n'est pas l'objet de son étude, il offre un tableau de l'antimaçonnerie, dans lequel tout est décrit, décodé, analysé et référencé avec une rare minutie.
Michel Jarrige restitue admirablement ce monde associatif - les annexes offrent de précieux organigrammes de l'Association antimaçonnique de France et de la Ligue française antimaçonnique, ainsi que la liste de leurs sections respectives - et la presse qui servait sa propagande, laquelle adoptait d'ailleurs des méthodes passionnantes à étudier. Le livre de Michel Jarrige, dont l'appareil critique, d'une rare richesse, constitue un véritable répertoire bibliographique, doit trouver place dans la bibliothèque de toute personne désireuse de pénétrer intimement dans l'histoire politique, idéologigue, religieuse et culturelle de la Troisième République.