Jeanne d'Arc,la plus belle figure de notre histoire
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.----. Moins connue qu’Antigone ou Becket, l’Alouette fait pourtant partie intégrante du répertoire historique de Jean Anouilh.
L’Alouette c’est Jeanne d’Arc. Il aurait été surprenant qu’Anouilh, qui aimait tant mettre en scène les grands ou petits débats de conscience, choisisse d’ignorer la plus belle figure de notre histoire.
Mais comment ne pas être banal, comment apporter une pierre nouvelle à l’édifice d’une histoire si connue ? Il en faut du talent pour ne pas décevoir son public, alors qu’on l’a déjà beaucoup gâté.
Et Anouilh ne nous déçoit pas. Conjuguant comme toujours un classicisme sûr avec une modernité audacieuse, il nous réjouit de formules incisives, certaines connues mais revisitées : « Dieu n’aime pas les fainéants. Il faudra que les gens d’armes bataillent un bon coup et puis, Lui, donnera la victoire. »
D’autres plus novatrices, comme la réponse de Jeanne à l’évêque Cauchon qui lui demande comment admettre que « Dieu s’est mis contre nous ? Vous le verrez bien quand nous vous aurons tous battus » répond-elle.
Mais c’est dans la construction de la pièce que le talent d’Anouilh éclate. Il part du procès, puis revient en arrière par petits tableaux dialogués : avec les Voix, avec ses parents, puis Baudricourt et le Dauphin. Il ne manque qu’une pièce à la reconstitution : le Sacre à Reims. Et nous comprenons pourquoi à la fin.
Après chaque retour en arrière, nous revenons au procès. Il y a les hargneux, les froids, les gentils et Cauchon qui est plus humain qu’attendu : il est aux Anglais mais est resté catholique et aimerait bien que l’on puisse s’arranger.
L'alouette – Ô grimoire !
Pourquoi l’alouette ? C’est le chef anglais Warwick qui donne la réponse en essayant d’expliquer la défaite d’Orléans subie « contre toutes les lois de la stratégie » : « Ce qu’il y a eu, ayons l’élégance d’en convenir, c’est l’impondérable. Dieu, si vous y tenez, ce que les états-majors ne prévoient jamais. C’est cette petite alouette chantant dans le ciel de France, au-dessus de la tête de leurs fantassins. »
Après les deux remarquables romans de Michel Bernard, Le Bon Cœur puis Le Bon Sens, le lecteur pourra compléter avec L’Alouette, c’est une belle trilogie. [ Publié le 11 avril 2020 par Antoine de Lacoste sur son blog : https://leslivresdantoine.com/ ]
