L´affaire Caroline Parmentier

L’aventure de Chiré !

5/5 Caroline Parmentier.

.----. François-Xavier d’Hautefeuille est un tout jeune chef d’entreprise. Et pas n’importe laquelle. Agé de 28 ans, il dirige depuis 2011 Les Éditions de Chiré, fondée en 1966 par Jean Auguy. Il a pris la succession de son beau-père à la tête de cette miraculeuse librairie contre-révolutionnaire où l’on trouve Madiran,Volkoff et Raspail en meilleure place que Marx et Malraux. Ce qui est en quelque sorte la devise de la maison : « il y a tellement de bons livres qui sortent et qui sont condamnés au silence », mérite que l’on s’y arrête et que l’on commande ses livres en priorité chez elle. On pourrait ajouter : et tellement de médiocres promis à une éphémère gloire télé. CP - Est-ce facile à 25 ans à peine de reprendre une entreprise familiale comme Chiré avec 14 salariés, une trentaine de collaborateurs et qui existe depuis près de 50 ans ? - Non je ne dirais pas que c’est facile. C’est un défi pour notre cause. Je ne viens pas de ce milieu professionnel-là. Je n’avais pas d’expérience dans la diffusion et l’édition, j’ai fait une école d’ingénieur. Mais j’ai toujours aimé le livre. Le métier c’est à Chiré que je l’ai appris. Je venais travailler l’été en préparation des Journées Chouannes avec une équipe de jeunes de 18 à 20 ans. En épousant la fille de Jean Auguy, j’ai aussi épousé Chiré. - Chiré se veut rassembleur de toutes les droites. Expliquez-nous ça. - C’est notre politique. C’était celle de mon beau-père. Pas d’ennemi à droite. L’ennemi n’est pas à côté de soi mais en face. Le problème dans nos milieux c’est que chacun fait son petit truc dans son coin. Et au besoin voit arriver l’autre comme un concurrent. Si on est d’accord sur l’essentiel ne serait-ce qu’à 70%, il faut travailler ensemble et se soutenir. - Quel est le profil de votre public ? - Divers. Aux Journées Chouannes, on retrouve les très fidèles, ceux qui ont mis dans leurs tablettes de venir chaque année de toute la France. On retrouve aussi pendant ces deux jours ceux qui viennent en voisins, des départements proches. Et puis il y a une proportion renouvelée chaque année de personnes qui ne viendront qu’une fois, pour voir ce que c’est. En 2013, nous avons noté une affluence importante de jeunes. Pas forcément de jeunes qui lisent beaucoup eux-mêmes d’ailleurs, mais qui s’intéressent aux livres, aux auteurs. Et qui viennent aussi pour le plaisir de se retrouver ensemble dans un cadre qui s’y prête. Avez-vous le sentiment d’être stigmatisés politiquement et médiatiquement ? - Oui. Même si nous essayons de cultiver de bonnes relations avec la presse locale. Déjà si l’on peut faire en sorte qu’elle ne noircisse pas trop le tableau ! C’est un long travail. Mais nous sommes là aussi pour défendre ce que nous sommes sommes. C’est d’ailleurs l’intérêt de nos mensuels Lectures Françaises et de Lectures et tradition d’exprimer la pensée de Chiré. Vous lisez beaucoup et vous essayez de lire « tout ». Quel est votre livre de chevet en ce moment ? - J’essaie de lire des choses différentes et variées car il faut bien se tenir informé. Mon livre de chevet en ce moment c’est Les Cinq-Mille, écrit par un collectif. Une approche très intéressante et anti-conformiste de l’hyper-élite financière française qui domine et a conduit la France à la faillite. Mais mon malheur c’est que je n’ai pas assez de temps pour lire. Je passe beaucoup trop de temps à faire de l’administratif ! [ Entretien en Août 2014 ]