Censuré depuis 1945 par son auteur et jamais republié depuis, Bagatelles pour un massacre sort le 28 décembre 1937 chez Denoël. Ce pamphlet antisémite est jugé violent, grossier mais aussi talentueux.
L'ambivalence de Bagatelles - essai polémique ou oeuvre littéraire ? - est au coeur de la réception critique du livre. André Gide, dans la NRF, préfère croire à une énorme rodomontade (sans quoi Céline serait "complètement maboul") ; tandis que Lucien Rebatet, dans Je suis partout, le félicite d'avoir "allumé le bûcher".
À gauche mais aussi à droite, on souligne souvent l'obscénité et la malhonnêteté du raisonnement, inspiré voire bassement recopié des prospectus de propagande, certains reprochant même à Céline de discréditer l'antisémitisme. Mais tous ou presque soulignent la truculence rabelaisienne de Bagatelles, dont l'extrême nocivité est rarement dénoncée, si ce n'est par la presse juive.Ce dossier critique, souvent déroutant pour le lecteur moderne, regroupe soixante articles parus de janvier à décembre 1938, sous la plume de Marcel Arland, André Billy, Robert Brasillach, Léon Daudet, André Gide, Emmanuel Mounier, Lucien Rebatet, Jean Renoir, Victor Serge...
On y voit avec effarement, explique André Derval en avant-propos, "la réalité virer au cauchemar, et des voix que l'on entendait sensées et mesurées verser dans les pires partis pris et dans l'outrance.
Docteur en lettres, André Derval est responsable du fonds d'archives Céline à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMLC) et édite les Etudes céliniennes au sein de la Société d'études céliniennes. On lui doit un dossier critique de Voyage au bout de la nuit (10/ 18-IMEC, 2005), ainsi que le dossier de presse d'En attendant Godot (10/ 18-IMEC, 2006).