La Vierge Marie et les Apôtres des derniers temps d'après S. Louis-Marie de Montfort

Nombreux sont les textes de la sainte Écriture où se trouve cette expression : ln novissimis diebus, in novissimo tempore : aux derniers jours, aux derniers temps. Ce qualificatif dernier est relatif ; il peut indiquer un rapport avec ce qui précède, sans toujours marquer que plus rien, ne suivra. Le langage chrétien donne le nom de derniers temps à cette période d'une durée sans doute indéterminée, qui peut comprendre des années et des siècles, mais où les catastrophes, les événements de tout genre, particulièrement les luttes de l'Église, ses abaissements et ses triomphes, tout enfin, aura un caractère extrême et pour ainsi dire, terminal, qui préparera le second avènement du Christ. Dans l'histoire du monde le fait capital est la venue du Fils de Dieu. Une première fois il nous est apparu dans l'infirmité de notre nature humaine pour nous racheter ; mais il doit revenir à la fin des temps dans tout l'éclat de sa gloire. C'est ce qu'on nomme la Parousie. Ce retour du Christ est l'objet de notre foi ; et le Maître lui-même nous a prescrit de veiller et d'attendre. Pour chacun de nous il reviendra à la mort ; mais pour tous il y aura un second avènement, où il doit juger le monde et clore le cours des siècles [après avoir régné universellement sur la terre]. Sa date reste le secret de Dieu. C'est de ce dernier qu'il est ici question. Pour ceux qui savent souffrir et pleurer dans cette vallée des larmes, qui ont faim et soif de la justice et soupirent après le règne de Dieu, cette venue sera une délivrance et une allégresse. [ ... ] Si le Bienheureux de Montfort pouvait signaler comme prochains les temps derniers au seuil desquels il a vécu, nous avons lieu de penser que nous y sommes entrés et y avançons notablement. Combien d'années ou même de siècles nous restent à parcourir ? Ne songeons pas à le déterminer car le jour du Seigneur nous surprendra comme un voleur (I Thess. v, 2). C'en est assez pour ne pas rejeter dédaigneusement l'opinion de ceux qui à la clarté des événements, conjecturent que le monde se hâte vers sa fin et que se prépare le retour du Christ. Mais ce qu'il nous importe de conclure de ces considérations, c'est qu'il faut faire nôtres les vertus et les labeurs plus qu'ordinaires des apôtres annoncés par Montfort ; car si les temps actuels sont au nombre des derniers, soyons du moins à la hauteur de la mission que Dieu nous demande. » (L'auteur, chap. I)