L'objectif de cette étude est d'évaluer le retentissement psychologique de l'avortement auprès de toutes les personnes impliquées dans cette pratique, et de dégager, à partir de l'observation de cette réalité, de nouveaux enjeux d'ordre éthique.
L'étude repose sur une enquête menée durant plusieurs mois, au sein même du système hospitalier. L'axe visé a été à la fois celui de l'observation neutre et de l'écoute empathique des personnes, de l'assistante sociale au médecin en charge des IVG, des femmes concernées aux conseillers conjugaux et aux équipes d'infirmiers. Toutes les entrevues ont fait l'objet d'une retranscription fidèle : elles montrent, parfois de façon saisissante, la réalité vécue par les différents acteurs.
On est au cœur du système, et ce qu'on observe nous interpelle très profondément : le malaise des soignants, l'inadéquation entre la loi et les réalités vécues, des dysfonctionnements générant des situations injustes, les pressions répétées, les IVG "tardives" pratiquées au-delà du délai sans consultation préalable, l'urgence à agir, l'absence de temps d'écoute et de parole, mais surtout la souffrance personnelle vécue par chacun, à tous les niveaux, et une forme insidieuse de loi du silence qui l'empêche d'être entendue.
Cette observation ne se veut pas représentative ; cependant, elle dit quelque chose des enjeux éthiques soulevés au sens large par la pratique de l'avortement aujourd'hui en France, et appelle à une prise de conscience collective.
L'auteur, certifiée en Lettres, diplômée en éthique médicale et titulaire d'une maîtrise de sociologie est actuellement en fin de licence de psychologie à Nice. Elle a déjà réalisé un mémoire sur la fin de vie lors de son stage de maîtrise de sociologie, mémoire fondé sur la même démarche empirique : celle de la rencontre et de l'écoute. Elle se dirige aujourd'hui vers un master de psychologie clinique et vers une spécialité : la clinique des traumatismes. Maman de trois enfants de 10, 9 et 6 ans, elle est, avec son mari, déléguée à la "Pastorale de la vie" sur le Diocèse de Fréjus-Toulon depuis 2001.