Un bandit ou un sudiste ?
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.----. En Europe, l’image de Jesse James est celle d’un bandit, pilleur de banques, de diligences et de trains. En vérité, Jesse James est d’abord un guérillero sudiste qui, la guerre de Sécession terminée, continua à frapper les intérêts yankees avec son frère Franck et d’autres.
Franck, le grand frère de Jesse, avait rejoint l’armée confédérée dès le début de la guerre, en 1861. A partir de 1862, les James, les Younger et tant d’autres Missouriens de convictions sudistes mènent une guérilla à travers l’Etat du Missouri, resté dans l’Union. Cette action clandestine perdure après la fin de la guerre, en 1865, et se caractérise par une succession de braquages légendaires. La bande James-Younger fait l’objet d’une véritable traque de la part des hommes de la Pinkerton’s National Detective Agency.
Alain Sanders nous raconte cette aventure plus complexe que l’image que nous en laissent quelques westerns du cinéma hollywoodien.
[ Breizh-info le 10 juillet 2022 ]
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Biographie : Un guérillero sudiste
3/5 La Nouvelle Revue d'Histoire .
.----. Buffalo Bill, Davy Crockett, Billy the Kid, Wyatt Earp, Doc Holliday, les frères James,
on ne compte plus les figures du Far West passées dans l’histoire... ou dans la légende.
Parmi celles-ci, Jesse James a toujours occupé une place particulière et privilégiée,
beaucoup plus que son frère Frank, plus effacé. Aussi bien, est-ce Jesse qui a été le héros
d’innombrables films, depuis le cinéma muet jusqu’à L’Assassinat de Jesse James parle
lâche Robert Ford (2007), en passant par Le Brigand bien-aimé (1939 et 1957), La
Légende de Jesse James (1972), et une bonne dizaine d’autres.
Dans ces films, la légende l’emporte le plus souvent sur l’histoire, et c’est un peu ce que
fait aussi Alain Sanders dans l’excellent ouvrage qu’il consacre aujourd’hui au « bandit
bien-aimé ». Il applique le précepte célèbre d’un héros de John Ford et il imprime, lui
aussi, la légende. On connaît la prédilection de l’auteur pour les armées confédérées et
tout ce qui se rattache à l’épopée sudiste. C’est le cas de Jesse James qui guerroyait à leurs
côtés, jusqu’à la fin, et même au-delà, poursuivant une guérilla sauvage, en compagnie
d’autres rebelles. Ce sont un peu les « soldats perdus » de la Confédération, moitié
patriotes, moitié bandits de chemins de fer et braqueur s de banques, au Missouri, au
Kentucky, dans l’Iowa ou dans le Missouri.
De 1865 à 1882, braquages et pillages se succèdent jusqu’à ce que le 3 avril 1882, Jesse,
trahi par « Le lâche Robert Ford », son dernier complice, soit tué par, ce dernier, acheté
par le gouverneur du Missouri, lequel avait mis sa tête à prix. Pendant sa longue cavale,
Jesse avait souvent été protégé par des réseaux d’ex-confédérés, reconnaissants des
croupières qu’il taillait aux Yankees (mais pas seulement) et qui faisaient de lui un héros
de la cause sudiste. Cela n’était pas faux, mais du patriotisme au brigandage, la frontière
était ténue et fut souvent franchie. Après la mort du héros, la légende s’édifia
rapidement, avec d’abord de nombreux livres, plus tard les premiers films muets (joués
parle propre fils de Jesse !), sans oublier maintes chansons, comme la célèbre Ballade de
Jesse James où il est dit: « Il volait les riches pour donner aux pauvres ».
Cette légende est sans doute plus belle que l’histoire, mais Sanders a eu bien raison de
préférer celle-là à celle-ci, suivant le conseil de John Ford et préférant la belle image à la
réalité un peu moins reluisante. Il a pu donner un beau livre, et c’est cela qui compte. [ Philippe d’Hugues dans " La Nouvelle Revue d’Histoire ", n° 88, janvier-février 2017 ]