La famille moderne, en France comme en Angleterre, prolonge les expériences du Moyen-Age en les transformant. Noyau de la société, elle est à la fois unité de production, de consommation, de procréation et d'éducation. Elle forme une communauté fondée non seulement sur la parenté, mais aussi sur un patrimoine transmis de génération en génération, et se donne pour but le maintient du lignage, son ascension dans la société et son enrichissement. Chaque Maison a ses formes de vie propres, ses conventions et ses traditions, constituées au cours des âges par les succès, les joies et les malheurs communs.
Pourtant, du XVIe au XVIIIe siècle, une évolution s'affirme. La Famille-clan se scinde en ménages. Les valeurs de l'amour conjugal s'épanouissent. Les assises juridiques, matérielles, démographiques et sociales de la famille subissent et réfractent les transformations générales des deux royaumes. La seconde moitié du XVIIIe siècle connaît une véritable crise, où sont préfigurés les principaux traits de la famille contemporaine.
Aidé par une vaste érudition et un solide esprit de synthèse, René Pillorget nous offre un modèle d'histoire comparée. Il nous montre comment deux peuples, jouant sur une gamme commune de problèmes et de valeurs, ont su exprimer leur génie propre dans le choix des solutions adoptées et faire de leurs familles le réceptacle et le laboratoire de leurs vices et de leurs vertus.
Né en 1924, René Pillorget est agrégé d'Histoire et docteur ès lettres. Il a enseigné successivement à Saigon, à Alger, à la Sorbonne et à Tours. Il est actuellement professeur d'histoire moderne à l'université d'Amiens.
Auteur de Les mouvements insurrectionnels de Provence entre 1596 et 1715 (1975), il a également collaboré à plusieurs ouvrages collectifs et publié de nombreux articles dans des revues françaises et étrangères.