De la portée scientifique de l'Écriture
5/5 https://www.riposte-catholique.fr/
.----. Notre ami Dominique Tassot, ingénieur des Mines et docteur en philosophie, animateur du Centre d’Etudes et de Prospective sur la science (CEP), vient de publier, aux éditions Via Romana, un passionnant petit ouvrage intitulé La Revanche du lièvre, sur l’inerrance des Ecritures et les rapports entre science et foi. Riposte catholique l’a interrogé.
(Dominique Tassot: La Revanche du lièvre, Via Romana, 176 pages)
Vous venez de publier un livre sur l’inerrance des Ecritures. Que signifie au juste ce dogme?
Comme l’étymologie le montre, « in-errance » signifie absence d’erreur. Or l’erreur est humaine. C’est pourquoi ce mot rare est absent des dictionnaires : il ne s’emploie que pour l’Ecriture sainte, texte inspiré par Dieu et, à ce titre, ne pouvant comporter aucune erreur. Comme l’enseigne le catéchisme, Dieu ne peut ni se tromper ni nous tromper. Mais attention ! Cette vertu si particulière, l’absence d’erreurs, ne concerne que le texte original inspiré directement à l’auteur humain ; il n’en va pas nécessairement de même pour nos traductions.
Beaucoup d’exégètes sont d’accord avec vous pour reconnaître que la Sainte Ecriture est parole de Dieu, mais ils ne vous suivraient pas jusqu’à parler d'”inerrance scientifique”. Que leur répondez-vous?
Depuis deux siècles, afin d’éviter jusqu’à la possibilité d’une nouvelle « affaire Galilée », des théologiens ont cru habile de se replier sur une ligne de défense simpliste : la science nous explique le « comment » ; la foi (ou la Bible, ou la religion) répond à la question « pourquoi ? ». Ils réduisent donc l’inerrance aux questions de foi et de mœurs. Or il existe dans la Bible (à la différence du Coran) un très grand nombre de passages qui décrivent des phénomènes de l’univers ou bien des événements historiques, si bien qu’une confrontation avec les sciences demeure inévitable. La mauvaise solution consiste à mettre toute divergence avec la science du moment sur le compte des connaissances supposées rudimentaires des bergers de Palestine : alors c’est notre science qui se fait juge de ce qui, dans la Bible, est à retenir comme inspiré par Dieu et de ce qui est « abandonné à la faiblesse de l’écrivain humain ». Cette manière de considérer la Bible détruit en pratique la notion d’inspiration, même si elle en conserve le mot. Conscients du danger, les papes Léon XIII, Pie X, Benoît XV et Pie XII ont condamné toute restriction de l’inerrance à telle ou telle partie de la Bible. Mais bien des exégètes, loin de se considérer comme membres de l’Eglise enseignée, se donnent au contraire la mission d’expliquer au Magistère ce qu’il devrait dire.
Vous avez intitulé votre ouvrage La revanche du lièvre. Pourquoi ce titre?
Dans le livre du Lévitique, il est affirmé que le lièvre est un ruminant (Lv 11, 6). Or le lièvre n’a pas un estomac en 4 parties comme la vache et on ne lui voit pas le bol alimentaire remonter par l’œsophage. La rumination du lièvre a donc été longtemps considéré comme l’exemple-type « d’erreur » dans la Bible. Une science plus complète, depuis les années 1950, a montré que la rumination n’était pas une particularité anatomique mais une transformation biochimique : les bactéries du rumen transforment les végétaux ingérés en des protéines qui remontent à la bouche en vue de leur digestion finale. Or l’estomac du lièvre possède un appendice latéral, le cæcum, où les végétaux mastiqués sont transformés par des bactéries en petites boulettes noires protéinées, les cæcotrophes. Ces dernières sont récupérées et avalées durant la nuit à l’anus. Le lièvre est donc bien un ruminant, mais la remontée du bol alimentaire est externe et n’avait pas été observée jadis. Cette histoire de la rumination du lièvre donne donc un bon exemple à l’appui de cette affirmation de Léon XIII : « Quantité d’objections provenant de toutes les sciences ont été faites depuis très longtemps contre l’Ecriture. Elles sont maintenant oubliées : elles étaient sans valeur… Comme le temps fait justice des fausses opinions, ainsi la vérité demeure et se fortifie éternellement. » (Providentissimus Deus, 1892)
Aujourd’hui, le plus gros “contentieux” entre la science et la Révélation porte sans doute sur l’évolution. Pouvez-vous nous en dire un mot?
Dans la première page de la Genèse, texte très concis décrivant la Création, il est une formule répétée 10 fois – insistance qui prouve son importance ! – et cette formule concerne les sciences naturelles. Il s’agit de l’expression « selon son espèce ». Et de fait, les êtres vivants nous sont rendus connaissables par l’existence de traits permanents qui traversent les générations et qui permettent de les décrire et de les nommer. Sans le concept d’espèce, il n’y a plus de science possible ! Or la théorie de l’évolution déclare que les espèces sont des illusions, que les êtres vivants sont en transition permanente entre une forme ancestrale inconnue (qu’on cherche à retrouver parmi les fossiles, mais en vain) et une forme future indéterminée. Il est évident que, si la génétique avait existé avant Lamarck et Darwin, ils auraient reculé devant cette énormité : les mutations sont toujours neutres ou régressives ! La conséquence pour la religion est immédiate : si les espèces ne sont pas des réalités substantielles, l’espèce humaine n’existe pas non plus, la transmission du péché originel est un mythe, et l’idée d’une Rédemption par un second Adam semblable au premier devient absurde. Il est navrant de voir tant de grandes intelligences catholiques chercher à concilier Création et évolution, sans mesurer l’inutilité d’un tel travail, puisqu’il s’agit d’une théorie fausse !
Vous êtes parfois sévère sur la science contemporaine, notamment sur le Big bang. Pourquoi?
Ce n’est pas les diverses sciences, en tant qu’elles observent et étudient le réel, que je conteste. Mais à partir de certaines données des sciences, il s’est fabriqué une « vision scientifique du monde » qui prétend tout expliquer, en particulier nos origines. Or les lois de fonctionnement d’une chose, celles que la science met au jour, demeurent muettes sur les origines de cette même chose. Les lois des éruptions volcaniques ne nous disent rien sur l’origine du magma ; la chimie des pigments est muette sur les causes qui ont poussé Léonard de Vinci à peindre la Joconde. Or on présente certaines théories (à la vérité plus mathématiques que physiques) comme si elles expliquaient l’origine de l’univers et, à ce titre, dispensaient de recourir à un Créateur. C’est bien cette utilisation abusive de théories scientifiques par les athées que je conteste, et non le travail des chercheurs qui s’en tiennent aux faits observés. Le plus navrant dans cette affaire est de méconnaître les limites de la science et, a contrario, de sous-estimer la puissance et la sagesse de Dieu. S’il y a aujourd’hui un « désenchantement du monde », comme on l’a écrit, c’est bien par la réduction du réel à ce que la science en dit, alors que les merveilles de l’univers (et tout spécialement celles de l’esprit et du cœur humain) ne cessent de solliciter notre admiration et notre reconnaissance envers le Créateur.
[ Signé : Vini Ganimara le 20 novembre 2013 ]
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L’Écriture ne peut se tromper puisque Dieu en est l’auteur !
5/5 Una Voce .
.----. Le sujet de cet ouvrage est tout simplement l’inerrance de la Bible.
L’inerrance est un mot rare, unique, un mot qui n’est employé que dans ce sens : « L’Écriture ne peut se tromper puisque Dieu en est l’auteur ». C’est ce que l’on appelle un hapax. Et cet ouvrage, aux proportions discrètes, 170 pages, s’il requiert un peu d’attention, n’est pas du tout difficile à lire. Il répond à bien des questions et démontre que Celui qui a dit : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie » ne peut ni se tromper, ni nous tromper, comme dit l’acte de foi.
Et cet ouvrage a tellement plu à Mgr Brunero Gherardini, ancien doyen de la faculté de théologie de l’Université pontificale du Latran, qu’il a offert une préface à l’auteur. Il la commence ainsi : « J’ai eu le plaisir de lire le présent travail avant sa publication. Je confesse sans difficulté que ce fut une lecture surprenante et satisfaisante. Surprenante, parce qu’il n’est pas rare qu’on soutienne exactement le contraire. Satisfaisante parce que tout ce qui est dit dans le présent ouvrage – et dans le sens précis où cela est dit dans le présent ouvrage – attire l’attention sur une vérité que les nouvelles « lumières » de l’infatuation néo-moderniste avaient étrangement « obscurcie » : l’inerrance biblique. »
Et des prêtres s’accordent pour dire : « Comme nous aurions été heureux d’avoir cet ouvrage quand nous étions au séminaire; Nous y aurions vu plus clair bien plus tôt ! »
Dominique Tassot montre que l’inerrance de l’Écriture, « l’infaillibilité ne peut être restreinte aux seules vérités dogmatiques ou à celles du salut ».
On peut se poser la question : que veut dire ce titre, la revanche du lièvre ? C’est bien simple. L’Écriture affirme que le lièvre est un ruminant et depuis des siècles on se demande pourquoi il a été classé parmi ces animaux à l’étrange digestion. Depuis quelques décennies, nous savons à la suite d’une découverte nocturne et surprenante « per amica silentia lunae » que le lièvre peut être classé « ruminant »… La Science finit par confirmer l’Écriture.
L’ouvrage de Dominique Tassot est un véritable traité d’apologétique. Il prend les objections si je puis dire, à bras le corps et les démonte. Certes la Bible n’est pas un ouvrage qu’on pourrait qualifier de scientifique, mais il se trouve qu’inspiré par le Saint-Esprit, il ne peut raconter des fariboles scientifiques !
Les dernières lignes de cet ouvrage écrit par un esprit scientifique pointu – on peut faire confiance à l’animateur du CEP (Centre d’Études et de Prospective sur la science), ingénieur des Mines, pour ne pas opposer l’Écriture à la Science – rappellent bien que science et révélation divine ne peuvent s’opposer : « Démasquer comme factice cette vision scientifique du monde qui fait écran entre nous et la réalité divine, réinstaurer en son lieu et en juste place une vision biblique et chrétienne de l’univers et de l’homme, tel est peut être le grand basculement aujourd’hui nécessaire au salut commun de la science et de la foi. » [ Jacques Dhaussy dans : Una Voce, n° 294, janvier-février 2014 ]
Le rapport entre la Bible et la vérité.
5/5 Correspondance européenne N 275 du 10 nov 2013.
La recherche d'un rapport équilibré entre la foi et la raison et du rapport spéculaire entre la religion et la science est toujours à l'ordre du jour dans la vision catholique du monde, de la culture et de l'histoire. Mais aujourd'hui, ceci est tout particulièrement vrai et pressant et ce pour deux types de raisons. Tout d'abord parce que la science, ou au moins la science officielle, la science académique et universitaire, est devenue athée, voire même théophobe, c'est-à-dire ennemie déclarée de Dieu et de la foi.
Certes, le positivisme et le scientisme de naguère constituaient des visions scientifiques athées mais leurs déviances pseudo-rationalistes contemporaines se placent désormais explicitement dans une position de persécution ouverte vis-à-vis des sceptiques et de ceux qui nourrissent des doutes à l'égard des nouveaux paradigmes indiscutables tels que l'évolutionnisme, le Big Bang, l'égale dignité entre l'homme et l'animal, le caractère infini de l'univers, la relativité d'Einstein, etc.
En outre, et ceci est le second aspect du problème, une théologie catholique "scientifique", sachant jouer le rôle de contrepoids à la science antichrétienne promue et imposée par les démocraties occidentales fait cruellement défaut. Cette carence, qui est nette au moins depuis un siècle, a connu une forte aggravation depuis la fin du Concile Vatican II, au travers de la formation de tendances théologiques soit purement et simplement fidéistes soit hyper scientifiques mais dans le sens d'une acceptation en bloc des paradigmes susmentionnés et de l'idée selon laquelle il existerait un abîme entre la Bible et la science. Le scientifique Dominique Tassot, excellent connaisseur des choses théologiques et philosophiques et Directeur du trimestriel "Le Cep", prend pour thème de son dernier ouvrage le rapport entre la Bible et la vérité, que celle-ci soit d'ordre historique, scientifique ou religieuse (La revanche du lièvre... ou De la portée scientifique de l'Ecriture, préface de Mgr Gherardini). (Extrait de l'article)