La République est donc, par essence anti-organique
5/5 Permanences.
.----. "Où est la Cité dans la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen ?" s'interrogeait Jean de Viguerie dans les Deux patries: essai historique sur l'idée de patrie en France. Oui, où est la Cité, mais aussi où est la paroisse, le village, la province, la France, enfin? Où sont les familles, les métiers, les communautés civiles et religieuses?
Le citoyen "façon 1789" ne vient de nulle part, n'habite nulle part, avec personne. La République est donc, par essence anti-organique. Mais, pour survivre, il lui a fallu, dans ses diverses versions et tout autant dans la Cinquième, et spécialement en temps de crise, reconnaître des éléments organiques pour survivre, quitte à les désavouer une fois le péril passé.
L'ancien Régime, lui, était organique car tous ses habitants appartenaient non seulement à une communauté, mais à plusieurs qui se juxtaposaient, se confondaient, s'empilaient, aux divers plans, géographiques, corporatifs, politiques, religieux… Les liens nombreux et complexes qui unissaient ces communautés étaient réglés par la Coutume, longtemps non écrite (et dans le Midi, par le Droit romain).
Chaque groupe humain, de la plus petite paroisse aux trois grands ordres (noblesse, clergé, tiers-état) entre lesquels les sujets du roi étaient répartis, avait une fonction et une gestion propre.
La société pouvait donc être comparée à un corps dont la tête était le roi. Elle était très hiérarchisée, mais aussi démocratique à sa manière, avec ses multiples élections à l'intérieur de ses multiples corps intermédiaires.
Cette organisation permettait de respecter le principe de subsidiarité suivant lequel chaque échelon avait son domaine de compétence propre assorti d'une autonomie vis-à-vis des échelons supérieurs.
En outre, ainsi était aussi respecté le principe de finalité selon lequel "les groupements du corps social sont des organes vivants et complémentaires qui agissent chacun pour leur bien commun propre, mais aussi pour le bien commun du corps tout entier" (p. 19).
"Cette conception organique avait une grande force instituante car elle s'enracinait dans le modèle de la famille, cellule de base sur laquelle reposait la société tout entière" (p. 19).
Cette société organique, au cours de sa longue vie pleine de péripéties, de CIovis à Louis XVI, n'a pu exister qu'adossée au christianisme. Fondée dans le baptême du peuple franc, elle avait pour souci et but ultime le salut de ses membres.
Cette vision surnaturelle permettant de distinguer, sans les séparer, les choses du ciel et celles de la terre, et ce, à tous les niveaux, de l'individu au pouvoir central. Tout acte solennel se déroulant en présence de Dieu, comme les testaments, qui commençaient par le signe de la Croix.
On comprend, dès lors, que la Révolution française, anéantissant la société organique, institua, simultanément, le laïcisme. Ce fut fait méthodiquement.
D'abord par l'abolition des privilèges, qui supprimait toute trace de la féodalité, mais aussi tous les particularismes et autonomies sur lesquels s'appuyaient les ancienne solidarités.
Dans cette logique, le corps de l'Eglise fut ensuite détruit par la Constitution civile du Clergé, le droit au divorce fut promulgué (premier acte de la première République), les corporations supprimées (ce qui ressuscita quelque peu les anciennes formes de l'esclavage, l'ouvrier étant désormais seul et sans protection contre le chômage ou l'arbitraire).
En ce qui concerne le laïcisme, les Constituants avaient bien légiféré "en présence de l'Etre suprême", mais "ils ne cherchaient pas la source de l'autorité en Dieu, ni son principe. Ils ne les cherchaient que dans l'homme" (p.41).
Cet Etre suprême évoqué au début de la Révolution, qui n'était pas le Dieu de Jésus-Christ, disparut vite de l'horizon nouveau et il fallut chercher "une transcendance de substitution" pour consolider "le règne de la liberté et de l'égalité".
C'est alors que les révolutionnaires instituèrent le culte de la Raison qui excluait toute référence à Dieu et fondaient une religion laïque. Ainsi la laïcité devint "la pierre d'angle" de la République, sa référence suprême, son principe organisateur... avec, pour conséquence, un absolu relativisme. En effet, nulle vérité, dès lors, ne pouvait être invoquée… car, au nom de quoi ?
"La nation est l'assemblage des individus" (Sieyès. Qu'est-ce que le Tiers Etat?). Comment faire vivre ensemble cette somme d'individualismes, maintenant, que, du passé, il a été fait table rase? L'étude de Mme Deswarte montre qu'il a bien fallu retourner au réel et que les République n°2, 3, 4 et 5 durent réinjecter une dose d'organicité dans leur fonctionnement…
Cependant, deux siècles plus tard, le problème est toujours le même, il se résume dans l'affrontement entre les principes de la République et la réalité organique.
"Le peuple dépossédé de sa dimension communautaire par un individualisme électoral généralisé, le territoire remodelé au grès des projets décentralisateurs et décolonisateurs, la souveraineté peu à peu diluée dans le projet d'une société mondiale "multicentrée", sont autant de progrès de l'idée directrice républicaine réalisés au détriment de la réalité du pays" (p.244).
Et donc, "à l'heure actuelle, nous sommes à la croisée des chemins d'un pays qui "se découvre malade", et qui comprend qu'il est incapable d'élaborer d'une manière autonome les valeurs fondamentales du vivre ensemble.
La France détient pourtant les ressources intellectuelles et spirituelles capables de l'aider à recouvrer les principes vitaux de les son organicité et à être la Res publica dans laquelle son être même peut se retrouver" (p.246)
Et l'auteur de conclure: "C'est à ce niveau que se situe, pensons-nous, le remède à nos maux: se défaire de l'homme abstrait dont l'histoire récente montre combien il lui est difficile de résister aux idéologies, pour laisser l'homme concret (cet homme dont Marcel De Corte disait qu'il était "fait d'une âme incarnée dans un corps et dans les corps de surcroît que sont ses communautés de vie") s'enraciner dans des structures sociales qui soient de véritables structures de vie" (p.247). [ Hélène FRUCHARD dans : Permanences, n°528-529 ]
Congrès des familles / 2014 .
5/5 Jean - Saumur - 49
A l'occasion du Congrès des familles près de Chateauroux les 29-30 et 31 août 2014 François Legrier, Président du MCF signale : J'attire votre attention notamment sur la conférence d'ouverture, prononcée par Madame Marie-Pauline Deswarte, professeur émérite de droit et d'histoire des idées politiques, auteur d'un livre édité récemment par les éditions Via Romana " LA REPUBLIQUE ORGANIQUE EN FRANCE : UN PATRIMOINE CONSTITUTIONNEL A RESTAURER ". Dans la préface, M. Bertrand Mathieu, professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne, souligne que l'auteur plonge aux racines de la société organique, c'est-à-dire dans le système de l'Ancien Régime, monarchique et catholique, et ne se contente pas de faire œuvre d'historien, mais propose un modèle d'organisation sociale et politique, ... articulé autour d'un vecteur commun : la religion qui fonde un ordre naturel organisé autour de communautés familiales, professionnelles..., dont les rapports sont régulés par le principe de subsidiarité. ***** " francois.legrier@m-c-familles.fr "
De Gaulle - Mitterrand
5/5 Gilles de Grépiac .
.----. Mais, dira-t-on, De Gaulle en a parlé et la décentralisation fut accomplie sous Mitterrand. Oui, De Gaulle a parlé de république organique comme il a parlé de l'Algérie française, oui, la Ve République a installé des régions, mais elles sont artificielles, créées dans un cadre politique et étrangères au Pays réel. Ces régions sont des morceaux du fromage démocratique : une déconcentration des rouages politiques donne l'apparence d'une décentralisation, mais il s'agit d'une illusion. " Le département est un des pires mécanismes antiphysiques appliqués au corps de la France " ( - Maurras, "La République et la Décentralisation" ). De Gaulle, qui avait tout en main, retomba par idéologie jacobine, dans les vieilles habitudes républicaines. Au lieu de considérer la France comme un être historique, il se faisait, le mot est horrible et sent la révolution, " une certaine idée de la France ". ( suite ... ).