Lorsque la rentrée au Séminaire d'Issy en octobre 1906, amena parmi nous un nouveau contingent d'élèves, nous, les anciens, c'est-à-dire les élèves de deuxième année, nous remarquâmes très vite, parmi de tout jeunets, un confrère d'aspect un peu plus mûr : il avait 26 ans déjà, était licencié ès lettres. Il s'appelait Lucien Chatelard. Assez grand, air méditatif, la tête un peu penchée de côté.
M. l'abbé Maugendre, dans le présent volume, nous retrace la vie ardente de ce jeune prêtre, issu d'un milieu assez laïc, qui connut lui-même une éclipse de sa foi, mort à l'âge du Christ.
Nous retrouvons quelque chose de l'élan que Lucien Chatelard sut donner à ceux avec lesquels il vécut, dans les textes qui suivent la biographie à proprement parler. Ce sont des articles écrits pour une revue toulousaine de liaison sacerdotale, intitulée A l'Oeuvre ! ce sont aussi des lettres écrites à des amis en communion de pensée, dont Jules Fourès-Carles, diacre de Carcassonne, dont je me souviens bien.
Ces témoignages montrent l'ardeur religieuse et apostolique d'un séminariste et d'un jeune prêtre à une époque qui marqua la renaissance de l'Église de France ; il est de ceux qui ranimèrent la foi et aussi le sens chrétien de la Patrie en bien des coeurs.
Évêque de Strasbourg, je suis heureux de relever toute l'affection agissante que Lucien Chatelard portait à l'Alsace, à des moments où elle attendait avec anxiété son sort futur.
Que l'auteur soit remercié d'avoir ressuscité la mémoire d'un condisciple, et frère, à l'idéal duquel, avec des nuances évidemment, nous communions profondément.
Jean-Julien Weber, Archevêque-Évêque de Strasbourg.