Dans cette affaire, l'une des plus difficiles qu'ait eu à affronter la pensée chrétienne dans les siècles passés, plusieurs systèmes de pensée, plusieurs métaphysiques s'opposent. Le système platonicien et néo-platonicien selon lequel, en réalité, il n'y a pas de création. Tout est donné de toute éternité au sein de l'Un. La multiplicité des êtres, apparente, ne peut s'expliquer que par une Chute ou une Apostasie, comme disent certains Gnostiques, et Plotin. De ce point de vue, bien entendu, tout est prévisible, puisqu'il n'y a jamais rien de nouveau. Le temps mesure une Chute, comme l'écrit Plotin, une Dégradation.
Dans la pensée du monothéisme hébreu, le temps ne mesure pas une chute ni une dégradation, mais une création continuée d'imprévisible nouveauté. Et donc, de ce point de vue, on ne peut pas soutenir que l'avenir est prévisible à partir du passé. Le problème est de savoir comment la liberté incréée de l'Unique regarde, considère cette liberté créée qui est en train de naître, qui est en train de se former, et quelles sont les relations de dialogue entre la liberté incréée de l'Unique, et la liberté créée. Le problème est donc beaucoup plus difficile, dans la perspective du monothéisme hébreu, que dans la perspective du platonisme et du néoplatonisme, que Leibniz va reprendre et développer.