En 1595 est apparu un texte mystérieux, attribué sans preuve à saint Malachie, ami de saint Bernard, qui évoque la suite des 111 papes qui ont régné (ou doivent régner) depuis l'année 1143. Ce texte est constitué de 111 formules de deux, trois ou quatre mots latins, supposées s'appliquer à chacun des papes successifs. Beaucoup de ces 111 formules donnent lieu à des rapprochements surprenants avec la personne du pape concerné ou avec des événements survenus durant son pontificat. Citons entre autres Peregrinus apostolicus (Le voyageur apostolique) attribué à Pie VI, déporté par la Révolution française, transféré de prison en prison jusqu'à sa mort. Ou encore Aquila rapax (L'aigle ravisseur) : des soldats de Napoléon, pourvus, comme des voleurs, d'échelles et de grappins enlèvent le pape Pie VII qui vivra d'exil en exil jusqu'à Fontainebleau où il mourra. Citons également Religio depopulata (La chrétienté dépeuplée), formule attribuée au pape de la Grande Guerre, Benoît XV.
Si l'Eglise n'a pas à prendre position sur un tel document, plusieurs papes lui ont cependant donné une sorte de caution. Pie X (1903-1914) : "après ma mort, il y aura vraiment Religio depopulata". Jean XXIII, saluant par deux fois son prédécesseur, Pie XII, avec la formule qui lui est dévolue par la prophétie de Malachie : Pastor angelicus. Il semblerait que la fin cachée de la prophétie soit la fixation à une date unique, dans un souci d'œcuménisme, de la date de Pâques pour tous les chrétiens, voire pour les Juifs, suivant le vœu exprimé par Vatican II. Quoi qu'il en soit, la lecture de cet ouvrage, qui est à la fois un survol de l'histoire de la chrétienté des quatre derniers siècles et un ensemble surprenant de rapprochements tels qu'on ne peut que se demander s'il n'y a pas là un texte "inspiré", ne peut laisser indifférent.