La (nécessaire) conversion
3/5 Thierry
Cet ouvrage est bien construit et agréable à lire. Cette idée de la conversion jamais achevée est intéressante et bien développée, mais même s'il traite les deux types de conversion (la foi et les œuvres), en fin de compte le livre s'adresse davantage aux chrétiens et je déconseille de le donner à lire aux incroyants car l'auteur n'explique pas la nécessité de la conversion. En gros, c'est : convertissez-vous car quand vous serez mort ce ne sera plus possible. Sauf que l'auteur ne met pas en évidence les conséquences funestes de ne pas se convertir avant de mourir. L'enfer n'est cité que deux fois, me semble-t-il. Or une hérésie répandue est de croire qu'on peut se repentir et demander pardon une fois mort lors du jugement particulier, ou juste avant. Et l'auteur non seulement n'en met pas en garde le lecteur, mais tend à la confirmer par une citation de Crime et châtiment (de Dostoïevski) qualifiée de "tirade admirable" :
" Je sais, moi, Marmeladov, l'infâme, je sais qu'au jour du Jugement, le Seigneur me dira : "Allez, viens, venez vous tous les débauchés, les ivrognes, les pécheurs publics, venez, entrez dans le Royaume." Alors les sages s'écrieront : "Comment, Seigneur, vous les accueillez aussi ceux-là ?" Et le Seigneur les regardera en disant : "Apprenez, gens raisonnables et intelligents, que si je les reçois, c'est que pas un d'entre eux ne s'est jugé digne de cette faveur." Alors, le Seigneur nous ouvrira les bras, alors nous nous jetterons vers lui, alors nous fondrons en larmes et nous comprendrons tout.""
Non, il faut un repentir sincère et faire effort pour renoncer au péché AVANT le jour du Jugement. Cette citation entre directement en contradiction avec la première épître de saint Paul aux Corinthiens : "Ne vous y trompez point: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces ne posséderont le royaume de Dieu."
A part ça, le livre est riche en anecdotes et plein de sagesse. L'auteur insiste surtout sur la miséricorde et l'humilité, et peut-être pas assez à mon goût sur le minimum de bonne volonté requis même s'il n'oublie pas la question.
Bref je recommande ce bon bouquin mais à éviter en première lecture pour ceux qui ne croient pas et n'ont pas le minimum d'instruction catholique pour comprendre l'importance de se convertir pour être sauvé.