La mort de Louis Balthazar

Mon roman est un roman religieux. Ce genre de production, dans le siècle où nous sommes, est peu fait pour attirer l'attention de la foule - et donc des éditeurs. A qui cherche un divertissement dans mon livre, je ne saurais trop conseiller d'en abandonner la lecture et de s'en servir pour remplacer le pied d'un meuble branlant. Mon ouvrage procède d'un double mouvement, qui est celui-là même de la vie chrétienne : d'un côté, j'affirme vigoureusement Notre Seigneur Jésus-Christ ; de l'autre, je nie tout aussi vigoureusement ce qui me semble le contraire ou l'opposé de ce que je prétends affirmer. La part de la négation semblera trop importante à certains de mes lecteurs ; mais que l'on me concède que dans l'affreux monde moderne, celui-là qui est issu de la Révolution dite française, la masse d'ombre est si épaisse qu'il faut marcher longtemps dans les ténèbres avant de trouver la lumière. La première partie de l'ouvrage ressemble à un couloir dont les murs se resserrent au fur et à mesure que l'on avance. Le lecteur y franchit des paliers qui le font descendre dans un monde obscur et suffocant. La deuxième partie de l'ouvrage est une lente et progressive remontée vers le jour et la clarté. Ce roman est un roman à intrigue, où le comique tempère l'horreur et où les élévations prennent le pas sur les brusques descentes aux abîmes. Ayant dit ces choses, lecteur, bien que tu ne sois pas Dante et que je ne sois pas Virgile, je te prends par la main et t'embarque à présent sur la nef de Charon.