De la guillotine au confessionnal .
5/5 Action Familiale et Scolaire (AFS).
.----. Nous publions ici des extraits de l'introduction et de la conclusion d'un très beau texte de 4 pages signées Yves de Lassus dans " AFS ", numéro 271 , octobre 2020 :
Le 13 juin dernier, alors qu'il allait avoir 95 ans, Jean Raspail mourait . Mes relations virtuelles avec lui (c'est-à-dire par romans interposés) ont été plutôt ombrageuses . Sans récuser le concert de louanges entendues depuis son décès, le ton désespérant de certains de ses romans, Le camp des Saints malgré son caractère prémonitoire, Sire, ... m'avait petit à petit détourné de leur lecture . Sept cavaliers a fait débordé le vase . Depuis, je n'ai plus voulu lire un seul roman de Raspail, jugeant qu'il y avait moult auteurs mieux inspirés, comme Wladimir Volkoff, même si ce dernier était viscéralement orthodoxe . ( ... )
Ainsi, à la joie de lire un livre très bien écrit s'ajoute la joie d'une méditation d'une grande profondeur sur la miséricorde, la confession et la grâce . Ecrire un roman sur la confession était osé ... et difficile . Si difficile qu'il eut une genèse inhabituellement longue : 49 ans entre le début de la rédaction et la première parution ! Ce qui prouve que le sujet a été pour l'auteur l'objet d'une LONGUE RECHERCHE et d'une tout aussi longue maturation .
Commencé en 1966, Jean Raspail l'abandonne au bout de quatre ans . Il le reprend 33 ans plus tard, le complète et le montre à l'abbé Chanut, curé de Sault-les-Chartreux, la paroisse qu'il fréquente . L'abbé Chanut, profondément ému par la lecture du manuscrit, lui demande avec insistance de le publier, donnant ainsi au livre une solide garantie de rectitude doctrinale . Publié une première fois en 2015, placé comme un intrus au milieu d'un recueil de six romans, il sort enfin en mai 2019, dernier d'une série de plus de 40 livres .
Un grand merci à Jean Raspail d'avoir si bien illustré par ce roman ce que sont la vraie miséricorde et la confession . Certes, ce n'est qu'un roman, même s'il part d'un fait réel . Mais quelle fin superbe pour un écrivain que de terminer sur un si bel écrit, si empreint de miséricorde ... et d'espérance, effaçant ainsi les reproches que l'on peut faire à certains de ses livres . Que ce roman soit pour Jean Raspail la clé qui, comme la parole du Bon Larron : " Seigneur, souvenez-vous de moi lorsque vous serez dans votre royaume ", lui ouvre la porte du Paradis .
Apogée de sa carrière !
5/5 Plaisir de Lire .
.----. Couronné pour l'ensemble de son oeuvre, Jean Raspail est bien l'un des grands écrivains actuels. Chacune de ses oeuvres conduit le lecteur à la réflexion et à l'interrogation. La Miséricorde marque l'apogée de sa carrière ; il semble qu'il s'y surpasse. C'est grâce à la lancinante interrogation sur la vie spirituelle d'un condamné à perpétuité dans sa cellule que ce roman captivant prit naissance. Ce serait donc là une clé que Jean Raspail propose, comme la lumière perçue du fond de la caverne qui en indique une issue. N'est-ce pas la lueur que Pierre perçoit dans le regard du Christ qui en fait " l'Elu ", alors que Judas évitant ce regard, refusant la Croix et son rachat méprisé des pharisiens se condamne à jamais ? Jean Raspail offre ici à chaque lecteur le choix de donner lui-même une conclusion à son dernier roman.
POUR QUI CE LIVRE ? A réserver aux lecteurs avertis, vraiment adultes, car les faits sont excessivement durs et peuvent ébranler les plus jeunes. Edition originale d'une des nouvelles issues de " Là-bas, au loin, si loin " parue en 2015 aux éditions Robert Laffont, coll. Bouquins. [ Numéro 189 - septembre 2019 ]
Ministres de la miséricorde
5/5 Politique Magazine .
.----. Etonnant, passionnant, simple autant que sublime. Jamais le mot miséricorde n'a été tant employé que de nos jours, on ne le sait que trop, et pour justifier le grand n'importe quoi de la modernité. Ici la miséricorde se lit dans les vertus de foi et d'espérance. C'est donc de la vraie charité. Ces vertus triomphent dans une histoire qui peut être vraie, tant elle est vraisemblable, et qui nous plonge au cœur de l'Eglise, et dans le cœur des ecclésiastiques, avec toujours ce soupire que permet la distance d'un personnage qui se trouve mêlé à cette affaire comme témoin extérieur, Français typique qui ne sait plus où il en est de ses amours et de ses péchés. Le voici au pied du prêtre qui a commis le pire des crimes et qui est, par expérience, le meilleur des ministres de la miséricorde.
Lisez, c'est du Raspail. Et l'histoire n'a pas de fin... et c'est bien ainsi. Les pointillés en disent suffisamment. Jean Raspail est un grand monsieur. C'est aussi un grand cœur. [ Signé HC dans " Politique Magazine, numéro 181 - juin 2019 ]
Il se lit comme un témoignage !
5/5 Politique Magazine .
.----. C'est un roman ; il se lit comme un témoignage. C'est ce que veut l'auteur, notre ami Jean Raspail. Il a tenu à éditer à part cette œuvre que nous avions déjà lue, mais dans une publication qui rassemblait d'autres œuvres. C'est donc, en tant que tel, une sorte d'inédit.
Voilà du Raspail, et du meilleur, et qui est pourtant moins connu. Qui ne connaît, en effet, l'auteur du Camp des Saints, de Sire, des Sept cavaliers, dont l'imagination méthodique dresse le tableau vivant de nos décrépitudes et, au-delà, essaye de tracer dans la nuit du symbole et dans la brume de l'analogie, pour ceux qui comprennent encore les paraboles, des chemins de renaissance.
Son style qui a la justesse du sentiment, en est poignant, avec l'élégance aristocratique de celui qui voit et qui sait qu'il voit, mais qui plutôt que d'en faire un cours fastidieux, vous montre ce qu'il faut comprendre et donc anticiper. Derrière le ton tragique de Raspail, il y a ainsi bien de l'ironie qu'il a l'art de dissimuler. Cette ironie est un jugement sur le siècle et ses absurdités qui l'engloutissent.
Mais cette ironie porte également une morale et cette morale est espérance : il y a une issue à la tragédie. Où ? Comment ? Et voilà la porte ouverte à la religion, la vraie et même à la mystique. Qui l'eût dit, que c'était le fond de l'âme de Raspail ? C'est ce que révèle ce roman, justement intitulé La Miséricorde. ( suite ... )
Peut-on abandonner un prêtre en prison ?
5/5 Le forum Catholique
.----. En juin 2018, l'abbé Spriet signait ce billet dans LA NEF au sujet d'une précédente édition de ce livre de Jean Raspail :Retour sur un inédit de Jean Raspail
Le concile Vatican II a demandé aux évêques qu'ils soient des « pères » pour leurs prêtres. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas mais cela arrive. Trop rarement. C'est l'un des sujets d'un roman, inachevé mais très réussi, de Jean Raspail que les éditions Robert Laffont ont publié en 2015 dans la collection « Bouquins » : La Miséricorde.
L'intrigue s'appuie sur une histoire vraie : celle, terrible, du curé d'Uruffe (1956). Peut-on abandonner un prêtre en prison, même s'il a été justement puni pour meurtre commis avec sauvagerie sur une femme avec laquelle il avait péché et dont il a ouvert le ventre pour pouvoir baptiser sa fille avant de la tuer et de la défigurer à son tour ? Y a-t-il des limites à la miséricorde de Dieu et de l'Eglise ?
L'Eglise abandonne-t-elle ses fils prêtres tombés dans le péché ? Existe-t-il un avenir pour ces prêtres après leur sortie de prison ? Une rédemption ? Et même une possibilité de revenir dans le ministère et d'y faire des merveilles parce qu'ils auront vécu et expérimenté jusqu'au plus profond de leur chair et de leur être ce qu'est la Miséricorde du Père ? Pour ceux que ces questions intéressent, la lecture de ce roman inédit est conseillée. Ils ne seront pas déçus. Pour tous ceux qui ont connu l'abbé Christian-Philippe Chanut : elle est obligatoire ! [ Abbé Laurent Spriet repris sur le Forum Catholique le 17 mai 2019, ]
Magnifique leçon de vie !
4/5 Le Petit Grégoire .
.----. Ceci est un livre coup de poing, il ne peut être mis entre toutes les mains et certains adultes même pourraient être dans l'incompréhension voire le scandale, à sa lecture.
On ne présente plus Jean Raspail, le Petit Grégoire avait d'ailleurs déjà recensé un de ses ouvrages en 2006. Mais là, honnêtement, il est désarçonnant. Si le style d'écriture est toujours aussi parfait, le sujet choisi et l'approche générale de l'ouvrage le mettent un peu hors catégorie.
L'art de celui qui fait recension consiste à en dire suffisamment pour que le lecteur ait envie d'en savoir plus, mais pas trop, comme on pourrait le faire en rédigeant une fiche de lecture ou un résumé de texte... Jean Raspail, s'appuyant sur des faits terribles qui se sont déroulés en France fin des années cinquante, écrit un roman qui pivote sur deux périodes de la vie d'un seul et même prêtre, et imagine des dialogues de confessionnal. Dans la première période le pénitent est ce prêtre qui vient d'accomplir un crime monstrueux, dans la seconde l'auteur est lui-même le pénitent et il s'adresse au confesseur occasionnel, qui n'est autre que ce même prêtre sorti d'une longue peine de prison... Quelques personnages secondaires sont d'un grand intérêt pour relancer le récit.
Jean Raspail a mis beaucoup de temps pour publier ce livre. Etait-il si travaillé par la méditation sur le sacrement de pénitence et sur la miséricorde divine ? Le texte est grand, émouvant, toujours juste, même lorsqu'il est glaçant.
Nous savons d'expérience que la corruption du meilleur est la pire. Nous savons aussi que l'abîme du péché appelle l'abîme de la miséricorde divine, selon ce que nous enseigne le psaume (41, 8). Ce que nous rappelle Jean Raspail sur la couverture de l'ouvrage : " Nul ne savait plus rien de lui, par une sorte de conspiration du silence entre l'administration pénitentiaire et le magistère catholique romain, lequel, pas plus que Dieu, n'abandonne jamais ses prêtres déchus, fussent-ils au delà de l'indignité."
Ce qui en soi est déjà une magnifique leçon de vie et de vie surnaturelle pour nos faiseurs de morale contemporains. [ " Le Petit Grégoire " , numéro 91 , septembre 2019 ]