Un livre qui fâche les imbéciles
5/5 Jacques de Saint-Priest
Je sens qu’on progresse. À défaut d’avoir lu le livre de l’abbé Cekada, Yann-Laurier-Laurent Morlier en a au moins vu l’appendice (pp. 443-446) et peut-être parcouru la table des matières.
Mais qu’on se rassure, son « avis des lecteurs » - ou ce qui en tient lieu – consiste en tout et tout pour tout en une objection sur l’usage ou non des réformes de 1955. L’objection en question n’est d’ailleurs évidemment pas soulevée pour elle-même. Sous le vernis apparent, le sieur Morlier vient en tout et pour tout racoler en faveur de l’éternel objet de ses pensées enamourées : j’ai nommé Paul VI, supposément toujours vivant et bien sûr immaculé malgré son modernisme pourtant notoire et abondamment documenté.
Qu’on le veuille ou non, c’est un fait établi : la réforme liturgique a commencé sous Pie XII en 1948. Cf. le chapitre III du livre de l’abbé Cekada, qui dresse l’historique du processus. Pour certains lecteurs, ce sera peut-être une découverte. Mais pour les lecteurs de Jean Vaquié, de Jean Crété ou de l’abbé Bonneterre, ce n’est pas une révélation. Ce n’est pas une révélation non plus pour les lecteurs des mémoires de Bugnini ou d’Antonelli.
Bien sûr il est certain qu’un pape, investi du Primat de juridiction dans l’Église, ne peut pas « constituer une discipline », et donc une réforme liturgique, « dangereuse [et] nuisible », c’est-à-dire dangereuse et nuisible pour la foi et les mœurs. Qui soutient le contraire tombe sous l’anathème porté par le pape Pie VI dans sa bulle Auctorem fidei (28 août 1794, proposition 78).
« Les pontifes sont infaillibles dans l’élaboration des lois universelles concernant la discipline ecclésiastique, en sorte qu’elles ne peuvent jamais établir quoi que ce soit contre la foi et la morale, même si elles n’atteignent pas le suprême degré de la prudence. » (Wernz-Vidal, Ius canonicum, université pontificale Grégorienne, Rome, 1923, t. II, p. 410.)
Personne n’a jamais affirmé que les réformes de Pie XII (nouvelle traduction du Psautier, nouvel ordo de la Semaine sainte, réforme des rubriques de 1955, encouragements à la messe dialoguée, etc.) étaient dangereuses et nuisibles pour la foi.
En revanche, tous les traditionalistes non ralliés à l’église conciliaire s’accordent à reconnaître que les réformes de Paul VI, au moins les réformes de 1969, sont dangereuses et nuisibles pour la foi (cf. le Bref Examen critique, La Révolution liturgique de Jean Vaquié, les études d’Arnaldo Xavier da Silveira, du docteur Coomaraswamy, ou de la FSSPX : Le Problème de la réforme liturgique). Ce qui pose immanquablement (qu’on le veuille ou non), au regard de la bulle Auctorem fidei, la question de la légitimité de Paul VI (votre chéri Paul VI). Pour peu évidemment que le diagnostic posé notamment par le Bref Examen critique soit exact. Mais au regard de plus de cinquante années de naufrage de la liturgie et de la foi, affirmer le contraire relève de plus en plus dangereusement de l’autisme pur et simple.
Cela étant dit, tous les traditionalistes quelque peu férus de liturgie savent à quel point les réformes de Pie XII ont été appauvrissantes. Il suffit par exemple d’examiner ce qu’est devenue la bénédiction des Rameaux dans le nouvel ordo de la Semaine sainte (1955) ou de tenter de chanter les vêpres avec la nouvelle traduction du Psautier (1948) pour s’en rendre compte. Le moins que l’on puisse dire, donc, c’est que les réformes liturgiques de Pie XII n’atteignaient certes pas « le suprême degré de la prudence » !
La foi était sauve, mais certes pas la prudence. Ni un patrimoine liturgique parfois immémorial (qu’on songe par exemple à la disparition de l’octave de l’Épiphanie en 1955). Mais la foi étant sauve, la question de la légitimité de Pie XII ne se pose pas.
Le bien connu Mgr Gromier a délivré un diagnostic sans appel sur les réformes de la Semaine sainte. Il considérait pour autant que les réformes de Pie XII avaient force de loi, et la chose va en effet de soi.
Est-ce à dire pour autant que l’abbé Cekada – et d’autres – se sont fourvoyés à passer outre les réformes se Pie XII et à revenir au statu quo ante (missel, bréviaire, rituel, pontifical de saint Pie X) ?
Sur le plan du droit, et face à la volonté d’imposer le missel de Paul VI, l’abbé Dulac avait déjà donné la réponse. En raison de la bulle Quo primum, tout prêtre jouit d’un indult perpétuel de célébrer la messe conformément au missel de saint Pie V réformé par Clément VIII, Urbain VIII et saint Pie X. Cela concerne donc non seulement l’ordinaire, mais le propre du missel en question : a fortiori les cérémonies de la Semaine sainte, très largement antérieures (!).
Donc, ne vous en déplaise, et n’en déplaise à Yves Daoudal (qui par ailleurs, à court de théologie, estime qu’il ne peut pas y avoir de sacrilège là où les rites sont invalides – ainsi, à l’entendre, un prêtre qui singerait la célébration de la messe ne commettrait pas un sacrilège !), il n’y a nulle contradiction à reconnaître la légitimité de Pie XII d’une part, et à contester la prudence de ses choix liturgiques et à revenir au missel de saint Pie X d’autre part.
Yann-Laurent-Morlier-Laurier est donc renvoyé à ses chères études, en le priant de consacrer un peu moins de temps à ses divagations sur l’improbable survivance du funeste Paul VI (survivant parce que l’homme-qui-a-vu-l’homme-qui-a-vu-l’homme-qui-a-vu-l’ours s’en porte témoin, et parce que, confondant les sacramentaux efficaces ex operans operantis avec les sacrements valides ex opere operato, on veut naïvement croire que les démons sont censés ne pas pouvoir mentir au cours d’exorcismes où l’on s’est manifestement plus attaché à le faire bavarder qu’à tenter de délivrer la possédée devenue medium !).
En guise d’annexe
À en croire le très éminent cardinal Billot, il semble hors de doute – parce qu’il présente cette doctrine comme étant commune – que l’adhésion pacifique de toute l’Église est le signe infaillible a posteriori de la légitimité d’un pape. Dont acte. Mais il est également communément admis que si un pape légitime venait à professer publiquement l’hérésie, il cesserait ipso facto d’être pape. Le cardinal Billot, qui rappelle également cela, défend l’opinion selon laquelle la divine Providence ne permettra jamais qu’un vrai pape tombe dans l’hérésie, mais il souligne expressément que l’opinion qu’il défend n’est pas commune.
Donc à supposer que l’Église dans sa totalité ait pacifiquement adhéré à la personne de Paul VI une fois élue (21 juin 1963) cela ne signifie pas par le fait même que le sieur Paul VI soit ensuite demeuré pape.
Ouvrage majeur
5/5 Jacques de Saint-Priest
L'abbé Cekada a signé là un ouvrage majeur, l'ouvrage d'une vie, couronnement d'années d'études consacrées au sujet. On notera la parfaite maîtrise des sources. Ouvrage d'ailleurs salué par tous dans les milieux traditionnels anglo-saxons.
Sous ce rapport, les réactions des pisse-vinaigre du tradiland franco-français sont significatives de leur bêtise et de leur sectarisme : haro sur l'auteur parce qu'il était sédévacantiste ! Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt. Parmi les pisse-vinaigre, on notera la présente intervention du sieur Laurier, alias le très reconnaissable et très prévisible Laurent Morlier, qui attend toujours (en vain) Paul VI comme les vagabonds de Beckett attendent Godot et confond la critique des livres (qu'il semble n'avoir point lu, ni même parcouru) avec le plaidoyer pro domo. Qu'il se décide plutôt à s'employer à faire enfin son travail et à rendre à nouveau disponibles plusieurs titres des éditions DFT d'ici la fin des temps.
Une fracture , rupture complète avec la tradition
4/5 https://www.lesalonbeige.fr/
.----. La messe de Paul VI constitue une fracture et une rupture complète avec la tradition liturgique
A l’heure de Traditionis custodes, les éditions Via Romana publient une traduction du livre de l’abbé Anthony Cekada, parue en anglais en 2010. C’est une somme impressionnante sur la réforme liturgique. Au delà de l’esthétique, de la nostalgie, du sens du sacré ou du désir de mystère dans la religion, qui font parfois préférer la messe traditionnelle, l’abbé Cekada montre les changements impressionnants qui ont bouleversé la liturgie, dans cette étude complète et approfondie de la Messe de Paul VI. Son ouvrage est le fruit de trente ans de recherches sur les origines, la nature et les présupposés théologiques de la réforme liturgique du XXe siècle.
L’abbé Cekalda souligne l’idéologie des novateurs, qui ont perverti le mouvement liturgique engagé par Dom Guéranger (lequel qualifiait d’hérésie antiliturgique la volonté de célébrer face au peuple, en langue vernaculaire, et en changeant les textes de la sainte messe). La transformation de la messe se base notamment sur un mensonge : il faut restaurer la liturgie corrompue au cours du moyen âge, et l’adapter aux besoins et à la mentalité de l’homme contemporain, ce qui est tout à fait contradictoire, et l’auteur le montre bien. Les plus anciens textes liturgiques sont aux antipodes de la mentalité contemporaine. L’abbé Cekalda a dressé la liste de toutes les expressions qui ont été supprimées des oraisons et du lectionnaire (soi disant enrichi) parce qu’elles ne correspondaient pas à la mentalité contemporaine. De fait, la liturgie a été modifiée pour correspondre à l’œcuménisme avec les protestants (parce qu’avec les orthodoxes, cela aurait donné autre chose…). Les chiffres soulignent cette rupture :
Sur les 1182 oraisons que comporte le Missel traditionnel, environ 760 furent entièrement supprimées. Sur les 36% environ qui restaient, les réformateurs modifièrent plus de la moitié avant de les réintroduire dans le nouveau Missel. Par conséquent, seulement 17% des oraisons de l’ancien Missel parvinrent, intactes, dans le nouveau Missel.
L’auteur souligne que les novateurs ont menti en prétendant que le nouveau cycle de lectures offrait un panorama plus complet des enseignements du Nouveau Testament. Or, un certain nombre de thèmes ont été systématiquement caviardés, notamment dans les oraisons : la colère de Dieu, le châtiment du péché dès ici-bas, l’enfer, les condamnations du monde, les incrédules, les hérétiques, la digne réception de l’Eucharistie…
Ils ont traité ces passages en les excluant des Messes du dimanche, en en laissant certaines parties facultatives, en supprimant des versets isolés, en permettant une lecture de substitution ou en les excluant carrément du Lectionnaire.
L’un des aspects de la nouvelle messe c’est qu’elle porte en son sein la possibilité des abus liturgiques, ces fameux abus dénoncés par un certain nombre de prélats, jusqu’au pape, mais dont on ne sait pas exactement où ils commencent. Et pour cause : il n’y a plus réellement de rubriques intangibles. Au nom de la participation active, elles ont été remplacées par un certain nombre d’options laissées à la discrétion du célébrant, allant jusqu’à la possibilité d’inventer des textes (à la place de l’Introït, par exemple). C’est pourquoi la célébration des messes Paul VI change d’une paroisse à l’autre. De même, la communion dans la main et le service d’autel par des filles, d’abus sont devenus autorisés, voire encouragés (et dans certains endroits c’est la communion sur la langue qui est désormais interdite). La suppression totale du latin et du grégorien (qui devaient pourtant occuper la première place dans la liturgie) ne sont pas des abus. L’abbé Cekada montre, avec les textes du Concile, des instructions vaticanes qui ont suivi (en 1964, 1967), jusqu’à l’Instruction Générale (1969 puis 1970), que la créativité liturgique fait partie intégrante de la nouvelle messe, au nom d’un certain soin pastoral, qui permet de tout déréglementer et de tout justifier. Exemple de ce “en même temps”, concernant l’usage du latin, dans la Constitution Sacrosanctum Concilium (n°36) :
1. L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins
2. Toutefois, soit dans la messe, soit dans l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place, surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombre de prières et de chants, conformément aux normes qui sont établies sur cette matière dans les chapitres suivants, pour chaque cas.
3. Ces normes étant observées, il revient à l’autorité ecclésiastique qui a compétence sur le territoire, mentionnée à l’article 22 (même, le cas échéant, après avoir délibéré avec les évêques des régions limitrophes de même langue), de statuer si on emploie la langue du pays et de quelle façon, en faisant agréer, c’est-à-dire ratifier, ses actes par le Siège apostolique.
Le 26 novembre 1969, le pape Paul VI déclarait :
Ce n’est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe.
L’abbé Anthony Cekada (1951-2020), de nationalité américaine, ordonné prêtre en 1977 par Mgr Marcel Lefebvre, a quitté la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X en 1983 pour devenir sédévacantiste. C’est le principal défaut de son ouvrage, souligné par Yves Daoudal : il remet en cause la validité de la nouvelle messe tout en jugeant, en même temps, qu’elle est sacrilège, ce qui est contradictoire. Yves Daoudal a également étudié la transformation révolutionnaire des textes de la messe et du bréviaire : un véritable massacre liturgique qui montre que la nouvelle messe est une création et non un développement harmonieux conforme à la tradition.
[ Signé : Michel Janva le 2 octobre 2021 ]
Y-a-t-il influence sédévacantiste ?
4/5 http://yvesdaoudal.hautetfort.com/
.----. Les éditions Via Romana publient opportunément (ou non) une traduction du livre de l’abbé Anthony Cekada sur la messe, qui avait fait forte impression dans le monde tradi anglophone lorsqu’il était paru, en 2010. J’en avais entendu parler comme de la critique de référence de la nouvelle messe, le fait que l’auteur soit sédévacantiste n’ayant aucune influence sur sa démonstration.
Honnêtement, ce n’est pas vrai. Le propos n’est pas ouvertement sédévacantiste, mais il l’est en profondeur. Car, au terme de son étude, l’abbé Cekada conclut que la messe de Paul VI est sacrilège et invalide. On ne voit pas bien comment elle peut être sacrilège si elle est invalide (« Ni Corps, ni Sang, ni Messe »), mais surtout, il est impossible de considérer que depuis 50 ans les papes célèbrent à Rome une parodie de messe. Sinon à en conclure que ces papes ne sont pas des papes…
Or l’argument de l’abbé Cekada ne tient pas. Selon lui la messe de Paul VI est invalide parce que les paroles de la consécration ont été modifiées et qu’on les appelle « Récit de l’institution » et non plus « Consécration ». Mais on ne voit pas comment les paroles « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », pourraient être invalides, et chaque liturgie a ses propres formules d’introduction de ces paroles. En outre, l’ensemble s’appelle « Prière eucharistique » (et non plus canon, puisqu’il y en a plusieurs dans le nouveau rite), ce qui est par exemple aussi le cas dans la liturgie byzantine.
Ce qui est irrecevable aussi est sa façon de présenter les 11 étapes qu’il voit dans la révolution liturgique (la 11e étant la nouvelle messe), comme s’il s’agissait d’une ligne continue, alors qu’il y a évidemment une différence essentielle entre les réformes très partielles qui laissent intact l’ordo missae (et l'essentiel de tout le reste), et la révolution proprement dite qui impose un nouvel ordo missae et démolit une bonne partie de tout le reste). D'ailleurs, quand il en arrive à son exposé sur la nouvelle messe, il le montre bien.
L’abbé Cekada compare méticuleusement les deux ordos et montre pas à pas comment le nouveau a été fabriqué selon les présupposés idéologiques des novateurs. Le plus impressionnant est sans doute son analyse du début des deux ordos. Il montre que tout est déjà là : l’orientation vers le peuple et non vers Dieu, le primat de l’assemblée et non du prêtre, et donc la fin de la préparation du prêtre à monter à l’autel (du reste il n’y monte pas avant l’offertoire… qui est supprimé en tant que tel, remplacé par une cérémonie indigente entièrement nouvelle).
La démonstration, sur toute la messe, est remarquable, magistrale. Cela ne va pas toutefois sans quelques crispations. Il dénonce « la notion fausse que le peuple offre le sacrifice », ce qui d’une certaine façon est juste, mais il omet de citer la prière du canon qui dit précisément que les fidèles présents « offrent eux-mêmes ce sacrifice de louange pour eux et pour tous les leurs, pour la rédemption de leurs âmes… ». Il ne supporte pas qu’on compare la vie sur terre à un pèlerinage, alors que saint Augustin, pour ne citer que lui, le souligne vingt fois… Et la haine du sédévacantiste se manifeste quand il prétend que pour Joseph Ratzinger, et il cite L’esprit de la liturgie, l’orientation traditionnelle n’est rien d’autre qu’un symbole cosmique, à la Teilhard de Chardin. Ceci est un mensonge caractérisé. Dans L’esprit de la liturgie, Joseph Ratzinger écrit notamment : « Dieu s’est manifesté à nous, (…) c’est pour cela qu’il est toujours raisonnable dans la prière d’exprimer que l’on se tourne vers ce Dieu qui s’est révélé à nous. Et comme Dieu lui-même a pris un corps, qu’il est entré dans l’espace et le temps de notre terre, ainsi convient-il – au moins dans le culte communautaire – que nous parlions à Dieu de façon incarnée, que notre prière s’accomplisse de manière christologique et que, par la médiation de celui qui est devenu homme, elle se tourne vers le Dieu trinitaire. Le symbole cosmique du soleil levant exprime l’universalité qui transcende tout lieu et affirme que Dieu s’est révélé de manière concrète. Notre prière s’insère dans la procession des peuples vers Dieu. »
L’abbé Cekalda définit très bien l’idéologie des novateurs : il faut modifier la liturgie dans le sens de l’œcuménisme (avec les protestants) ; il faut restaurer la liturgie qui a été corrompue au cours du moyen âge, et l’adapter aux besoins et à la mentalité de l’homme contemporain. Ces deux desseins sont a priori contradictoires : les plus anciens textes liturgiques sont aux antipodes de la mentalité contemporaine. En fait, la « restauration » est un mensonge : on fait du nouveau en tripatouillant et défigurant de l’ancien. Et d’abord à grands coups de ciseaux. L’abbé Cekalda a dressé la liste de toutes les expressions qui ont été supprimées des oraisons parce qu’elles ne correspondaient pas à la mentalité contemporaine. C’est un travail impressionnant. Et très utile.
Il semble qu’il n’ait pas connu les textes de dom Antoine Dumas sur la façon dont ont été fabriquées les nouvelles oraisons. Il le cite pour les préfaces : « Les meilleurs textes, s’ils avaient été reproduits sous leur forme originale, auraient été insupportables, pour ne pas dire défectueux. » Pour les oraisons, Antoine Dumas a décrit plus en détail la charcuterie des textes et la confection des oraisons Frankenstein qui n’ont plus rien de ce qui faisait la valeur des textes antiques. Cela fait l’essentiel du livre indispensable de Lauren Pristas sur Les oraisons du missel romain, publié trois ans après la parution du livre de l’abbé Cekalda. (Voir mes petites études "Il y a 50 ans", en haut de la colonne de droite de ce blog.)
L’auteur se penche aussi sur le lectionnaire, et il dresse une liste de passages du Nouveau Testament censurés dans la néo-liturgie parce qu’ils sont trop déplaisants pour les hommes de notre temps. Le comble (ou l’incroyable aveu) étant cette phrase supprimée au beau milieu d’une lecture de l’Apocalypse : « Si quelqu’un retranche quelque parole du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du livre de vie et de sa cité sainte. »
Le problème est que, dans le contexte actuel, il est impossible de citer ce livre dans le cadre de négociations avec des évêques ou avec Rome, puisque toute la démonstration est orientée vers la conclusion que la messe de Paul VI est invalide.
Il convient même d’avertir au préalable le lecteur potentiel que cette trajectoire en droite ligne que prétend tracer l’abbé Cekalda en 11 étapes depuis la première réforme jusqu’au nouvel ordo est fausse : elle résulte du présupposé sédévacantiste de l’auteur. Elle n’est d’ailleurs pas sans provoquer un certain amusement. Car 4 des 11 étapes ont eu lieu sous Pie XII (le dernier pape…). L’auteur doit donc ramer pour expliquer que Pie XII était « trop crédule », « trop impressionné par les grands intellects » et « trop rêveur » (sic !), et surtout qu’il a été abusé par les novateurs quand il était malade (sic, en 1951, en 1954, en 1955, en 1958), alors que (l’antipape) Paul VI a voulu absolument et personnellement toutes les étapes après Vatican II…
[ Signé Yves Daoudal le mercredi 29 septembre 2021 ]
La messe de Paul VI en question
3/5 Gérard
Lefèbvre a nommé la messe de Paul VI "La cène de Luther". Cependant, il a toujours défendu la validité de cette Cène prostestante. Alors soit Lefèbvre est un ignorant-imbécile ce qu'il ne peut être soit, c'est un traitre qui a fait semblant de s'opposer à l'église de toutes les religions dont il est l'hérésiarques pour avoir approuvé TOUS les documents fondateur du Concile Vatican II. gerardlaurencon@gmail.com
Malaise...
3/5 Yvan
Malaise…
L’étude de l’abbé Cekada aurait beaucoup gagné en crédibilité si elle s’était bornée à bien exposer les reproches et défectuosités graves contenues dans le nouveau rite (à l’exemple du célèbre « Bref examen critique » des cardinaux Ottaviani & Bacci), sans ajouter ces jugements inappropriés pour un clerc sans mission canonique, sans juridiction, et sans autorité à ce niveau : « invalide, sacrilège, hérétique » !… C’est ce que souligne Yves Daoudal avec raison, ainsi que les autres commentaires qui suivent… Il porte là en effet un jugement sans autorité qui n’est en fait qu’un avis tout personnel qu’il aurait mieux fait de garder pour lui sans l’écrire dans son étude. C’est dommage car les excès nuisent !
« Cette question de la validité des nouveaux rites sacramentels ne peut pas et ne doit pas être séparée de deux autres questions inéluctablement liées : celle de la conformité des rites à la foi catholique, et celle de la réalité de l’Autorité qui les a promulgués… Seule l’Église pourra donc trancher catégoriquement et définitivement la question… » : Sage réflexion émise par un prêtre pourtant sedevacantiste (Hervé Belmont) ! mais que ne suis pas l’abbé Sekada malheureusement… Et c’est bien navrant parce que cette exagération, ce jugement qui ne lui appartient pas, peut mettre à mal l’ensemble de son étude, comme je le lis sur le Forum catholique : « ... si ce que vous appelez des "arguments de fond"(*) conduisent au sédévacantisme, c'est qu'il y a fort à parier que ces arguments sont faussés à la base. »
Eh oui ! parce que s’il estime qu’un rite invalide radicalement puisse être produit par un pape reconnu tel par l’ensemble de l’Église universelle en 1963 (donc assurément vrai pape selon Billot et tous les théologiens), rite accepté ensuite par tous les évêques résidentiels catholiques de la planète, c’est démontrer… l’indémontrable, puisqu’un vrai pape (antériorité du fait) ne peut pas produire un rite qui ne serait pas valide, et adopté ensuite par quasi toute l’Église enseignante, en raison justement de l’indéfectibilité de l’Église… Car oui, si toute la hiérarchie légitime de l’époque (1963) s’était unie à un pseudo anti-pape (pas de cause juridiquement démontrable à l’époque), puis à un concile hérétique, puis à une Messe invalide, elle aurait fait défection et c’est carrément l’Église catholique légitime qui s’auto-détruit ! Et aujourd’hui, il n’y aurait donc plus du tout de hiérarchie légitime dans l’Église ?!… (Or, une vraie Messe DOIT être en communion avec une légitime hiérarchie, vivante, fut-elle réduite ou éclipsée : cf. les reproches du cardinal PIE à la Petite-Église…) - C’est soutenable cela ?? Bref, en l’état, son livre peut être rejeté d’emblée par a-priori… catholique ! Un comble !
L’abbé de Nantes, malgré ses diatribes contre Paul VI, a beaucoup insisté sur cette ligne rouge à ne pas franchir et ça reste de grande actualité ! : son article de 1974 est à relire attentivement ! (lisible en ligne sur le site de la CRC : « la nouvelle Messe de Paul VI »)
https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/schisme-integriste/la-nouvelle-messe-de-paul-vi.html
« Dès qu’un pape a été accepté par toute l’Eglise pendant un certain temps, ce qui est certainement le cas de Paul VI pour plusieurs années, personne ne peut dire qu’il n’a jamais été pape et que donc … l’Eglise s’est trompée. L’Eglise entière ne peut jamais se tromper, de par cette promesse de Notre Seigneur Jésus Christ que : Les portes de l’enfer ne prévaudront pas... » (Abbé Jacqmin)
L’étude de l’abbé Cekada devient du coup une arme à double tranchant (si la nouvelle Messe autorisée par un vrai pape et adoptée hélas par toute la hiérarchie légitime de l’époque, était vraiment invalide – « mises de côté les aberrations de célébrants fantaisistes et impies » selon le mot de l'abbé Lagérie) –, l’Église catholique dans son fondement hiérarchique aurait sombré et serait morte !… Brillante conclusion en effet !) Tout cela n’éclaire donc pas vraiment la situation actuelle mais crée un gros et grand malaise dans l’Église !
- P. S. : dans le même ordre d’idée, l’abbé Cekada, à la fin de son étude, pose la question et la résout selon sa méthode…, afin de savoir s’il ne faut pas ignorer la réforme de PIE XII de 1955 (semaine sainte) et revenir au rite précédent… Là encore, il pèche en se prenant pour l’Autorité légitime ! Que les modifications opérées par Bugnini soient critiquables et contestables est une chose et on peut tout à fait l’écrire ; mais s’en affranchir alors qu’elles ont été prescrites à toute l’Église en 1955 par le pape PIE XII en est une autre ! On tombe dans l’anarchie. On croit bien faire en utilisant des méthodes schismatiques ! Mgr Gromier qui avait fait à l’époque des reproches à cette réforme, son texte est précédé ainsi : « si les raisons invoquées vous paraissent fondées, il ne s’ensuit pas évidemment que, sous prétexte d’une meilleure pastorale, vous deviez changer quoi que ce soit à l’ordonnance des offices de la Semaine Sainte. »
Donc, NON M. l’abbé Cekada, ce n’est pas « incongru et illogique » (p. 445) ! de suivre la liturgie prescrite en 1962, parce que JEAN XXIII étant assurément PAPE, on a l’obligation de suivre la liturgie PRESCRITE à cette époque ! A défaut de quoi, on méprise l’autorité Pontificale légitime sur laquelle l’Église est édifiée et on se prend pour celle-ci ! Le devoir de soumission en une telle matière n’est pas facultatif ! CQFD ! Si on veut revenir à la liturgie d’avant 1955, il faut clairement une autorisation de l’autorité légitime, un indult. Mgr de Castro Mayer a demandé un indult pour continuer avec l’ancienne liturgie et il l’a obtenu légalement pour tout son diocèse, du pape Paul VI, comme en Angleterre. Il n’a pas agi en mode « révolutionnaire » mais a respecté l’autorité du pontife Romain de l’époque. Même chose avec son admirable lettre de 1974 au pape Paul VI, où on constate qu’il avait un grand sens de l’Église et sa divine Constitution. Puisque seul le vrai Magistère légitime peut s’auto-interpréter avec autorité lorsqu’il y a problème sur un texte. Relire à ce sujet « Mediator Dei » !
Bref, ce livre avec ses exagérations est à même (ce qui est un comble !) de justifier les mesures de l’actuel Vatican ! Comme quoi, les extrêmes se rejoignent…
Et l'indéfectibilité de l'Église dans tout cela ?
3/5 Laurier
Il eut été sans doute plus judicieux de titrer l’ouvrage « la nouvelle messe de Bugnini en question », même si hélas le pape Paul VI eut la faiblesse de l’autoriser et la promulguer pour toute l’Église, sans néanmoins abroger juridiquement l’ancien rite (dixit Benoît XVI)… Il faut rappeler utilement que Bugnini, artisan central de cette réforme liturgique initiée bien avant 1969 ! fut nommé à cette tâche en 1948 par… PIE XII ! Mgr Sanborn fait aussi remarquer que tous les évêques modernistes qui ont œuvré au concile Vatican II avaient leur mission canonique du pape Pie XII ! Paul VI a donc hérité d’un épiscopat largement libéral… Blanchir PIE XII et noircir PAUL VI est binaire et caricatural. Le ver était dans le fruit depuis longtemps… Mystère d’iniquité !
Un petit livre qui vient de sortir dernièrement apporte une nouvelle lumière précisément sur cette souffrance personnelle causée au pape Jean-Baptiste Montini par une réforme liturgique avec laquelle il ne partageait pas grand-chose. Cf. le livre de Mgr Leonardo Sapienza, publié en Italie, le 16 mai 2018, consacré au pape Paul VI?: Paolo VI, una storia minima (Éditions Viverein, Monopoli, 2018). Et lire notamment l’article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, qui en a fait une recension : « Paul VI et la réforme liturgique ; il l’a approuvé mais elle ne lui plaisait guère ». Mgr Jacques Masson, dans un article bien documenté, attestera de la même évidence : « Pour rétablir la vérité sur la réforme liturgique… La nouvelle messe a été injustement appelée Messe Paul VI. » Mgr Jacques Martin le confirmera également, en apportant d’autres faits.
Quoiqu’il en soit, il faut rappeler plusieurs points essentiels de la doctrine catholique non abordés dans ce livre qui, de ce fait, rate sa conclusion. L’Église catholique n’est pas bâtie sur la Messe, mais sur Pierre et ses successeurs légitimes : LE PAPE ! C’est, faut-il le rappeler, le FONDEMENT (« Aedificabo » Matth. XVI, 18), d’où vient toute juridiction légitime sur terre et vraie autorité spirituelle (=ministres légitimes). C’est lui qui est la règle de la Foi ; c’est lui qui détermine la validité des rites sacramentels ; c’est lui encore qui établit la hiérarchie de juridiction sans laquelle il n’y a plus d’Apostolicité. Précisément c’est l’Église hiérarchique légitime qui SEULE détermine la validité des sacrements et elle seule (quand le Christ dans l’Évangile n’en a pas déterminé ni la forme ni la matière) ! et non un groupe de fidèles ou clercs sans autorité ni compétence ni juridiction... genre "Rore..." Cela est bien exposé dans la revue Études (1897) Tome 73, 1897, pp. 315-336. "La part de l’Église dans la détermination du rite sacramentel". Personne d’autre n’a autorité vraie en ces matières. Et il est impossible de déclarer sans aucune autorité ni mission canonique, même avec une étude de 500 ou 1000 pages… « invalide » une Messe pour le moins autorisée par un pape élu dans un légitime conclave et reconnu tel ensuite par l’authentique Église universelle sans aucune exception (=tous les évêques résidentiels de la planète), à l’été 1963 (fait dogmatique qui oblige DE FOI) : deux ans avant la clôture de Vatican II et six ans avant l’entrée en vigueur de cette « nouvelle messe ». Que dit le cardinal Billot d’un tel fait dans son Traité sur l’Église (1900) ? : « on doit tenir FERMEMENT comme absolument CERTAIN et entièrement HORS DE DOUTE que l’adhésion de l’Église universelle [à l’élection faite par le conclave] sera TOUJOURS et à elle seule le signe INFAILLIBLE de la légitimité de la personne du pape et donc aussi de toutes les conditions requises pour la légitimité proprement dite… » (Q. 14, thèse 29, n°950) (comment dire les choses avec plus d’emphase ? d’autant que tous les théologiens sont unanimes…)
Et il est donc impossible de traiter de la nouvelle messe sans aborder la question de l’Autorité dans l’Église ! Car ils sont liés. Voilà pourquoi Mgr Lefebvre n’a jamais pu déclarer l’invalidité intrinsèque de la nouvelle Messe… L’abbé de Nantes de même. Arnaldo Xavier Da Silveira avait tenté de traiter ces deux sujets connexes avec son livre « La Messe de Paul VI : qu’en penser ? » mais avec un résultat bien peu concluant… Tout ce qu’on peut dire c’est que la nouvelle Messe représente un affaiblissement du dogme, mais qu’elle n’est ni hérétique ni intrinsèquement invalide, pour les raisons ci-dessus. Son principal artisan le « mépisable, scélérat et mielleux » Bugnini (dixit Louis Bouyer dans ses Mémoires, au Cerf !) – et non moins franc-maçon ! – l’a réalisé avec une mauvaise intention, mais Paul VI l’a autorisé avec une intention catholique. Idem pour Pie XII avec la réforme de 1955. C’est tout le drame et l’imbroglio ! Paul VI réussit à renvoyer Bugnini et à supprimer sa Congrégation du Culte Divin en juillet 1975… La stupéfaction fut générale, surtout dans les milieux progressistes…
L’abbé Cekada a écrit son étude dans une logique sedevacantiste (=l’Église hiérarchique ayant juridiction ordinaire, d’institution divine ! n’existe plus depuis la mort de PIE XII, pour une cause juridique d’ailleurs indéterminée !). Sauf qu’aujourd’hui, ce sedevacantisme va droit dans le mur. Si Paul VI n’était pas pape, selon lui, il n’y aurait donc plus, sur terre, aujourd’hui, aucun évêque ayant reçu un mandat romain véritable, et donc TOUTE la hiérarchie (pourtant vraie et légitime à la mort de Pie XII) aurait sombré d’abord et n’existerait plus du tout aujourd’hui (plus de pape, plus de cardinaux, plus d’évêques résidentiels légitimes !), donc plus de juridiction nulle part. L’Église serait donc INTERROMPUE dans son élément essentiel, son fondement d’institution divine, qu’est la hiérarchie de juridiction, vraie et légitime. Et une hiérarchie interrompue à ce niveau ne peut plus se reconstituer : « l’Église indéfectible aurait péri » (dixit DTC, tome 1 b, Apostolicité)… Dénoncer ce qu’on estime être une hérésie pour tomber dans une autre n’avance pas à grand-chose ! PIE IX déclare qu’une telle supposition (la défection de toute la hiérarchie) est impie et « blasphématoire » (ETSI MULTA).
L’Église catholique serait-elle encore UNE et APOSTOLIQUE (Credo) si elle venait à perdre toute sa hiérarchie de juridiction légitime divinement constituée par le Christ (Pape et/ou évêques établis par lui) ? Clairement Non ! De multiples textes doctrinaux l’établissent !
Bref, on ne résout rien si on ne résout pas d’abord la question de la vraie Autorité hiérarchique dans l’Église, qui est établie sur ce fondement et qui ne peut pas disparaitre totalement (ne plus exister) ! Le cœur de la crise est là avant tout, et la solution n’est pas à chercher ailleurs qu’en respectant autant l’indéfectibilité que l’unité et l’apostolicité de l’Église, notes essentielles intouchables.
Le problème reste entier !
2/5 Laurier
Le problème reste entier !
Tout d’abord, les injures/insultes (« imbéciles ») sont l’argument final du faible, qui n’a plus rien de bien sérieux à répondre, comme on peut le voir ici… Car le problème reste entier, et les questions ESSENTIELLES soulevées ci-dessus se trouvent sans réponse dans l’ouvrage comme dans ses défenseurs (on les passe sous silence et/ou on s’énerve de rappeler ce qui dérange !)… Que je rappelle donc en quelques mots :
--- 1°/ Antériorité du FAIT et ici du FAIT DOGMATIQUE : Paul VI a été élu pape et pacifiquement reconnu tel par l’Église universelle à l’été 1963 sans aucune exception. Toute la hiérarchie était alors évidemment légitime (puisqu’établie par Pie XII), et en se réunissant autour de lui en concile universel, le fait est établi magistralement ! Ce FAIT DOGMATIQUE crée une certitude dogmatique : l’élu ainsi reconnu est CERTAINEMENT PAPE. Il ne s’agit pas là d’une « opinion de théologiens » comme on tente maladroitement de le faire accroire, mais encore une fois, d’un FAIT DOGMATIQUE qui ne se discute pas ! C’est tout le sens de l’exposé du cardinal Billot, qui utilise des termes justement très forts, incontournables, pour cette raison, liée à l’indéfectibilité de l’Église. Autrement, on tombe dans la mauvaise foi (dans les deux sens)… Alors, donc, pour ceux qui prétendent tout savoir mais qui manifestement l’ignorent, rappelons ce qu’est un FAIT DOGMATIQUE : « Qu’est-ce qu’un fait dogmatique ? C’est un fait qui, quoique en dehors de la révélation, est cependant intimement lié avec les vérités à croire ; en sorte que l’admission de ce fait emporte la croyance de quelque dogme. » Dictionnaire de théologie dogmatique, par Bergier, publié par l’Abbé Migne, 1850, tome 2, colon. 251-252. — « N°211 Faits dogmatiques. […] si tous les évêques conviennent de reconnaître un certain homme comme pape, ils ont certainement raison, car sinon le corps des évêques serait séparé de leur tête, et la constitution divine de l’Église serait ruinée. » Outlines of dogmatic theology [Résumé de Théologie Dogmatique], by Sylvester Joseph Hunter, 1829-1896. Imprimatur 1894, page 310 (traduction de l’anglais). — « Il faut entendre par là tout fait qui, sans être révélé, est en connexion si étroite avec le dogme révélé, que le nier ou le révoquer en doute, c’est du même coup ébranler les fondements du dogme lui-même. Dire, par exemple, que tel concile œcuménique est légitime, que tel pape a été régulièrement élu, que Léon XIII, Pie X, Benoît XV sont les légitimes successeurs de saint Pierre, que telle version de la Sainte-Écriture (v g. la Vulgate) est substantiellement conforme au texte original, que telle doctrine hérétique est contenue dans tel livre : voilà autant de faits dogmatiques. L’on comprend combien il importe que l’Église soit infaillible dans ses jugements sur de semblables faits, car, si elle ne l’était pas, si l’on pouvait contester la légitimité d’un concile ou d’un pape, de quel droit imposerait-on les dogmes définis par eux ? Sur quoi l’Église appuierait-elle ses définitions s’il était permis de mettre en doute l’authenticité des textes qu’elle invoque ? » (Abbé Boulenger, Manuel d’Apologétique (3e édition), Librairie catholique E. Vitte, 1923, p. 394 et 395.)
— Un Fait dogmatique est donc un fait connexe au dogme : si vous niez le fait, vous niez le dogme qui lui est lié : dans le cas présent l’indéfectibilité de l’Église, et la note d’Apostolicité. Il ne s’agit donc pas d’une « opinion de théologien » ou d’une « thèse »… D’ailleurs, autrement, comment aurait-on la certitude qu’un pape élu soit bien pape véritable ? Comment croire à un dogme défini par lui sans cette certitude préalable ? Qui aurait autorité pour définir la chose si « les règles et loi de l’Église » (Catéchisme de 1905, Q. 205) ne sont plus opérantes en la matière pour produire assurément des Pasteurs légitimes ? La visibilité formelle du pape ne serait plus…
--- 2°/ Concile Vatican II cloturé fin 1965 + Nouvelle Messe fin 1969 : faits ayant lieu plusieurs années après l’élection du pape Paul VI, en juin 1963, pourtant CERTAINEMENT PAPE comme on vient de le voir en 1°/. Si des critiques et des plaintes peuvent effectivement être formulées sur ces textes et ce rite, qui nous « paraissent » (c’est le terme utilisé par Mgr Grombier) mauvais, il est doctrinalement déjanté de les affubler du terme « hérétique », « invalide », « sacrilège »… puisque d’une part c’est l’Église légitime SEULE qui détermine la validité des sacrements, la SEULE à être aussi par constition divine la véritable « règle de la Foi » et que par ailleurs, nous savons de foi certaine, qu’elle ne peut défaillir à ce niveau… Je rappelle d’ailleurs que le nouveau rite des Sacres de 1968 prétenduement lui aussi taxé « d’invalidité » par les mêmes ! a été pourtant examiné et validé préalablement par le cardinal Ottaviani (connu pour son orthodoxie ferme et inébranlable), alors préfet du Saint-Office !... Prétendre, en tant que simples membres de l’Église enseignée, pouvoir juger de ces choses AVEC CERTITUDE est pure folie au regard de la Foi. L’abbé de Nantes, pourtant très virulent, l’écrit très clairement : « Les auteurs de cette nouvelle messe sont-ils donc ouvertement et formellement hérétiques?? Bien que nous les en ayons accusés pour les provoquer à sortir des brumes et ténèbres dont ils entourent leurs démarches, et bien qu’ils n’aient pas daigné nous répondre, la plus cruelle, la plus fantastique incertitude continue de régner sur ce point capital. Paul VI, bon premier, a professé dans son encyclique MYSTERIUM FIDEI de 1965 et dans son CREDO de 1968 toute la doctrine catholique. D’autre part, le fameux Article 7 a été modifié dans un sens orthodoxe, ce qui est tout de même considérable?! On pourrait multiplier les preuves, à tous les échelons, d’un maintien, au moins apparent, de la foi, coexistant avec la réforme des rites. (…) Nous tenons donc en suspicion légitime d’hérésie les inventeurs de ce nouveau missel, en premier lieu Celui qui est dans ces matières le législateur unique et souverain, le Pape Paul VI. Pourtant nous ajoutons?: adhuc sub judice lis est, la chose est encore en jugement, la cause n’est pas jugée. Nos doutes, nos critiques, nos accusations ne peuvent tenir lieu de sentence ecclésiastique ni divine. Ils le savent bien ceux qui sont tout à la fois les Novateurs que nous accusons et les Juges qui refusent d’examiner leur propre cause. Mais nous ne pouvons passer outre, n’étant ni leurs supérieurs ni leurs juges. Ils font profession de foi catholique, ils déclarent toujours célébrer la Messe, ils se considèrent comme fidèles du Christ et membres de l’Église. Ils sont d’ailleurs non seulement la majorité, notion démocratique ici sans valeur, mais la totalité de la hiérarchie, c’est-à-dire la part essentielle de l’Église [représentant l’Église universelle], tandis que nous, les opposants, n’en sommes même pas une fraction, chose absolument unique dans toute l’histoire de l’Église?! Ils n’ont pas quitté l’Église?: ils ne se sont pas déclarés schismatiques. Ils n’en ont pas été chassés?: par qui le seraient-ils?? Ils sont à eux seuls toute l’Église, pape et évêques?! Nous les accusons, mais nous ne sommes rien puisque pas un seul Évêque [résidentiel : ayant juridiction ordinaire ; Mgr Lefebvre a démissionné en 1968] au monde n’a donné force hiérarchique et corps ecclésial à notre rupture de confiance en les excluant de sa communion?! Ainsi l’affaire est en suspens. » (Extrait de la CRC n° 82, juillet 1974, p. 9-16.)
Citons aussi Léon XIII : « Mais, de même que la doctrine céleste n’a jamais été abandonnée au caprice ou au jugement individuel des hommes, mais qu’elle a été d’abord enseignée par Jésus, puis conférée exclusivement au Magistère dont il a été question, de même ce n’est point au premier venu parmi le peuple chrétien, mais à certains hommes choisis [pape légitime & évêques en communion avec lui], qu’a été donnée par Dieu la faculté d’accomplir et d’administrer les divins mystères et aussi le pouvoir de commander et de gouverner. » (Léon XIII, Satis Cognitum)
Donc, prétendre par ses analyses personnelles, démontrer que le dit pape, certainement pape (cf. 1°), a produit un rite « invalide, hérétique, sacrilège, » c’est partir d’un constat établi sans aucune autorité ni mission et rendre des jugements illégitimes qui n’appartiennent qu’à l’Église infaillible, et qui donc ne prouvent rien. Partir de tels pseudos « constats » faits sans aucune autorité et qui plus est démontrant indirectement que l’Église légitime a fait, elle, entièrement défection !, c’est marcher la tête à l’envers et prendre des vessies pour des lanternes, et être suspect d’hérésie et de schisme. C’est le propre de tous les hérétiques et les schismatiques de partir de leurs propres analyses, jugées vraies et certaines, pour rompre avec l’Église véritable, prétextant qu’elle a fait défection ! Comme le souligne le cardinal Pie aux membres de la Petite-Église… Et Pie IX dans « Etsi multa luctuosa » (1873) : « ils rejettent avec opiniâtreté et attaquent le magistère infaillible et du Pontife romain et de toute l’Église enseignante, et, donnant un démenti au Saint-Esprit dont le Christ avait promis à l’Église l’assistance éternelle, par une audace incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans l’unité de foi et de communion, sont tombés dans l’hérésie en acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et en les professant. C’est pourquoi ils nient aussi l’indéfectibilité de l’Eglise, disant avec blasphème qu’elle a péri dans l’univers entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont fait défection. »
Personne ne peut prétendre juger la hiérarchie légitime, ce qu’elle était assurément à la mort de PIE XII et ce qu’elle était toujours lorsqu’elle s’est réunie en concile universel à Vatican II (canons 1557-1558, 430 §1, 2227). Vous comprendre ?
Bref, on ne démontre pas que le pape n’est pas pape d’une part en piétinant le fait dogmatique exposé en 1°, et en partant d’analyses personnelles faites sans aucune autorité, qui, de ce fait, ne démontrent rien avec certitude ! Sinon, c’est la route grande ouverte au schisme et à l’hérésie ! https://www.fichier-pdf.fr/2022/11/26/conclavisme-est-un-schisme-et-une-heresie-a5/
L’hérésie même publique ne fait pas perdre IPSO FACTO un office ecclesiastique, comme le démontre clairement le canon 1347 §3 (CIC 1917. Si hæreses : pluriel !) qui renvoie dans un tel cas à une procédure pénale avec monitions (c. 2314)… Se référer au décret de Gratien alors qu’il n’a plus cours depuis belle lurette, n’est pas sérieux. Étudiez donc le cas du cardinal MORONE, objet de la fameuse bulle de Paul IV : « L’hérétique qui sauva l’Église » (Einaudi 2019) ! C’est ce prétendu « hérétique » qui présida ensuite le concile de Trente, comme légat du pape !!
De toutes manières, le sedevacantisme aujourd’hui, avec le temps qui a passé, ne tient plus, car il détruit complètement la note d’Apostolicité ! Même Mgr Sanborn le souligne parlant de « problème théologique CRIANT » et que « cette question est de suprême importance ! » (12/2021)… Citons le catéchisme de saint Pie X justement, et dans son édition condensée de 1912, méticuleusement étudiée par le pape lui-même, et « obligatoire » pour le diocèse de Rome, et concernant justement la note ESSENTIELLE d’Apostolicité, voici ce qui est enseigné à la Question 111 (ça fait partie du Catéchisme ÉLÉMENTAIRE) :
« 111. Pourquoi dites-vous que l’Église est apostolique ? — L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les Apôtres et sur leur prédication, et gouvernée par leurs successeurs, les Pasteurs légitimes qui, SANS INTERRUPTION et sans altération, continuent de transmettre et la doctrine et le pouvoir.
*112. Quels sont les Pasteurs légitimes de l’Église ? — Les Pasteurs légitimes de l’Église sont le Pape ou Souverain Pontife, et les Évêques en union avec lui. »
C’est clair, net et précis : les « Pasteurs légitimes » doivent demeurer « en tout temps » (c’est dit textuellement dans Mortalium animos : “hodie et in omne tempus”) et ce SANS INTERRUPTION (sin interrupción). Question donc élémentaire à laquelle doivent répondre tous les sedevacantistes :
Comment justifiez-vous aujourd'hui de la note essentielle d'APOSTOLICITÉ qui consiste dans la succession ININTERROMPUE de Pasteurs légitimes vivants (ayant donc juridiction ordinaire), et ce "EN TOUT TEMPS" (théologie dogmatique) ?! Il est théologiquement impossible que la hiérarchie de juridiction légitime s’interrompe totalement !
Tous les sedevacantistes ont donc l’obligation aujourd’hui de répondre à cette question cruciale : QUI/où est la vraie hiérarchie légitime ayant juridiction ordinaire, encore en vie sur cette terre (le nombre importe peu mais elle doit exister) ? À défaut de réponse, leur position s’écroule. « Impossible que l’Église soit laissée sans pape et sans le pouvoir d’élire le pape » selon la formule du cardinal Cajetan (pouvoir qui ne réside que dans la hiérarchie de juridiction légitime, la seule d’ailleurs à avoir un pouvoir législatif et c’est « de Foi »).
Simple mais important rappel : « la hiérarchie appartient à la constitution ESSENTIELLE de l’Église, en tant que le Christ l’a ainsi instituée et fondée. » (Théologie dogmatique du R. P. Perrone : Tome V, 1877, p. 307.) La hiérarchie légitime (établie par un vrai pape, ayant donc juridiction ordinaire) ne peut donc pas cesser d’exister un seul instant, à défaut de quoi l’Église ne serait plus telle que le Christ l’a divinement instituée. Et une nouvelle hiérarchie ne peut pas nous tomber du Ciel, de manière charismatique, car ce serait alors une nouvelle Église ! C’est donc une voie SANS ISSUE et donc forcément FAUSSE…
« Il [le Christ] voulut qu’il y eut en son Église des Pasteurs et des Docteurs jusqu’à la consommation des siècles » (Pastor Æternus 1870 : ita in Ecclesia sua Pastores et Doctores usque ad consummationem sæculi, esse voluit. ). C’est une certitude de FOI, puisqu’en leur absence, l’Église serait interrompue, invisible, donc morte.