Sœur Catherine Labouré .
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.----. Nuit du 19 juillet 1830, Paris, 140 rue du Bac, au séminaire des Filles de la Charité. Juste avant minuit, une novice, sœur Catherine Labouré, est réveillée par un enfant qui parle « comme l’homme le plus fort », en qui elle reconnaît son ange gardien. Il lui annonce que la Sainte Vierge l’attend à la chapelle. C’est la réalisation du grand désir de la jeune fille : voir enfin Notre-Dame qu’elle prit pour mère quinze ans plus tôt, lors du décès de sa maman.
Trois fois, entre juillet et décembre 1830, Catherine verra Notre-Dame et recevra d’Elle une mission : faire frapper une médaille portant l’inscription : « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous », inciter les foules à se rendre « au pied de cet autel » pour y demander des grâces.
Très mal reçue par son directeur de conscience, le lazariste Aladel, sœur Catherine n’en démord pas. Très vite, les événements qu’elle annonçait et que l’on jugeait saugrenus adviennent. Force est de prêter foi à ses propos. Craignant de contrister la Sainte Vierge, le prêtre, avec l’appui de ses supérieurs et de l’archevêque de Paris, Mgr de Quelen, fait, en 1832, réaliser la médaille. Le choléra désole Paris. Presque aussitôt, les miracles les plus impossibles se multiplient, accréditant la réalité des visions.
Cet album (Arnaud Delalande et Salvo, La médaille miraculeuse, les apparitions de la rue du Bac, Plein Vent, 48 p.) n’est pas une vie de sainte Catherine Labouré mais une histoire de la médaille miraculeuse et la voyante, une fois passées les apparitions, est laissée de côté au profit des propagateurs de cette nouvelle dévotion, et des figures de ses grands dévots, tels Alphonse Ratisbonne et Maximilien Kolbe. Ce choix a le mérite de l’originalité et Arnaud Delalande a travaillé son scénario, fidèle aux faits.
Salvo a du talent. Cependant, son dessin réaliste peut choquer les plus jeunes, quand il montre sans fard la vieillesse, la maladie, les blessures, la violence, la guerre, l’agonie. Représenter l’ange gardien de Catherine les cheveux en pétard et le nez retroussé tranche sur les codes habituels. Il n’est pas certain que la jeune novice se serait fiée à un visiteur céleste se présentant ainsi. Enfin, et c’est curieux, eu égard au sérieux de la reconstitution historique, pourquoi revêtir les Filles de la Charité portant de nos jours la fameuse cornette quittée lors des réformes conciliaires ?
[ Rédigé par Anne Bernet le 30 avril 2021 dans Culture pour L'Homme Nouveau " ]