En 1909, Benito Mussolini, alors âgé de vingt-six ans, travaillait en Autriche, à Trente, comme secrétaire du Syndicat Socialiste du Travail. Il complétait ce salaire en donnant des leçons de français. Son travail de secrétaire consistait à être l'assistant de Cesare Battisti (sic) dans l'édition d'Il Popolo, l'organe de la branche patriote des socialistes italiens locaux, ainsi qu'à son supplément, La Vita Trentina. Il assurait dans ce dernier le feuilleton littéraire hebdomadaire. Il faut s'imaginer Benito Mussolini écrire au galop, le soir, à la bougie, après une courtelinesque journée de paperasse. Il y écrivit ainsi le présent roman, traduit pour la première fois en français.
Il nous y narre les aventures d'un drôle de couple, celui formé par un cardinal régnant sur le Trentin et de sa maîtresse tardive, une belle courtisane nommée Claudia. Las, les hommes en noir du Vatican et leurs sbires locaux ne l'entendent pas de cette oreille et vont tout faire pour faire chuter le pêcheur et sa scandaleuse moitié.
Nourri de Dumas, Gaboriau ou Walter Scott, Mussolini imite plutôt ici Eugène Sue. On y verra aussi un document intéressant, témoignant dans son style d'une certaine violence, expression d'un tempérament hors du commun. De plus, on retrouve là, comme dans toute oeuvre de fiction, de nombreux éléments autobiographiques : le décor de la ville de Trente, une révolution avortée, le sentiment que Trente est colonisée par les Autrichiens et qu'elle appartient à l'Italie.
Mussolini aurait-il pu embrasser cette vocation littéraire ? Au lecteur de se faire sa propre opinion, l'Histoire ayant tranché en lui offrant un CDD de dictateur, bientôt transformé en CDI pour le plus grand bonheur du peuple italien.