Après quelques jours de durs combats livrés par les légionnaires de la LVF sur le front de Moscou à la fin de l'année 1941, suivis d'un long et pénible périple, qui leur a fait affronter un froid descendu à - 52°, les unités ont été totalement réorganisées. Par suite de la démobilisation impitoyable des moins aptes à affronter les terribles conditions climatiques de la Russie et du renvoi en France de ceux qui ne renoncent pas officiellement à "faire de la politique", la Légion, c'est-à-dire le 638è régiment d'infanterie français de l'armée allemande, est réduite à deux bataillons autonomes, le 1er et le IIIè.
L'un après l'autre, ils vont rejoindre les arrières du groupe d'armées du Centre, en Russie centrale et en Biélorussie, pour se battre non plus face à l'armée rouge, mais contre les partisans soviétiques tapis dans les marais et les forêts inaccessibles, et dont les attaques contre les voies de communication se multiplient à l'automne. Dans ce combat, les légionnaires font montre d'indéniables qualités militaires, surprennent les Allemands par leur courage tout autant que par leur indiscipline.
En France, le gouvernement Laval envisage de les intégrer dans une nouvelle formation élargie, à laquelle il apporterait cette fois son appui officiel : la Légion tricolore, n'ayant pas dépassé le stade théorique, ne survivra pas à l'année 1942.
Loin l'un de l'autre, les deux bataillons de la LVF, chacun à sa manière, parfois fantaisiste et frondeuse, vont mener une guerre aussi ingrate qu'inexpiable, faite d'opérations d'encerclement et d'embuscades meurtrières, contre d'insaisissables ennemis.
Ramenée par la volonté du haut-commandement allemand à un effectif symbolique, réduite à représenter les partis collaborationnistes français tout en étant officiellement dépolitisée, échappant encore à tout contrôle gouvernemental, la LVF est vraiment, en 1942, une "Légion perdue".
Voici cette histoire, largement méconnue jusqu'ici.