La jeune fille et la personnalité suivi de La jeune fille et la mode

« La personnalité ! Qui ne veut ou ne croit en avoir !

Quelque chose de très beau si c’est vrai. En fait, l’une des grandes causes des déviations morales que l’on a constatées partout parce que la notion en a été faussée.

Jamais on n’a autant usé du mot ; jamais, non plus, on ne l’a autant détourné de son sens. Les personnalités de tous genres fourmillent sur la scène mondiale ; et, cependant, il n’y a guère de personnalité tout court, en nos sociétés encombrées et désaxées.

La jeune fille se trompe donc qui place la personnalité à se faire une tête de poupée, à se donner des allures de garçon, à s’afficher dégagée des traditions et des opinions courantes, à vivre sans frein et à sa guise. Elle passe juste à côté du but qu’elle poursuit, car ce n’est pas une singularité qui lui donne l’intelligence et plus encore la volonté, les deux grands facteurs de toute véritable personnalité. »

« L’une des grandes causes du malaise moderne et de l’amoindrissement de la délicatesse féminine se trouve dans les modes actuelles. Elles contribuent pour une part à désaxer la société, à l’effriter moralement, à diminuer le bon goût, si bien qu’il y a, tant au point de vue pratique qu’au point de vue moral et social, une question de la mode en général et des modes actuelles en particulier. Non que la mode en elle-même ne doive exister ; elle est chose charmante et même nécessaire. Mais elle a des façons de s’exprimer qui parfois le sont moins et peuvent être nuisibles aux âmes.

Et comme elle s’impose et entraîne toutes les femmes à grande allure dans son sillage, elle a, lorsqu’elle dévie et tout en se jouant, de graves répercussions dont les éducatrices d’aujourd’hui ont à défendre les jeunes filles. C’est pourquoi j’ai pensé reprendre en cette causerie ce que j’ai effleuré parfois : la recherche de ce qu’est la mode, de ce que l’on doit en laisser, de ce qu’il convient de lui prendre, afin de concilier ce qu’elle demande avec le bon goût, les convenances et l’esprit chrétien. Il y a là, semble-t-il, des principes et des lois que l’on peut fort bien dégager et qui éclairent singulièrement la participation d’une femme chrétienne, non seulement à la mode en général, mais encore aux modes actuelles. »