Ayn Rand, un beau raté idéologique pour l'édition française !
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.----. Best-seller aux Etats-Unis, censuré en France - Vendu à 10 millions d'exemplaires en anglais, La Grève, roman d'Ayn Rand (1905-1982), a été traduit et proposé en vain, par un philanthrope américain à plusieurs grandes maisons qui l'ont toutes refusé. Et ce n'est pas seulement par manque de flair.
L'histoire de la version française de Atlas Shrugged (La Grève) commence dans les années 2000. Francophile et francophone, l'homme d'affaires américain Andrew Lessman se désole de voir que l'œuvre qui a changé sa vie est quasiment inconnue dans l'Hexagone. Une traduction est bien parue en 1958 aux éditions Jeheber de Genève, sous le titre La Révolte d'Atlas, mais elle est vite devenue introuvable. Le roman d'Ayn Rand n'est pourtant pas élitiste. Depuis sa parution aux États-Unis en 1957, il se vend chaque année à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, le tirage total frôlant les 10 millions en 2021. Andrew Lessman s'empare donc du sujet. Avec l'accord du Ayn Rand Institute, propriétaire des droits, il fait traduire Atlas Shrugged à ses frais, puis approche de grands éditeurs en leur offrant un livre clefs en main. Il va découvrir à cette occasion que la langue de Molière est aussi celle de Georges Marchais et d'Alain Badiou.
Le philanthrope et sa traductrice, Sophie Bastide-Foltz, constatent que les maisons d'édition ne se bousculent pas pour accepter le cadeau. Antoine Bello, rare écrivain-entrepreneur (il a publié plus de dix romans et cofondé la société Ubiqus, 80 millions d'euros de chiffre d'affaires), les met en contact avec Antoine Gallimard qui se dit intéressé. « Nous étions tout près d'aboutir, se souvient Sophie Bastide-Foltz. Mais Gallimard a renoncé au dernier moment. »
Atlas Shrugged (littéralement « Atlas haussa les épaules ») paraît finalement aux éditions des Belles Lettres en septembre 2011, sous le titre La Grève. Au mieux, les critiques ignorent le livre. Au pire, ils le descendent, parlant de « pasionaria du dollar » (Nouvel Obs), d'une « écrivaine odieuse »(Télérama) et d'un « roman pourri » (Libération).
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[ Début d'un article signé Erwan Seznec le 26 novembre 2021 - https://www.causeur.fr/ ]