Une identité multiple et atypique
5/5 La Nouvelle Revue d'Histoire
Spécialiste des monarchies européennes, Patrick Weber relève un joli défi en proposant une nouvelle histoire de la Belgique, l'unique pays au monde né d'un opéra (ayant dégénéré en émeute), dont la survie est mise en doute... depuis 1830. Au fil des pages transparaît pourtant une identité multiple et atypique, propre à ces Pays-Bas méridionaux, dits belgiques, issus de l'ancien duché de Lotharingie et des XVII Provinces des ducs de Bourgogne. Ce qui caractérise ce pays "frondeur et modeste", plus vieux que l'Allemagne et l'Italie, et qui porte l'un des noms de peuples les plus anciens d'Europe ? un attachement atavique aux particularismes et aux privilèges locaux, parfois jusqu'à l'absurde ; une lutte permanente, le plus souvent larvée, contre tout centralisme excessif et contre l'absolutisme de maîtres étrangers qui entendent régenter ce pays sans le comprendre ; une façon de cumuler des identités en apparence inconciliables, et ce depuis l'époque romaine, puisque César, le premier, témoigne, dans la Guerre des Gaules, de la difficulté à définir des peuplades jalouses de leur indépendance et qui se distinguent à la fois des Germains et des Gaulois.
Malheureusement dénué de cartes et d'index, l'ouvrage stimule la réflexion à propos d'un royaume où cohabitent des populations ne parlant pas la même langue, mais qui ne peuvent se réduire à cette dernière, une Belgique en proie - comme toute l'Europe, dont elle incarne un condensé d'histoire - à des forces antagonistes gérées avec un sens aigu du pragmatisme.
<p align="right">Christopher Gérard La Nouvelle Revue d'Histoire N° 67 Juillet-Août 2013<a href= http://www.la-nrh.fr/ target=_blank>www.la-nrh.fr</a>