"Réverbérer cette parole qui donne vie."
5/5 Francis Richard
.----. Depuis des mois, je ne rencontrais que gêne et sourires goguenards. Toi croyant ? La bonne blague. On connaît l'animal. Beaucoup de mes amis pensaient que j'en rajoutais. Que j'enjolivais. Travers d'écrivain. Je vivais les choses dans le seul but qu'elles soient dignes d'être racontées.
Pourtant ce n'était pas une blague, même si parler de Dieu aujourd'hui est tabou, incongru, voire inconvenant.
Thibault de Montaigu a rencontré Dieu dans ce haut lieu de spiritualité qu'est l'Abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, dans le Vaucluse, seule abbaye bénédictine édifiée au XXe siècle, par Dom Gérard.
Il n'est pas venu là pour rencontrer Dieu. Il est venu là en quête de traces d'un fugitif célèbre, Xavier Dupont de Ligonnès, qui, jeune célibataire, avait coutume d'y faire des retraites spirituelles.
Alors qu'il est sur le point de repartir bredouille, il se rend à la chapelle des moines, où, au fond, un grand Christ drapé de pourpre est suspendu par des cordes.
Les moines bénédictins font leur entrée. Ils répondent en latin aux lectures faites par l'un d'entre eux, puis entonnent des hymnes, avec des voix comme libérées de toute chair.
Thibault clôt les yeux et sent en lui un point, une minuscule fleur de lumière qui commence à grandir, qui s'épanouit au son des notes, qui se répand à travers sa poitrine et qui remplit tout l'espace :
Dieu était là, à l'intérieur de moi et derrière toute chose. Ici et nulle part à la fois, dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand.
Commence pour lui un chemin spirituel au cours duquel, malgré qu'il en ait, il apprend qu'il existe des vérités qui se situent au-delà de la raison.
Le livre qu'il projette d'écrire sur Ligonnès peut attendre. Un autre, qui lui demandera quatre ans de travail, naît sous sa plume. Il n'est pas sans rapport avec le mystère de l'incarnation qu'il a éprouvé au Barroux.
En effet, La grâce est dédié et consacré à son oncle Christian de Montaigu, devenu moine franciscain à l'imitation du Poverello d'Assise, dont l'itinéraire sur terre lui est comparable.
Christian a rencontré Dieu, au même âge que Thibault, sur une route d'Espagne, après s'être arrêté entre Madrid et Saragosse. Il s'est senti appelé par Dieu, a tout plaqué et est entré dans les ordres.
Dans ce livre où lui-même est touché par la grâce, Thibault reconstitue donc l'existence de son oncle au prix d'une longue enquête sur lui, menée après sa mort, étant passé à côté de Christian de son vivant, à cause de préjugés minables.
Le livre sur Ligonnès, un de ses amis l'écrira à sa place. Celui sur Christian aura été salvateur pour Thibault. Que faire de la révélation qu'il a éprouvée du Barroux? Il répond :
L'écrire, en témoigner, réverbérer cette parole qui donne vie.
Comme Dieu lui a donné d'aimer les mots, c'est par les mots qu'il a essayé de lui donner chair, avec ce livre sur son oncle.
À la fin de celui-ci, il se souvient d'une phrase de Julien Green où il dit que la grâce est comme un accord parfait au piano, et le péché cette distraction qui soudain nous fait sonner faux.
[ Publié par Le blog de Francis Richard "Semper longius in officium et ardorem" ]
PS : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.