D'octobre 1793 à janvier 1794, pendant la terrible guerre fratricide de Vendée, Jean-Baptiste Carrier, représentant en mission de la Convention nationale et délégué du Comité de Salut public, alors dominé par Robespierre, a mis la ville de Nantes en coupe réglée mais, surtout, avec l'aide d'une phalange d'assassins, a commis les exactions et les massacres de masse qui restent parmi les plus atroces de la Révolution française. Par milliers, des hommes, des femmes, des enfants, faits prisonniers par les armées républicaines, ont été victimes de mauvais traitements, enfermés dans des mouroirs et livrés au typhus et à la peste, entassés dans des gabares et noyés dans la Loire, fusillés devant des fosses, guillotinés à la chaîne, sans jugement ou à la faveur de simagrées judiciaires. Les noyades collectives de centaine de malheureux, de nuit, restent attachées à la réputation de ce personnage. La Gourmette, sensible roman sur l'amour filial et les êtres qui conservent leur humanité malgré les souffrances endurées, est directement inspiré de ces faits authentiques et, en dehors des inévitables éléments de fiction, a été tissé avec les fils de la réalité historique, aussi horrible soit-elle. La sanglante terreur mise en œuvre par le proconsul Carrier, si elle est désormais bien connue, est toujours un sujet d'étude et de débat chez les historiens, en relation avec le caractère génocidaire qui s'attacherait ou non à la guerre de Vendée. À sa façon, l'auteur, en considérant l'époque et les faits de plusieurs points de vue et en se situant à des moments différents de notre Histoire, contribue de manière argumentée et précise à ce travail d'analyse, tout en bâtissant un roman captivant.
Gildard Guillaume est avocat honoraire, écrivain et administrateur de l'Institut Napoléon. Il est l'auteur de plusieurs romans et essais historiques concernant la période 1780-1880 et plus particulièrement la Révolution, le Consulat et le Premier Empire.