Membre de la Ligue française anti-maçonnique
5/5 Via Recta - Le Bourricot.
.----. Maurice Talmeyr… Marie-Justin-Maurice Coste, c’est son nom pour l’état civil, est né à Châlons-sur-Saône le 17 mars 1850. Il fait des études classiques à Paris chez les jésuites, à l’école de l’Immaculée-Conception de la rue de Vaugirard, puis s’inscrit à la Faculté de Droit. Il débute dans la presse parisienne comme rédacteur au Peuple et collabore ensuite à de nombreux quotidiens — La Tribune, La France, Le Rappel, L’Intransigeant, Le Télégraphe, Le National, Gil Blas, Le Figaro, Le Gaulois, Le Matin, La Croix — ainsi qu’à plusieurs revues — La Revue illustrée, La Revue hebdomadaire, La Revue des Deux Mondes, la Revue de Paris.
Il excelle dans l’écriture de chroniques littéraires, artistiques et politiques. Il apprécie aussi, et fait apprécier à ses lecteurs, le registre voyeuriste, limite presse à scandale, où il raconte des affaires de police, de meurtres et de mœurs. Tous plus sordides les uns que les autres. Extrait : « Chaque recueil soulève des colères d’un bout à l’autre de la vieille ville jouisseuse, et remue à pleines pelletées l'épaisse et gluante boue où nous nous vautrons, où s’enlisera à la fin cette société malade qui n’a plus de forces et de rêves. Il sent la décadence… » Et Talmeyr d’évoquer ce « carnaval qui dégringole par les avenues et les boulevards, qui farandole de maison en maison jusque dans les turnes diffamées des meurt-la-faim ». Car c’est dans le registre « enquête sur les bas-fonds » que l’écrivain se singularise. Il n’atteindra certes jamais la notoriété de Joseph Kessel, d’Albert Londres, de Francis Carco ou de Pierre Mac Orlan. Mais il eut droit à quelques compliments, si l’on peut dire, tels ceux du redoutable Jules Renard qui notait en 1891 les vertus d’un « esprit fin, méchant, comme les gens qui ont un mauvais estomac ».
En fait de vrai compliment, retenons celui de Léon Daudet qui voyait en Talmeyr un « moraliste aigu » en référence notamment à son reportage sur les Possédés de la morphine. La morphine était en ces curieuses années décadentes, à la mode. Éric Dussert (Une forêt cachée, La table ronde), raconte que, culture coloniale oblige, des mères de la bourgeoisie menaient leurs filles dans des fumeries, fût-ce en métropole. Voici ce que dit Talmeyr de cet esclavage : « La morphine, aujourd’hui, est un fléau. Elle est le Nouvel Opium, plus diabolique que l’autre, et elle a ses ivrognes et ses alcooliques, ses monstres et ses possédés. »
Les titres de ses livres (Les Possédés de la morphine, La Cité du sang, enquête sur les abattoirs, Les Gens pourris) traduisent une appétence certaine pour le naturalisme. Lui qui avait fréquenté au début de sa carrière le salon de Victor Hugo et qui fut parfaitement républicain, qui fut boulangiste de gauche et proche de Henri Rochefort, se rallia peu à peu à l’Action française. Lors de l’affaire Dreyfus, il se prononça contre la révision du procès.
Membre de la Ligue française anti-maçonnique, il donna à Paris et à Bruxelles des conférences où il s’efforça de démontrer que la Révolution française n’avait pas eu pour origine un mouvement populaire, mais une conspiration maçonnique, et que la franc-maçonnerie était elle-même issue de l’ancien ordre des Templiers dont elle demeure l’un des derniers vestiges. Il préfaça en 1896 l’Album de Forain, le plus antisémite des dessinateurs de presse de cette époque. Il meurt à Saint-Saud (Dordogne) le 4 octobre 1931. [ Robert SPIELER dans " Rivarol " n° 3151 du 24 juillet 2014 cité par le blog " via recta le bourricot " ]