Il ne se trouve guère de périodes heureuses entre la fin du Moyen Age et le Grand Siècle : guerre étrangère ou guerre civile - qui souvent se conjuguent -, calamités météorologiques, famines, épidémies sont d'une terrible banalité aux Temps modernes. La France des années 1490-1560 n'en paraît que plus lumineuse au sortir d'un XVe siècle qui a connu à peu près tous les fléaux imaginables avant d'entrer dans la nuit des guerres de Religion avec leur cortège de massacres et de destructions. Sous les rois Valois Louis XII, François Ier et Henri II, plusieurs générations de Français ont connu sinon la paix un certain calme, sinon la prospérité une moindre crainte du lendemain, sinon la croyance au progrès une forme d'optimisme. De façon plus prononcée que dans le reste de l'Europe, la réorganisation de l'Etat, de l'armée et de la fiscalité, la stabilité politique, la quasi-absence de conflits sur le sol du royaume, la reprise démographique et jusqu'à la clémence du climat favorisent une amélioration du niveau de vie général. Tout indique d'ailleurs que les contemporains - et pas seulement les privilégiés, les lettrés, voire les chanceux - ont eu le sentiment de vivre un âge nouveau.
La Renaissance en France, c'est bien entendu l'école de Fontainebleau et Ronsard, les Budé et Ambroise Paré, mais c'est aussi une indéniable joie de vivre et, partant, un regard différent posé sur le monde.
Professeur émérite à l'université de Paris-VIII, Bernard Quilliet est l'auteur de nombreux ouvrages historiques, notamment, chez Fayard, de Louis XII (1986), et Guillaume le Taciturne (1994).