"Ce que j'ai fait de mieux dans ma vie, c'est de quitter l'URSS", déclare aujourd'hui celle qui se fait appeler Lana Peters. Née en 1926, cette retraitée vit modestement dans une pension du Wisconsin, aux Etats-Unis. Mais qui sait que cette femme se nomme en réalité Svetlana Alliluyeva Stalina et qu'elle est la fille de l'homme qui régna sur l'Empire soviétique pendant plus de trente ans ?
La vie de Svetlana sort de l'ordinaire. D'abord choyée par le débonnaire "Petit Père des peuples", l'enfant ne manque pas, à mesure qu'elle s'émancipe, de déchaîner la paranoïa meurtrière d'un despote qui est aussi un tyran domestique. En 1932, sa mère est retrouvée suicidée. Sa vocation littéraire est étouffée dans l'œuf. Puis, Staline met une fin brutale à son idylle avec le cinéaste juif Alexei Kepler, qu'il expédie au goulag. En 1967, Svetlana renonce à son nom, à ses privilèges et décide d'abandonner son pays, sa famille et jusqu'à ses propres enfants.
Dans ce livre, Svetlana Alliluyeva revient sur son passage controversé à l'Ouest, au terme d'une errance qui l'aura conduite jusqu'en Inde. Elle évoque ses liens avec Kossyguine, Beria, Mikoyan, Khrouchtchev - qui lui soumit le texte de sa déclaration historique au XXe Congrès de 1956 -, mais aussi Gorbatchev.
Au terme de cinq années d'enquête, Martha Schad a retrouvé Svetlana et recueilli le témoignage d'une spectatrice privilégiée des convulsions du XXe siècle. Au croisement de l'histoire intime et de la "grande Histoire", elle peint le portrait d'une femme éprise de spiritualité, de poésie et de liberté, mais que l'ombre de son père n'aura jamais cessé de précéder.
Née en 1939 à Munich, Martha Schad, diplômée d'Histoire et d'Histoire de l'art de l'université d'Augsbourg, est l'auteur de nombreux essais historiques, portant notamment sur Louis II de Bavière, l'impératrice Elisabeth et ses filles ou encore les espionnes d'Hitler.