Abolit un des stupides préjugés...
5/5 Plaisir de Lire .
.----. La vision scolaire de la femme au Moyen-Age nous présente toujours une femme asservie, écartée de la vie sociale, politique ou culturelle, une femme tout juste bonne à faire des enfants . Le livre de Régine Pernoud rétablit la vérité à ce sujet avec l'enthousiasme et la compétence qu'on lui connaît .
A une époque où la femme, sans s'en rendre compte, n'est plus qu'un objet de production économique, à une époque où elle a renié sa raison d'être qui est d'être une mère, à une époque où, contrairement à ce qu'elle pense, son " émancipation " la conduit au déséquilibre personnel, Régine Pernoud nous montre une femme qui a su préserver sa dignité et sa grandeur parce que précisément, au Moyen-Age, la famille n'était pas un vain mot et que la femme en était le pilier . Peut-on imaginer femmes plus épanouies qu'Aliénor d'Aquitaine ou Blanche de Castille Sans elles la civilisation de l'Occident n'aurait jamais été celle qu'il a connue aux XIIème et XIIIème siècles de son histoire : une période de prospérité religieuse, politique, sociale, artistique telle que plus jamais on n'en connut depuis . Le Moyen-Age fut le triomphe de la femme .
Que l'on songe aux abbesses de Fontevrault, ces femmes extraordinaires qui dirigeaient à la fois un monastère de moines et un autre de moniales ; et la première avait 22 ans ! Imaginerait-on pareille audace dans les siècles postérieurs ? Au Moyen-Age, cette initiative fut un succès combien magnifique et ne provoqua pas le moindre scandale dans l'Eglise .
Et les littératures romanesques ou autres, où trouvent-elles leur inspiration et leur diffusion sinon dans les milieux où la femme joue un rôle éminent : les cours de chevalerie .
Régine Pernoud passe en revue une multitude de détails concrets qui prouvent que la société du Moyen-Age est entièrement inspirée par la présence de la femme . Seulement, la femme du Moyen-Age avait conscience de jouer avant tout un rôle irremplaçable, celui de la mère ; c'est ainsi qu'elle est devenue mère de la civilisation, unie à l'oeuvre incessante de salut qui fut celle de l'Eglise .
Ce livre est remarquable et abolit une fois de plus avec courage et précision historique, un des stupides préjugés qui ne cessent pas de traîner dans les manuels scolaires .
POUR QUI CE LIVRE ? : 17 ans [ " Plaisir de Lire " , numéro 53 , Pâques 1981 ]