« " Je préfère donc brûler la Propriété à petit feu, plutôt que de lui donner une nouvelle force, en faisant une Saint-Barthélemy des propriétaires ". Cet extrait prophétique est tirée d'une lettre adressée par Proudhon à Marx dans son échange épistolaire du 17 mai 1846. En près de 170 ans, force est de constater que ce projet politique n'a pas pris une ride. Le parti socialiste est mort, vive le socialisme ! « Après la révolution de 1789, une nouvelle société construite sur les ruines de la précédente devait sortir de terre. Mais les premières désillusions ne tardèrent pas à se faire jour. Alors que nous rêvions béatement d'une société égalitaire, débarrassée d'un ordre politique hiérarchisé par la noblesse, la bourgeoisie et le tiers-états, nous héritions en remplacement d'une société économique inégalitaire, hiérarchisée non plus par les Ordres de l'Ancien Régime, mais par les nouvelles classes économiques et sociales naissantes. Une révolution de 1789 faite finalement au profit du commerce et de la bourgeoisie, mais au détriment des salariés et du prolétariat. La déconstruction de l'ancien monde entraîna également dans son tourbillon les privilèges et les corps intermédiaires qui permettaient pourtant aux hommes de constituer les membres d'une société organique où les biens communs intermédiaires garantissaient le niveau du bien commun de l'ensemble du pays. Se retrouvant désormais seul face à ce nouveau monde en mouvement qui se généralisait, l'homme, par instinct de survie, n'a eu d'autre choix que de se rassembler à nouveau pour se battre et défendre collectivement ses intérêts face aux puissances de l'argent. « La Face cachée du socialisme français est une enquête historique minutieuse. Elle retrace l'épopée de ces hommes du XIXe siècle qui contribuèrent par leurs actions à structurer la société politique telle que nous la connaissons aujourd'hui. Ce temps est aussi celui des grandes mutations industrielles qui modifièrent en profondeur le visage de la France, et nous sommes frappés par la violence des rapports entre les hommes, quand bien même appartenant à une même nation, lorsque l'Église et sa morale ne mettent plus d'huile dans les rouages. « À travers ces « monuments politiques » que sont notamment Comte, Guesdes, Marx, Proudhon, Briand ou encore Jaurès, l'auteur nous fait revivre le cheminement intellectuel d'un socialisme qui s'est d'abord construit en contrepoids d'un capitalisme sans limite, avant de trouver son identité idéologique. Par son approche scientifique des faits, l'auteur nous révèle le visage d'une histoire à nu, sans les filtres idéologiques et les partis pris de ceux qui habituellement nous la racontent. Au fil des pages, les mythes fondateurs volent en éclat, les positions défendues sur des thèmes comme ceux de la propriété, de la nation, de la femme, de la famille, du contrôle des naissances ou encore de l'euthanasie nous sidèrent. Témoignage d'une société encore patriarcale, nous y retrouvons également ce caractère viril qui fait défaut aujourd'hui et qui prédominait pourtant la politique pendant des siècles. « Jean-Pierre Deschodt propose ici une contre-histoire passionnante du socialisme. Ce travail d'universitaire se veut être une synthèse historique sans équivalent à ce jour, d'une bibliographie extrêmement abondante sur le sujet, le tout enrichi par des documents fondamentaux qui sont annexés à la fin de l'ouvrage. » Pierre-Emmanuel Lorrain, dans Lectures Françaises n° 744 (avril 2019)